Le livre dans tes yeux [TERMINEE]

Chapitre 11 : Ignorance

Alice eut beaucoup de mal à s'échapper de son sommeil quand la sonnette de l'interphone retentit. Elle grogna, se frotta le visage et s'assit doucement au bord du lit pour enfiler ses chaussons et son gilet en pilou à oreilles de chat. Tant pis pour l'accoutrement, elle avait eu besoin de sommeil, et Jonas n'allait tout de même pas la blâmer pour ça. La sonnette résonna une nouvelle fois et la jeune femme se leva péniblement. La nuit avait été courte, agitée. Mais elle savait qu'à cette heure-ci, ça ne servirait plus à rien, elle n'arriverait plus à se reposer. Elle alla donc ouvrir la porte après lui avoir indiqué à l'interphone où se trouvait sa porte d'entrée.

Jonas frappa doucement sur le bois de la porte et entra moins d'une minute plus tard. Il sourit, dans l'entrée, gêné d'aller plus loin. Était-ce vraiment une bonne idée d'avoir demandé à Alice de squatter chez elle ? Elle avait sa propre vie à mener après tout. Elle resta immobile, souriant de façon endormie, ne sachant trop quoi lui dire aussi. Elle le conduit finalement dans la seule pièce qui n'était pas sa chambre. Il y avait un meuble à télé, et l'écran plat qui allait avec. Jonas n'essaya pas de lire la tranche des Blue Ray qui y étaient rangés et promena ses yeux sur les différentes toiles en macramé qui ornaient le mur, qu'elle avait repeint en taupe. L'espace cuisine était séparée par un bar où deux chaises hautes l'entouraient. Il sourit. C'était un appartement cosy qui lui ressemblait bien. Simple, mais très chaleureux.

- Je t'ai préparé le canapé, dit-elle finalement pour briser le silence. C'est pas le plus confortable du marché, mais tu seras bien. Enfin j'espère. Je ne reçois jamais beaucoup de monde et le peu de gens qui me rendent visite ne restent pas dormir.

- Oh ne t'en fais pas, la rassura-t-il. Ça sera toujours plus confortable que par terre.

Il posa son sac près du radiateur et se frotta les mains, ne sachant quoi en faire. Il ne voulait pas paraître trop détendu, parce que ça serait mentir. Alice s'approcha de lui, voyant sa gêne, et passa ses bras autour de sa taille pour se lover contre lui.

- Je suis contente que tu sois là. Que ça aille mieux dans... dans tout en fait. Tu as l'air d'aller mieux.

- Là oui, à l'hôpital je passe mon temps à ruminer ce qui ne va pas. Mais bon, c'est l'objectif aussi. À force de ruminer on finit par se confier.

- Je suppose... mais c'est une bonne chose Jonas, je suis contente pour toi.

Le brun ne répondit rien, se contenant de passer à son tour ses bras autour des épaules d'Alice, et de fermer les yeux. Ces contacts étaient rares, mais agissaient bien mieux que ses antidépresseurs. Alice avait un réel pouvoir sur lui. Il ne savait expliquer comment, mais quand elle était là, il se sentait revivre. Il oubliait tout ce qui pouvait le tirer vers le bas. En fait, c'était ça. Quand elle était avec lui, elle lui parlait de tout, sauf de ce qui n'allait pas. La famille était un sujet tabou entre eux, sauf si Jonas en parlait de son plein gré.

- Au fait, murmura-t-il, la bouche glissée dans les cheveux de la jeune femme, tu es invitée à fêter Noël avec mon père. Et moi bien sûr.

Alice déglutit.

- Je n'ai jamais fêté Noël en famille...

- C'est sympa, tu verras.

- Je ne veux pas déranger Jonas.

- C'est mon père qui t'invite. Il insiste.

Un silence s'installa, plus pesant qu'auparavant, puis :

- Comment ça se fait que tu n'aies jamais fêté Noël en famille ? Demanda-t-il.

Alice soupira. Devait-elle vraiment répondre à cette question ? Elle n'en avait jamais parlé. Tous ceux qu'elle connaissait ne lui avaient jamais posé la question, ou étaient déjà au courant. Mais jamais encore quelqu'un qui lui était cher ne lui avait directement posé la question. Et maintenant, elle ne savait juste pas quoi faire. Répondre ? Lâcher la bombe, là, comme ça, alors que tout se passait bien ? Ou mentir ? Alice détestait mentir, mais avait-elle le choix ici ? Jonas était la dernière personne qu'elle avait envie de berner.