Le garçon sous le saule

16: Une rencontre impromptue dans les cachots

Lorsque Remus ouvrit les yeux pour la seconde fois, il mit un temps considérable pour savoir où il se trouvait.

Sa chambre était calme et silencieuse, mais le garçon remarqua bien vite la présence de son père à ses côtés. Assis sur une chaise près de son lit, celui-ci était bien trop plongé dans la lecture de son livre pour remarquer le réveil de son fils.

Il avait l'air si paisible que l'enfant ne voulait pas le déranger. Il se contenta alors d'émerger petit à petit de son lourd sommeil afin de constater ce que la bête avait fait à son corps.

Sans surprise, la nuit n'avait pas été clémente avec lui.

Remus pouvait sentir malgré sa torpeur les centaines de lacérations qui s'ouvraient sur son ventre à chacune de ses respirations. Ses bras étaient cachés sous sa couverture, mais il devinait aisément les épais bandages qui lui serraient la peau. Sa tête quant à elle était comme coincée dans un étau pendant que les battements de son cœur pulsaient dans son crâne comme un tambour.

Son visage semblait lui aussi en compote. Le jeune sorcier arrivait à peine à bouger sa mâchoire. Son nez sifflait de façon dérangeante, et un de ses yeux arrivait à peine à rester ouvert tant il était enflé.

Remus ne voulait pas en rester là et leva une main tremblante jusqu'à sa tête afin de l'inspecter plus en détail.

« - Je n'y toucherais pas si j'étais toi, sortit Lyall, coupant le garçon dans son élan. Madame Pomfresh a eu beaucoup de mal à guérir toutes tes fractures. »

En disant ses mots, l'adulte n'avait pas relevé les yeux de sa lecture. L'enfant obéit immédiatement, laissant sa main retomber mollement sur la couverture.

« - Désolé..., réussit-il à articuler. Est... Est-ce que c'est grave... ?

- Tu es tiré d'affaire, lui sourit son père en abandonnant complètement son livre. Mais tu nous as fait une belle frayeur. Madame Pomfresh ne s'attendait pas du tout à te retrouver dans cet état lorsqu'elle est revenue te chercher. »

Voyant la culpabilité se lire dans ses yeux, le sorcier posa une main rassurante sur celle de son fils.

« - Je lui ai expliqué que tu n'aimais pas beaucoup les déménagements, l'assura-t-il avec un clin d'œil. Je lui ai aussi promis que tes prochaines nuits de pleine lune seraient beaucoup plus calmes, une fois que tu te serais habitué à ton nouveau territoire.

- Je vais faire de mon mieux, coassa Remus avec fatalisme. »

Une vague d'inquiétude s'empara de lui lorsqu'il baissa les yeux vers le bout de son lit. Depuis qu'il ne pouvait plus la sentir, sa jambe droite avait toujours été la cible préférée du loup. Le garçon craignait à chaque fois qu'il ne soit allé trop loin dans ses mutilations.

Son père suivit son regard et comprit immédiatement ce que son fils avait en tête.

« - Tu es toujours entier, mon grand, le rassura-t-il. À vrai dire, tu y as à peine touché l'autre nuit si tu veux tout savoir. »

Remus ravala difficilement sa salive et ferma les yeux de soulagement.

« - Ça fait combien de temps que je suis là... ? marmonna-t-il.

- Tu es alité depuis au moins trois jours, lui répondit Lyall. J'ai pris soin de récupérer les cours et les devoirs que tu avais ratés. Te connaissant, je suis sûr que tu vas les terminer en moins de deux.