Chapitre 12

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Adalynn

Jour de repos. Quelle blague. Qui a dit que passer l'aspirateur, faire les courses ou bien étendre sa lessive était du repos ? Je préfère aller au travail à ce tarif-là ! Le mois de novembre est loin d'être mon favori. Pluvieux, gris et terriblement déprimant. Je dirais même que c'est le pire. Vous me diriez qu'il y a des points positifs avec deux jours fériés. Mais en restauration, pas de dimanche ou de jours fériés. Il n'y a qu'au nouvel an qu'on ne travaille pas. Une volonté de mon patron. Il n'a jamais souhaité ouvrir à cette période. Précédemment, il a eu fait des réveillons mais le chiffre d'affaire n'était pas là et l'exigence des clients un peu trop élevée.

Ça me convient parfaitement, je peux sortir et faire la fête. Même si je ne suis pas une grande fêtarde, pour le nouvel an, j'ai tendance à me lâcher. Cette année, rien de prévu encore mais ce ne serait tarder. Nous sommes seulement début novembre, il nous reste du temps.

Après avoir rangé mes vêtements et préparé le repas pour deux jours, je me décide à sortir. Le soleil semble être de sorti cette fin d'après-midi. L'air est frais mais l'hiver n'a pas lancé son offensive. Le bonnet en laine n'est pas encore de sorti. Je marche jusqu'à un parc proche de chez moi et profite du calme plat. L'avantage, c'est qu'en milieu de semaine, il n'y a personne. Un jeune homme vient tout de même s'asseoir à mes côtés malgré les bancs disponibles.

-Bonjour.

-Bonjour, je réponds.

-L'un de ses enfants est le vôtre ?

-Non, je suis seule.

-Le petit casse-cou est le mien. Il a deux ans.

-Très bien.

Que veut-il que je réponde ? Il est bizarre à venir me parler de son fils ainsi ! Si c'est une technique de drague en mode « papa-solo » ça fonctionnera pas sur moi. Pas que je sois contre rencontrer un homme déjà père, mais pas de cette manière.

-Il s'appelle Enzo. Je ne travaille pas aujourd'hui alors je l'ai emmené au parc. Il adore.

-Tous les enfants aiment le parc.

-Prendre l'air, se changer les idées. Il en a besoin...

Je sens le pathos arrivé à grand pas et préfère ne pas répondre. Il vaut mieux le laisser continuer dans son malheur. Je regarde au loin, un œil sur une boutique à l'autre bout du parc. Cependant, il ne parle pas et je n'ose pas regarder en sa direction. Finalement, une voix cassée par des sanglots finit par se faire entendre.

-Sa mère est morte il y a six mois maintenant. Je lui en parle tous les jours, lui montre des photos pour ne pas qu'elle disparaisse de son esprit. Il l'a vu mourir. Un accident de la route terrible.

-Je suis navrée.

Pourquoi me raconte-t-il tout ça ? C'est un fou qui a perdu la tête après le décès de sa femme et qui cherche à combler le manque de son absence ? Pitié, faites qu'il ne me touche pas ! Mes mains tremblent et mon cœur s'accélère. Rien ne veut sortir de ma bouche. Le silence est pesant, oppressant. Me regarde-t-il ? Suis-je vraiment sa prochaine proie ? Il y en a-t-il eu d'autres avant ? Quel type d'homme raconterait ça à une inconnue ? Son petit garçon court vers lui montrant une éraflure sur sa main. J'en profite pour m'éclipser.

-Je m'appelle Luc et toi ?

-Marie.

-Enchanté Marie.

Je souris légèrement et avance d'un pas rapide. Oh mon dieu ! Je m'insère dans une grande rue passante et rentre dans un magasin pour lui échapper, sait-on jamais s'il me suit. Je n'ai pas fait attention où j'ai mis les pieds et lorsque je relève la tête, je me retrouve nez à nez avec une vielle dame.

Holiday's LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant