Sérendipité [Larry Stylinson]

6.

L./

Samedi 23 novembre


Je réfléchis depuis hier à la possibilité de faire ce que je m'apprête à faire, tandis que Lea se fait masser avec Sofia comme tous les samedis matins. Enfin, la réflexion fut courte puisque je suis assis dans ma voiture devant le bâtiment principal où se trouve l'administration de NYU. Je n'ai jamais mis mes talents de comédien en exergue contre mes (ex)amis, pourtant c'est bien ce que je suis sur le point de faire. Je pousse la porte du bâtiment administratif et me dirige vers l'accueil. Je demande à la secrétaire au chignon serré où se trouve le bureau des admissions. Une fois devant la porte des fameux bureaux, je me répète le rôle que j'ai créé afin d'arriver à mes fins. Je frappe puis rentre pour me retrouver dans une grande pièce tapissée de moquette, avec un comptoir épuré derrière lequel se cache un autre jeune fille au chignon relevé, sûrement étudiante, qui a accepté ce job pour se faire un peu d'argent.

— Bonjour je viens vous voir pour une petite demande. 

La jeune fille relève la tête pour me regarder.

Je viens de la part de Max Honrad, un futur étudiant ici, il a déposé un dossier d'admission décalé afin de pouvoir rentrer en classe début décembre ; seulement, je suis son cousin et il vient de partir des États-Unis pour des raisons... personnelles, de façon très précipités. Je suis également son avocat et je voulais savoir quelle était la procédure pour annuler son dossier d'admission puisqu'il ne reviendra pas cette année ?

Elle me regarde hébétée, la bouche entrouverte comme si je venais de lui demander la lune.

— Euh... et bien... je pense pas pouvoir faire quoi que ce soit pour vous Monsieur, ce n'est pas dans mes compétences malheureusement d'annuler un dossier.
— Vous êtes sûr ? Je suis sûr que vous savez en faire beaucoup plus que ce que vous vous laissez croire. Vous avez accès aux dossiers des étudiants n'est-ce pas ?
— Hum... oui, mais je peux p-
— Alors s'il vous plaît, je la coupe. J'aimerai pouvoir régler cette affaire rapidement sans perdre de temps, j'ai un emploi du temps très chargé que je ne peux déplacer, sans parler des problèmes familiaux qui viennent s'accumuler.

Elle semble peinée pour moi et à la fois admirative, ce qui est plutôt bon signe. Je sens que je l'ai bientôt dans la poche.

— Mais de toute façon, je peux rien faire sans la carte d'identité de la pers-
— Ne vous inquiétez pas, j'ai la photocopie de la carte de Max avec moi. Vous pouvez donc m'aider ? Ça ne devrait pas vous prendre trop de temps, et pour moi ça sera un tel gain de temps !

Je sors le papier de la pochette que j'ai avec moi. Souvenir d'un temps où nous pensions acheter un loft ensemble et où nos pièces d'identités étaient nécessaires pour engager un agent immobilier.

— Merci. Je ne pourrais cependant rien faire d'effectif mais je note sur son dossier la demande, et je veillerai personnellement à ce que la personne en charge des dossiers s'en charge dés lundi. Pouvez-vous me donner votre nom et numéro de téléphone s'il-vous-plaît ?

Je lui donne un faux nom mais mon vrai numéro au cas où elle aurait besoin d'une autre confirmation. Mais pour le moment, je m'étonne de la facilité de la procédure. C'est même une honte pour un établissement comme l'université de New York d'avoir aussi peu de sécurité pour des demandes si importantes. Si je le voulais, je pourrai faire un article de très mauvaise augure pour l'institution en prenant pour exemple mon infiltration.

Elle me pause quelques questions supplémentaire sur Max pour s'assurer que je ne suis pas un imposteur, et bien entendu je réponds à tout sans hésitation. En plus d'avoir été son meilleur ami, j'ai également une très bonne mémoire. Si seulement cette jeune fille savait...