33. II.

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H./

Je sens le fin drap qui recouvre mon corps glisser sur ma peau. Toujours les yeux fermés, je tends un bras puis attrape le poignet de Louis pour l'empêcher de se lever.

Je l'entends murmurer un petit " Hey " avant de sentir son nez effleurer ma joue. Je n'ai toujours pas ouvert les yeux.

— Je reviens, ajoute-t-il doucement, ses lèvres à quelques millimètres de ma joue.

J'inspire et expire lentement, détendu, au milieu de cette large chambre aux tons clairs, aux longs voiles blancs volant doucement à la fraîcheur matinale et laissant la lumière extérieure illuminer la pièce. Il ne doit pas être bien tard, mais ces quatre derniers jours ont eu des effets aussi inattendus qu'entêtants. Il faut dire que j'ai trouvé l'endroit rêvé pour des vacances loin de la réalité. Pour une fois, je ne suis pas déçu. Ou peut-être est-ce moi qui modifie mes critères... Être entouré d'autant de personnes n'est pas aussi insupportable que je ne l'aurais pensé. En fait j'apprécie étrangement leur présence. George est le meilleur d'entre nous, Lea et moi retrouvons enfin notre duo inséparable, et Max est... bien plus supportable que je ne l'envisageais.

Dans tout ça il y a Louis. Le changement de décor ne fait que rendre notre voyage plus incroyable, et par là j'entends bien tous nos voyages, au sens propre comme figuré.

Il est possible que je me sois rendormi quelques minutes, car je sors de mes pensées seulement lorsque je sens un poids autour de ma taille.

Je n'ai rien à demander, les doigts de Louis glissent, courent et roulent sur la peau de mon dos en de lentes caresses. Il masse doucement mes épaules, et mon esprit s'égare dans un doux monde. Je gémis de plaisir, la sensation est encore plus enivrante que lorsqu'il s'agit d'une masseuse professionnelle. Il se peut que les sentiments aient quelque chose à voir avec ça.

Quand il embrasse mon cou, je suis décidé à ne pas bouger de ce lit de la journée. Je n'ai pas été aussi détendu et heureux depuis au moins une décennie, et ça ne serait pas le cas sans lui.

— On reste ici toute la journée, j'arrive à articuler malgré mon état.

— C'est une possibilité, répond-il en retirant ses mains de mon dos, puis s'allongeant contre moi.

J'ouvre enfin les yeux, et finalement, avoir la possibilité d'apprécier son regard fatigué du matin, la couleur entre le bleu et le gris de ses yeux, et ses lèvres fines, est encore mieux qu'un massage.

— J'ai une question à te poser, murmure-t-il, ses yeux oscillants entre les miens à cause de la proximité de nos visages et de nos corps.

— Mmh mh, j'acquiesce.

— Tu crois en l'âme soeur ?

Sa question est sérieuse, je peux le lire dans ses yeux, et il se peut qu'une toute petite partie de la béatitude dans laquelle je me trouvais il y a quelques secondes s'en aille avec elle. À présent je suis tout à fait réveillé mais je ne bouge pas, ni ne décroche mon regard du sien. Parce que s'il me fait voir le monde entier - moi y compris - d'une autre façon ; et puisque je le considère comme mon monde, je n'ai rien à lui cacher.

— Ça dépend du sens.

— C'est-à-dire ?

— Dans l'antiquité ça signifiait qu'une âme avait été séparée en deux entités. Et qu'ainsi, nous avons aujourd'hui qu'une possibilité sur sept milliards de trouver notre moitié. En d'autres mots, qu'il y a quasiment aucune chance d'être parfaitement heureux et comblé. Pour moi c'est utopique et insensé. Fait pour les rêveurs qui croient un peu trop en l'amour... Cependant, si on y pense comme une compatibilité profonde et parfaite entre deux personnes, alors je sais pas. Oui peut-être, je dois y croire.

Sérendipité [Larry Stylinson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant