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H./

Dimanche 1er Mai 2016

Lessivé. Ça m'a lessivé. J'ai essayé de faire bonne figure en ouvrant les yeux mais je n'ai pas tenu plus de quelques secondes. Le petit jeu de Louis a drainé toute mon énergie. J'ai dû aller puiser en moi, j'ai ressenti tout le mal qui reste d'habitude caché, mais surtout, j'ai fait exactement ce que je me suis toujours interdit de faire, même envers Lea. J'ai exprimé à la personne concernée que je m'attachais à elle, et pourquoi je m'attachais à elle. Je me sens aussi petit que l'un des parasites qui doit se cacher dans ces draps.

C'est irrationnel, mais j'ai tellement eu l'habitude d'être délaissé par ceux que j'ai aimé, qu'en ouvrant les yeux ce matin, je m'attends à une... déception. À une nouvelle douleur, à ce qu'il ait été déçu par exemple, qu'il soit distant, je m'attends au pire.

D'ailleurs il n'est pas à côté de moi. Ce qui n'arrange rien à ma paranoïa. J'arrive à tâtons dans la cuisine et le surprends assis au bar, totalement habillé, une tasse en main et... la BD de Max dans l'autre. Il lève les yeux dès que j'entre dans l'encadrement de la porte qui sépare le couloir et la cuisine. Il lâche la BD immédiatement et la referme.

— J'ai failli appeler Lea pour savoir si je devais m'inquiéter que tu dormes aussi tard ou pas.

— Quelle heure est-il ?

— Tard, il répond, en avalant une gorgée de son café.

— Comment ça tard ?

J'avance et appuie sur le bouton de son iPhone posé sur le bar à côté de lui.

14:12

— Putain de bordel. Fait chier... ! Pourquoi tu m'as pas réveillé ?

— J'ai essayé ! Tu t'es retourné en murmurant, j'me suis dis que t'avais besoin de dormir. On est dimanche non ?

— Dit le mec qui ne s'autorise aucune grasse-mat'.

Je me retourne et vais en direction de la salle de bain pour prendre une douche et partir d'ici au cas où il voudrait un peu de d'espace.

— Je pue ??  j'entends derrière moi quand je rentre dans la salle de bain.

Je me retourne, il avance vers moi un franc sourire sur les lèvres. Instinctivement je recule, mais il a ses mains autour de mon cou la seconde d'après. Et ses lèvres sur les miennes. Puis mes mains contre sa chemise dans son dos. Enfin, un mélange d'émotions au fond de ma gorge.

— Te referme pas, il susurre contre mes lèvres.

Sa main dans mes cheveux et son regard bienveillant me confirment que suivant ce qu'il arrivera je serai plus heureux ou plus malheureux que je ne l'ai jamais été.

— Je vais essayer.

Je l'embrasse autant que je peux, c'est-à-dire un peu plus longtemps que je ne le devrais, mais il ne se plaint pas.

— Au fait, on est pas revenu avec la BD dans les mains hier soir. Comment est-elle arrivée entre les tiennes ce matin ?

— Max me l'a apportée tout à l'heure. Il m'a même dit de te passer le bonjour. Ce qui est assez étrange en soit.

— Pour une fois qu'il veut pas m'utiliser ou me mettre en garde... 

Il embrasse doucement mes lèvres une dernière fois avant de desserer ses bras.

— Par contre toi, t'as besoin d'une douche, il affirme naturellement.

Je prends la serviette accrochée à côté de la douche et la fais fouetter proche de son dos. Il pousse un petit cri très peu masculin et ferme la porte de la salle de bain derrière lui.

Sérendipité [Larry Stylinson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant