12 février 762

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Vers minuit, la fille pointa une tache sombre devant eux.

En s'approchant, ils virent un monticule, un petit bout de montagne. Les hommes mirent pied à terre et suivirent la fille dans la pénombre à travers le dédale de rocs. Elle trouva sans tarder ce qu'elle cherchait et commença à charrier les pierres d'un petit tas. Calibre et Calife lui vinrent en aide. Ce n'était pas un tas, mais un trou comblé par des pierres. Ils s'y mirent tous, en silence. Il était bon de travailler au frais.

À la pelle, à la pioche et au pied de biche, ils vidèrent la cavité profonde d'une dizaine de mètres. Les pierres étaient de plus en plus fraîches, elles prirent bientôt une teinte luisante. Le froid de la nuit commençait à se dissiper lorsque la pioche de la fille tapa sur du béton inondé. Ils entendaient la rivière gronder sous leurs pieds. Elle avait vraiment trouvé de l'eau. Elle avait bien eu raison et Vizir avait bien eu tort.

En élargissant le fond de leur trou, ils dégagèrent une lourde plaque de béton, exactement comme l'accès qu'ils utilisaient près de Medina. En la soulevant, ils découvrirent le flot tumultueux, de cette limpidité d'or qu'ils reconnaitraient entre mille. Les hommes lâchèrent une exclamation de surprise. C'était leur eau, ici.

La fille battit des mains. Elle avait le triomphe moyennement modeste.

Calife et ses soldats tombèrent le maillot pour se rafraîchir en puisant l'eau dans le trou ; elle avait bien le goût et l'odeur qu'ils connaissaient.

Ils arrimèrent à des bidons vides et hermétiquement fermés tout ce qu'ils avaient acheté à Tendra et Touhary, soigneusement empaqueté dans de la toile de bâche. Ils jetèrent les paquets à l'eau en formulant le vœu qu'ils atteignissent leur destination. Si la fille disait vrai, le lac sous la Montagne devrait recevoir la cargaison dans une coupe de jours.

Ils prirent soin de refermer le regard et de reboucher le trou, afin de rendre à la rivière son invisibilité.

Les hommes accusèrent alors un brin de fatigue. Tous s'allongèrent dans le sable, sauf Calife qui emmena la fille de l'autre côté du tas de roches. Il avait une furieuse envie de grimper le petit cheval qui l'avait amené jusque-là.

Il la prit debout et par derrière, il pouvait ainsi lui palper les seins confortablement. Elle assurait à elle seule leur équilibre en s'agrippant à la roche devant elle. Elle miaulait et chavirait, ce qu'il aimait ça ! La moiteur lisse de son ventre, c'était des charentaises pour légionnaire. La sensation de retrouver son chez soi, de se nicher dominait toujours les premières minutes de ces coïts. Après quoi le bout de sa verge se mettait tant et tant à fourmiller de plaisir qu'il devait décharger impérativement et sur-le-champ.

Au cours des instants qui suivirent la déflagration, le poids de chaque grain de sable se fit sentir sur ses épaules et sa poitrine. Comme un shoot qui monte, il se sentit de plus en plus frais, bien réveillé, avec une pêche du diable. Il l'aurait bouffé ce désert, le sable, le ciel et le soleil, tout ça dans son estomac sans fin. Lorsqu'il remonta sa braguette, le fort Valentine II était déjà dans sa poche. Il se sentait d'excellente humeur.

Dès que Calife réapparut en train de se renculotter, Calibre se leva en déboutonnant son pantalon. La fille suivait son maître ; l'officier la saisit par le bras et l'entraîna avec lui derrière les rochers ; elle chercha le regard de Calife, mais il était déjà étendu dans le sable, le chapeau sur les yeux.

Quelques secondes plus tard, la fille commença à émettre les sons hauts et chantants qui trahissaient une sodomie empressée. Nikki se bouchait les oreilles à deux mains en se plaignant qu'on ne pouvait pas dormir, dans ce bouge.

Ils reprirent le chemin de la ville une fois la nuit tombée.

Peu avant minuit, ils retrouvèrent Vizir et ses équipiers dans les garages de Touhary. Ils trouvèrent la ville fort agitée pour l'heure tardive. Le second ne se montra pas vraiment surpris d'entendre qu'ils avaient bel et bien trouvé leur rivière à l'ouest de la ville, peut-être parce qu'il avait lui-même beaucoup de choses à dire à Calife.

Le groupe resté en ville était tombé dans une embuscade quelques heures après leur départ.

Alors qu'ils rentraient aux garages après avoir fait leurs achats sur le marché, deux gars carrés comme des armoires leur était tombés sur le râble au coin d'une rue. Si Net s'était évanoui instantanément, Vizir, Cric et Ruffian avaient eu le temps de réagir. Ils avaient réglé leur compte aux deux lascars, qui avaient quand même eu le temps de lâcher des grenades incendiaires au milieu de leur stock d'armes et de munitions tout neuf. Ça avait fait un sacré feu d'artifice. Ils étaient parvenus à tirer Net de là, alors que l'incendie menaçait de se répandre à tout le quartier. La panique était telle qu'ils avaient pu se débiner avant l'arrivée des gardes.

Depuis le réveil de la cité, ils se faisaient tout petits. Ils avaient dû terminer leurs emplettes en se rendant au marché à tour de rôle. La ville était en effervescence, les habitants s'attendant à une nouvelle attaque à tout instant. Le second conclut :

– Il n'y a eu aucune levée d'armes, la ville compte déjà capituler.

Après un rapide bilan, l'armement de la troupe s'avéra assez intéressant malgré l'incident ; Vizir était toujours excellent à cet exercice, même quand on lui mettait des bâtons dans les roues. Ils procédèrent à la distribution. Il y avait là un fusil pour chacun et des munitions pour tenir un siège. Ce genre de lieu confiné ne se prêtait pas bien aux assauts à l'arme à feu, aussi le second avait-il privilégié les armes silencieuses et à courte portée : au coin d'un étroit couloir, il valait mieux être armé d'un couteau que d'un fusil. Calife confia à la fille une arbalète, ce qui fit tiquer le second. Il devenait évident qu'elle finirait par avoir un calibre dans les mains. Ruffian distribua ensuite de petites friandises : des grenades à plasma, une sécurité non négligeable dans un fort rempli de Boomers. Le plasma avait cet avantage de faire fondre au lieu d'enflammer en explosant.

Côté carburant, il y en avait assez pour aller jusqu'au fort. Ils devraient trouver là-bas de quoi rentrer à Touhary ensuite.

Le groupe repartit bien avant l'aube.

La fille | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant