|13| ils n'ont pas eu le choix.

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 La foule est opaque, le bruit omniprésent. Sa cible est droit devant lui, un homme noble, qui discute avec une femme accrochée à son bras. Elitz accélère le pas, se faufile entre les passants sans se faire remarquer.

Comme une petite souris.

Et hop, en quelques pas furtifs, le voilà juste derrière sa proie. Ce con est en train de rire : il rejette la tête en arrière, les yeux fermés, et la femme penchée sur lui est la diversion idéale. Vif comme l'éclair, la main d'Elitz file vers la poche de sa cible. Il agrippe une bourse.

Bingo.

Son larcin accompli, Elitz recule pour s'éclipser dans la masse. Ni vu, ni connu. Il soupèse la bourse. Elle est assez lourde, une bonne pioche. Avec ça, il va pouvoir payer les médicaments de papa, et peut-être qu'il pourra acheter quelques bricoles pour ses sœurs ; un vieux bouquin pour Yallen, une sucette pour Zia. Qui sait, avec un peu de chance, il arrivera peut-être même à ramener quelque chose pour mam–

Un fond noir, rapidement comblé par des flashs colorés, fondant bientôt les uns dans les autres pour former des images. Un bruit de fond brouillon les accompagnait, composé de paroles inaudibles, de plus en plus claires à mesure que les secondes s'écoulaient.

« –yais vraiment que j'allais te laisser partir comme ça ? C'était pas notre marché, petit. Tu as du talent. Je ne me séparerai pas de toi pour si peu. Voyons... où seraient les bénéfices ? »

La main sur son épaule se fait douloureuse. Elitz sent le souffle d'Aryon sur son oreille. Il boue, il enrage ; il aimerait crever les yeux de ce sale enfoiré, lui faire bouffer ses tripes et lui arracher ses burnes.

– Qu'est-ce que je dois faire pour que tu me foutes la paix ? grogne Elitz.

Il écarte Aryon d'un coup d'épaule. Ce salopard rit dans son dos, en sifflotant avec amusement.

–Elitz, Elitz, Elitz... Pourquoi est-ce que je te laisserais partir, vu tout ce que tu me rapportes, hum ?

A d'autres. Tout pouvait se négocier.

« Ton prix, Aryon. », martèle-t-il en se tournant vers lui.

Le salaud sourit de toutes ses dents, le regard jubilatoire. Elitz sent l'angoisse lui nouer les tripes.

« Il sera élevé. », minaude le connard en examinant ses ongles.

Il a un mauvais pressentiment. Le rictus d'Aryon ne lui inspire rien de bon. Elitz reste silencieux.

« Je veux que tu rendes une petite visite à ton cher paternel, lâche finalement l'autre Nuifée. Un petit oiseau m'a rapporté qu'il avait des bricoles intéressantes. J'ai déjà quelques acheteurs en tête.

– Plutôt crever ! Je mettrai pas un seul pied dans la baraque de cet enfoiré ! »

Le rire d'Aryon est cette fois grinçant, teinté d'un amusement sadique.

« A prendre ou à laisser, petit. »

Et au final, est-ce qu'il a vraiment le choix ? Il a promis à maman d'arrêter ses magouilles, de se ranger, quoiqu'il en coûte. Alors, qu'est-ce qui est le plus important ? Sa foutue fierté, enragée rien qu'à l'idée de se servir de Zerin pour s'en sortir ? Ou bien maman, maman et ses pleurs, maman et ses peurs, qui veut juste que son petit garçon vive sa vie loin de tout ça ?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 03, 2020 ⏰

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