7: Pleine lune

65 5 2
                                    


TW: deuil, violence

---

Lyall lui avait tout dit.

Maintenant Remus savait que plus personne ne passerait cette porte pour venir le chercher.

Il était tout seul.

Le jeune sorcier avait pourtant fait de son mieux pour le faire sortir de sa torpeur en lui faisant comprendre le contraire. Il avait même volontairement omit de lui dire ce qui était réellement arrivé à son père pour ne pas aggraver encore plus sa peine.

Mais rien n'y faisait. Un grand vide avait subitement envahie le cœur de l'enfant, l'isolant de tout ce qui l'entourait. Peu à peu, le loup-garou s'était replié sur lui-même, refusant de se nourrir ou de se laisser approcher par qui que ce soit.

C'était comme si son propre esprit s'était retrouvé esseulé sur une île déserte. Jusqu'à maintenant, la seule pensée qui lui permettait de survivre lorsqu'il était enfermé dans sa cage, c'était de s'imaginer qu'à chaque instant, ses parents viendraient à son secours pour le ramener à la maison avec eux.

Savoir maintenant qu'il n'avait plus de famille, ni de refuge, l'avait complètement ébranlé. Il se sentait comme un naufragé désespéré qui avait jeté en vain, une bouteille à lamer.

Une mer sans fin où personne ne le trouverait jamais.

Cela bouleversa grandement Lyall, qui impuissant voyait l'état de l'enfant se dégrader au fur et à mesure que les jours passaient. Tous les efforts qu'il avait fournis ces derniers temps avaient complètement été réduits à néant. Il ne pouvait qu'observer cette petite forme roulée en boule au bout de son lit que le désespoir avait peu à peu transformé en une sorte de coquille vide.

Le soir où il vit Remus ignorer pour la énième fois son repas alors que la pleine lune n'était plus que dans une semaine fut le moment de trop pour le jeune sorcier. Il voulait lui hurler dessus, le secouer de toutes ses forces pour qu'il se réveille enfin de ce cauchemar éveillé.

Mais à la place, l'auror s'approcha de l'enfant qui était allongé dos à lui et à tout ce qui l'entourait et d'un pas déterminé, se posta devant le visage de ce dernier.

Lejeune loup-garou ne le regardait même pas. Ses yeux étaient vides et fixaient, sans le voir, un point si lointain qu'on avait l'impression qu'un détraqueur avait aspiré son âme tout entière. La seule chose qui trahissait le fait qu'il était toujours vivant était sa respiration rauque et saccadée dû à l'approche sournoise de l'orbe céleste.

"- Remus, le supplia le sorcier. Regarde-moi, mon grand je t'en prie !"

Aucune réaction.

Ses paroles ne faisaient que ricocher contre le mur que le garçon s'était bâti. Mais c'était mal connaitre le jeune auror et sa détermination. Ce dernier comptait bien détruire cette muraille brique par brique s'il le fallait pour l'atteindre.

"- Je suis désolé pour tes parents Remus, continua-t-il. Ils ne méritaient pas ce qu'ils leur aient arrivés, mais ils se sont sacrifiés pour que tu survives, mon grand. Je t'en supplie, n'anéantis pas ce sacrifice. Ton père et ta mère n'auraient jamais voulu que tu gâches ta vie comme ça, pas après tout ce qu'ils ont fait pour toi."

Lyall ne voulait pas en arriver là, mais avec un peu de chance, culpabiliser Remus pourrait peut-être le faire revenir à la raison.

Pourtant, le garçon ne broncha pas un seul instant. Il se contentait de regarder le vide, insensible aux efforts du jeune sorcier pour le sortir de sa propre tête.

Le garçon sous le sauleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant