|12| Tu vois, pas si dur que ça, hum ?

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Drakaïs n'aurait jamais cru le dire un jour, mais elle regrettait les Enfants de Gaïa.

Malgré leur idéologie pacifique, les Enfants de Gaïa n'étaient pas complètement fermés à l'idée de se battre. Après tout, faire la paix revenait parfois à savoir combattre quand il le fallait. C'est pourquoi ils possédaient une arène, dédiée aux entraînements. Rarement utilisée, et ses occupants alors peu nombreux, l'arène était tapissée d'un sable blanc réchauffé par le soleil, et entourée de bancs creusés dans la roche. Ces derniers étaient souvent, si ce n'est quasiment toujours, vides.

Ce n'était pas le cas ce jour-là.

Drakaïs, donc, regrettait les Enfants de Gaïa.

Car les Enfants de Gaïa, lorsqu'elle les avait vu s'entraîner, le faisait sans parler.

Ce qui n'était pas le cas de tout le monde.

« Ben alors, Fer' ? Je t'ai connu plus en forme ! Pas assez dormi cette nuit ?

– Tu sais très bien que j'ai dormi autant que toi. »

Un coup. Un grognement douloureux.

« Pourtant, tu ne me vois pas batailler autant que toi.

– Qu'est-ce que tu veux, Drakayn... Tu es particulièrement fatiguant.

– C'est vrai... Essayer de m'égaler demande beaucoup d'énergie. »

Le crayon de Lya volait sur sa feuille pour capturer en quelques traits grossiers les postures de Drakayn et de Fergon. A peine en avait-elle fini une qu'elle en enchaînait une autre. A présent, Lya croquait Drakayn, qui essayait de faire trébucher Fergon. Ils étaient accrochés l'un à l'autre et leurs visages étaient légèrement tournés vers le sol. Quelques traits à leurs pieds illustraient la vitesse de leur mouvement. Sin sourit et prit l'un des crayons pour tracer d'autres pieds dans la mêlé, puis ajouta des expressions ridicules sur leur visage blancs : les yeux louchant et la langue tirée. Lya ricana.

« Salaud ! Mais tu vas tomber oui ! grogna Drakayn.

– Et te voir encore une fois fier comme un dragon ? Non, cette fois... »

Un juron édulcoré éclata dans l'air.

Drakaïs exagérait peut-être les choses. Elle regrettait presque les Enfants de Gaïa.

Elle n'avait jamais eu autant envie de rire en leur présence.

« Ah, oui, bien mieux comme ça. Alors Drakayn, la vue est belle d'en bas ? »

Drakaïs quitta des yeux les dessins de Lya et Sin. Ce fut plus fort qu'elle ; elle rit. Drakayn gisait sur le sol ensablé de l'arène, Fergon emmêlé autour de lui pour l'empêcher de se dégager.

« Ah, ah, ah. Moque-toi Drakaïs, mais est-ce que tu ferais mieux ? Fergon est une sale petite anguille.

– Abandonne, chantonna Fergon.

Jamais. »

Drakayn se cambra en gesticulant dans tous les sens. Sans résultat. Le rire de Drakaïs gagna en intensité, attirant l'attention de Lya et Sin, qui la joignirent immédiatement dans son éclat à la vue de cette lutte acharnée. Fergon avait son bras sur la gorge de Drakayn, qui virait à l'écarlate.

« Je peux rester comme ça encore longtemps. »

Drakayn croassa quelque chose.

« Quoi ? Tu peux répéter ? Je n'ai pas entendu.

La Révolte des Dragons |1| : L'EveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant