|11| travaillons ensemble,

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Les veines du plafond en bois avait un côté hypnotique et apaisant. Une ligne, suivie d'autres, qui se courbaient parfois pour tourner autour d'une tâche ovale. Il était si facile de se perdre parmi elle, pour réémerger parfois des minutes après, l'esprit silencieux.

« Tu as des cernes. Et tu es pâle. Je suis sûre que tu ne manges pas assez. Idris, par les Six... Tu m'avais promis de te ménager ! »

Idris se redressa sur son siège avec un soupir, et son mouvement fit valser les ombres sur les murs en agitant les flammes des bougies. Dans le miroir devant lui, Siss l'observait avec sévérité.

Idris se frotta les yeux.

– Siss ...

– Oh, pas de ça avec moi ! Je suis à ça... » Elle rapprocha son index de son pouce, ses yeux d'or plein d'éclairs. « ...de te rejoindre pour faire en sorte que tu tiennes ta promesse ! A chaque fois, c'est la même chose ! Entre toi et Céleste, je ... »

Idris cacha un sourire. Siss était le soleil : ses cheveux de miel, ses yeux ambrés, sa peau dorée... Elle rayonnait. Et quand elle s'énervait... Siss était saisissante en temps normal, mais lorsqu'elle s'agitait de cette façon, aucun mot ne pouvait décrire sa beauté.

« ...trop demander ? Je ne pense pas, non ! Si on m'avait dit que t'aimer me –

– Tu me manques. »

Le flot de parole s'arrêta. Siss fronça les sourcils, les joues rouges.

« ...et comment suis-je censée être en colère, maintenant ? »

Idris éclata de rire et haussa les épaules.

« Idris Onyx Membriel ! siffla-t-elle en se levant, faisant grincer son siège. Tes mots doux ne marcheront pas sur moi !

– Je ne dis que la vérité. Je donnerai n'importe quoi pour t'avoir à mes côtés. Tout semble toujours plus simple quand tu es avec moi. »

Siss se dégonfla. Ils se regardèrent un instant. Elle, tassée sur elle même comme un cobra énervé, et lui, admiratif comme l'amoureux transi qu'il était.

« ...tu me manques aussi, finit-elle par cracher, les lèvres pincées. Et tu devrais prendre soin de toi, trésor.

– Ce que je fais ici est important. »

Il regretta aussitôt ces paroles. Il avait réveillé le dragon. Sa nature reptilienne était déjà soulignée par ses traits fins et anguleux, mais c'était quand elle lâchait les rênes que tout doute était levé. Ses cheveux dorés se hérissèrent en se parant de plumes et elle montra ses crocs, un sifflement de rage quittant ses lèvres.

« Pas plus important que toi ! Et ta guerre n'ira nulle part si tu n'es plus là pour la mener !

– Il nous faut un plan soli–

– Un plan, dit-il, un plan ! Ah ! », railla-t-elle.

Elle se pencha, son regard doré plein de malice, pour lâcher d'un long sifflement sibyllin :

– Un mot de ta part, mon trésor, et l'ombre de mes ailes régnera sur les ruines du palais impérial.

Si dramatique.

Et c'était ce qui l'avait charmé il y a des années de cela, sur cet îlot céleste au Paradis, alors qu'il avait été à deux doigts de se jeter dans le vide.

« Je ne veux pas régner sur des ruines, mon amour, rit-il en roulant les yeux.

– Mais il faut parfois détruire pour reconstruire sur de bonnes bases. »

La Révolte des Dragons |1| : L'EveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant