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H./

Qu'ai-je fait pour mériter une situation comme celle-ci ? Non, qu'ai-je fait pour être incapable de savoir quoi faire ? L'hésitation est réservée aux faibles. Je ne le suis pas. Alors pourquoi ?

Le voir n'était certainement pas dans mes plans. En réalité, son mail est la dernière chose que je voulais recevoir de sa part. Non pas parce que le message n'a pas de sens, mais parce que je ne veux pas me confronter à ce qui me ronge depuis des semaines. Je sais que j'ai été - et suis - idiot de l'avoir jeté comme je l'ai fait puis à m'obstiner à ne rien dire, mais j'ai une peur profonde de ce que ma bouche pourrait dire à la place de ma raison. J'y pense nuit et jour. J'essaye de le détester autant que je peux mais au final je n'y arrive pas. Ce que je déteste c'est moi, et ce que j'ai fait à Lea. Le reste, je suis loin de le détester... Le mail a été le coup à ne pas recevoir. J'ai rapidement compris le fond du message et dire que mon coeur ne s'est pas emballé face à sa tentative de... réconciliation, serait mentir. Et même si je voulais ne pas y répondre dans l'espoir que ce que je ressens s'efface, c'était mal connaître mes envies et désirs.

Mais quoi répondre ? Rien qui ne laisse la possibilité d'un rapprochement, parce que... je ne peux pas. Je ne peux pas, je n'y arrive pas. Même si j'aimerais pouvoir lui répondre quelque chose.
 Après plusieurs jours à hésiter entre indifférence et envie, j'ai tout de même fini par lui dire ce qu'il en était vraiment.

" J'aimerais pouvoir te répondre, mais je n'y arrive pas. "

Et il a suffi d'une réponse pour sentir un vilain frisson envahir mon corps.

De : Louis Tomlinson

À : Harry Styles

Objet : -

Je serai demain à JFK park privé 8, 18h.

Louis

Sentir son coeur battre parce que quelqu'un se bat réellement pour soi, malgré ce que j'ai pu faire, mes erreurs, mes défauts. Deux mois que je l'ai envoyé chier comme une merde. Deux mois que plus personne ne m'atteint. Autant parce que je ne les laisse pas approcher que parce que je n'ai personne à approcher. Et ce simple message, malgré les mots, la distance, me crie qu'il s'accroche à moi. Malgré tout, le coincé bisexuel dans le placard s'accroche à l'égoïste solitaire volage. Ça n'a strictement aucun sens. Et tout en pensant ça, j'arrive à la conclusion que ce n'est pas une question d'impossibilité, mais d'un obstacle.

Il est là le problème. Le dernier obstacle qui m'empêche de me convaincre totalement. Car même si de façon générale j'aime prendre des risques, certains semblent insurmontables tant les circonstances sont contre nous. Néanmoins, ce message qui me donne envie de prendre un risque. Un qui coûte un peu plus qu'un autre, mais l'impression de se sentir vivant et désiré en vaut peut-être la peine.

J'y ai pensé toute la nuit. J'ai fini par m'endormir quelques heures pour me réveiller sur le canapé de ma suite au 24ème étage du Palace. Je ne cesse de vaciller entre envie profonde et crainte insurmontable pour trouver la meilleure solution. Parce que je dois trouver une solution. Seulement l'échéance de ce soir 18 heures me terrifie. Comme si chaque minute comptait, et plus elles se consument, plus mes pensées s'égarent et mes peurs refont surface. C'est absurde.

Vers midi j'ai lu et relu ses derniers messages, comprenant enfin mes erreurs, et la bataille que Louis mène seul depuis deux mois. Il m'a même sauvé de ce qui aurait pu être un méchant coma ou je ne sais quoi du même style. Et moi, qu'ai-je fais ? Je l'ai ignoré. Tout comme j'ignorais (et ignore encore) ce qui se terre en moi.

Seulement... Ce soir est trop tôt. Il me demande l'impossible. Comment le rejoindre alors qu'il me reste le plus difficile à faire ? Comment me décider de jouer en quelques heures ce qui me semble être une partie de ma vie ?

Sérendipité [Larry Stylinson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant