La Révolte des Dragons |1| : L'Eveil

1 :

« Tu ne t'ennuies pas j'espère ?

...Eh, après tout, ce n'est pas comme si tu pouvais me répondre.

...Tu pourrais me répondre. Ce serait plus amusant. Plus divertissant. A force de rester sans réponse, je vais finir par m'ennuyer. J'aime m'entendre parler, mais même moi j'ai mes limites.

...Non ? Même pas une petite opinion sur mon histoire favorite ? Toujours rien ? Décidément, tu es un public ingrat. Ou timide. Mais j'en doute te connaissant.

...Peut-être te demandes-tu ce que cette histoire a d'extraordinaire. Peut-être que non. Peut-être que tu ne m'écoutes même pas. Peut-être que tu ne peux pas m'entendre. Ce serait bien ma veine. Être réduit à une éternité avec quelqu'un comme toi. Ma chance a toujours eu un humour...particulier avec moi. Pas forcément ma tasse de thé. Non, vois-tu, je suis plutôt du genre à aimer le drame, la tragédie, la trahison, les complots, la manipulation... et le mystère. Mais ça, tu l'as déjà compris, n'est-ce pas ? Mais tu vois, toutes ces choses, là ? Je préfère quand elles arrivent aux autres.

Quand elles m'arrivent à moi, elles ont tendance à me contrarier.

Comme maintenant. Je suis contrarié. Mais tu t'en fiches, n'est-ce pas ? Oh, non, tu es très bien dans ton coin. Rien ne t'atteint. Tu ne te rends même pas compte du temps qui passe. Alors que moi... Moi...

...Que tu m'écoutes ou non n'a pas d'importance, je suppose. Tout ce qui compte, c'est que je me divertisse.

Divertisse, divertisse, divertisse. Oui. Je déteste l'ennui. Ça a tendance à...me rendre quelque peu...instable.

...J'aurais pu choisir de commencer mon histoire ailleurs, tu sais. Mais j'aime ce début car il est mystérieux. Je suis certes un collectionneur, mais j'aime m'improviser conteur, et j'ai toujours adoré voir les airs tantôt frustrés, tantôt curieux, de mes auditeurs. Enfin, tu me prives de ce plaisir.

Ah, franchement, je ne sais pas si je suis chanceux ou non d'être coincé avec toi.

...Pas une seule pensée sur ce début, vraiment ?Tu n'as pas trouvé que c'était un joli parallélisme à notre situation ?

... Rien ?

Mon dieu, je sens que les prochaines années vont être longues. »