Sérendipité [Larry Stylinson]

30. II.

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H./

Très bien. Il est probable que j'ai appelé pour réserver une table il y a dix jours... Mais Louis n'en était pas la motivation première, soyons clair. Enfin, c'est ce que je me laisse croire.

Le Asiate est le restaurant du Mandarin Oriental Palace. En d'autres termes, si mon père me demande ce que je foutais là-bas, je dirais que c'était pour espionner la concurrence. Je retrouve Louis à l'accueil de l'hôtel, au 32ème étage de la Times Warner Tower. Il est debout devant les baies vitrées qui donnent sur Manhattan. Avec la chaleur extérieure, il porte un léger costume bleu clair et une chemise blanche de ce que j'arrive à apercevoir sur son col. Quant à moi j'ai fait intégrale beige, chemise blanche et mocassins marron clair en velours. Les mains dans les poches, je me mets légèrement devant lui.

— On y va ? demandé-je simplement sans rien ajouter ni l'un ni l'autre.

Nous traversons l'accueil ovale en marbre noir scintillant pour prendre l'ascenseur qui nous amène plusieurs étages plus haut, au restaurant. À peine les portes se referment sur nous que je pose la main dans le bas de son dos. Il fait de même. La seconde d'après nous nous rapprochons pour échanger un baiser.

— Alors quel est le programme de la soirée ? il me demande encore devant mes lèvres.

— Il faut que tu revois ta leçon Tomlinson. Pas besoin de programme. 

Je lui fais un clin d'œil avant que les portes ne s'ouvrent sur l'entrée du restaurant.

Je donne mon nom, et lorsque nous arrivons à notre table, la surprise est bonne. Elle est ronde, deux chaises non loin l'une de l'autre, pas vraiment en face, mais surtout à l'angle du building, là où les baies vitrées se rejoignent pour donner une vue imprenable sur Central Park.

— Pas mal, juge Louis.

— On s'en contentera, j'appuie, T'es déjà venu ici ? 

— Il y a deux ou trois ans avec Lea, dit-il en s'asseyant.

Nous commandons l'apéritif et j'essaye de regarder si je ne connais pas une ou deux têtes dans le restaurant derrière nous. Juste au cas où...

— Rien à l'horizon, il conclut alors que je ne lui ai pas fait part de ce que je faisais.

— Encore mieux.

Comme d'habitude nous résumons notre quotidien, en l'occurrence ce week-end mais également nos affaires au travail, nos préoccupations, ce que nous réussissons, mais jamais nos échecs. Concept dont nous faisons la plus grande attention d'exclure de nos travaux. Là dessus nous nous comprenons parfaitement. Toujours anticiper, ne jamais laisser à l'échec la possibilité de s'approcher. D'ailleurs le sujet arrive assez rapidement sur la table.

— J'ai été trop occupé, mais il faut que je le vire de ce bureau, déclare Louis en parlant de Nicolas, le stagiaire avec qui il partage son bureau. Il s'était promis de l'enlever de son champ de vision dès les premiers mois.

— T'as quoi sur lui ? je lui demande.

Car ce dont je suis certain c'est qu'il a fait des recherches sur lui dès qu'il a eu vent de son nom.

— Quelques petites choses mais ce qui serait radical c'est en foirant l'un de ses dossiers au cabinet.

— J'ai besoin de te donner des idées de falsification sans taches ou c'est bon ?

— Tout est là dedans, il tapote sa tempe. Il faut juste que je trouve les bons éléments à truquer. Je peux peut-être l'avoir sur cette affaire de succession millionnaire qu'il aide à préparer, il réfléchit.