Chapitre 20 : Douce nuit

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Assis dans le canapé, les deux amis n'avaient pas vu le temps passer. Ils s'étaient commandés des pizzas, avec des ailes de poulet, et s'étaient gavés toute la soirée. Jonas, pour une fois, n'avait eu aucun remord à manger gras, à s'être rempli l'estomac plus que de mesure. Une fois de temps en temps, ça pouvait bien passer. Mais à deux heures du matin et la fatigue ne se faisant pas sentir, Alice commença à se demander ce qu'ils pourraient bien faire. La liste de films à regarder était épuisée depuis dix bonnes minutes, ainsi que les chips et les fraises en sucre.

- Bon, souffla-t-elle. On va se coucher ?

- Euh... tous les deux dans le même lit ?

- Bah oui, c'est pas la première fois. En quoi ça serait gênant ?

En le fait que je pourrais encore réagir comme le puceau que je suis, songea le jeune homme. Mais plutôt que de le dire, il préféra garder les lèvres pincées, et la suivre silencieusement jusqu'à la salle de bain, où ils se lavèrent les dents en rythme. Alice quitta la salle d'eau, brosse à dent en bouche, pour aller fermer le volet de la chambre. Jonas prit son temps, tentant tant bien que mal de chasser toutes les pensées chaotiques qui lui polluaient la tête. Après tout ce qu'ils avaient traversé, leurs disputes, les mots qu'ils s'étaient dit, il avait peur que ça soit différent. Que ça créé un malaise. Pour lui, il n'y avait pas pire qu'un malaise entre lui et son amie.

Alice se glissa sous les draps, prenant garde à ne pas trop laisser son t-shirt remonter. Jonas la rejoint un peu plus tard, le feu aux joues. Il ne supportait pas de dormir avec un pantalon de pyjama, et allait devoir se faire violence pour ne pas être gêné d'être en caleçon. La jeune femme lui sourit, ne sachant quoi lui dire pour le rassurer. Il n'arrêtait pas de se dire que c'était déjà arrivé, qu'ils avaient déjà passé une nuit ensemble. Mais il y avait quelque chose en plus cette fois. Jonas entra à son tour dans le lit, et se mit sur le flanc pour regarder Alice, quelques secondes avant qu'elle n'éteigne la lumière.

- Alice...

- Hm ? fit-elle, essayant de paraître fatiguée.

- Pourquoi c'est bizarre ?

Elle ne répondit pas. En fait, elle n'avait même pas la réponse.

- Je sais pas... en fait, j'y croyais plus tellement. Enfin, je sais pas comment expliquer, mais quand on s'est disputé et que t'es parti, j'ai vraiment eu l'impression qu'il y avait eu quelque chose de brisé entre nous. Je pensais pas que tu me pardonnerais pour ce que je t'avais dit...

- Bah... je t'en ai voulu, mais j'aurais pas dû faire la gueule aussi longtemps. Tout m'a mis en colère ces derniers temps, et en parler me calme, mais trop lentement. Et quand je t'ai vu au café, j'ai su qu'il était temps que j'arrête de jouer au plus con. Surtout que j'avais pas eu d'autre choix de te pardonner.

- Pas le choix ?

- Ouais, je tiens trop à toi pour ça.

Alice garda la bouche fermée. Elle s'attendait à toutes les réponses, sauf celle-ci. Cette phrase voulait tout et rien dire, et ça la perturbait fortement. Dans quel sens tenait-il à elle ? Parce qu'elle, elle avait eu le temps d'y penser, seule dans son appartement le jour du Nouvel An. Les jours d'avant aussi, et ceux d'après également. Elle tenait à Jonas plus que tout au monde. Des nuits comme celle-ci, à être bercée par la respiration paisible de son ami, c'était tout ce qu'elle voulait. La jeune femme avait longtemps cherché à comprendre ce qui se passait. Pourquoi elle se sentait mieux quand il était là. Ça ne lui était jamais arrivé avant.

En y repensant, alors que Jonas la regardait encore, ça avait été évident. Tous les regards, les doigts entrelacés devant Netflix, les baisers volontairement décalés au coin de la bouche, les fougueux... Alice était amoureuse de lui depuis des mois. Seulement, mis à part leur dernier échange avant qu'il ne reparte pour l'hôpital, elle n'était sûre de rien. Il ne lui avait rien dit, rien montré.

- Alice...

Un silence se fit. La jeune fille se surprit à ne pas le trouver pesant, elle qui détestait ça d'ordinaire. Jonas mis longtemps avant de parler à nouveau. Peut-être qu'il ne trouvait pas ses mots, peut-être qu'il hésitait.

- En fait, j'aimerais bien te faire une super déclaration d'amour comme dans Love Actually, mais je sais pas comment m'y prendre. Pis venant de moi, je pense que ça serait bizarre.

- Love Actually c'est nul comme film, répondit-elle comme si le sujet principal de la conversation était totalement passé à la trappe.

En réalité, ses joues avaient tellement rosies à l'entente des mots "déclaration d'amour" qu'Alice préféra faire comme si elle n'avait rien entendu, au moins le temps que son cœur se calme, et qu'elle trouve quelque chose de moins hystérique à faire que de lui sauter dessus et l'embrasser à pleine bouche.

- Moi j'ai bien aimé, souffla Jonas, un petit sourire aux lèvres.

Alice, dans un petit saut, se cala sur le dos, les yeux rivés sur le plafond.

- Je parie que Princess Bride figure dans ton top 5.

Le jeune homme ne prit pas la peine de confirmer sa théorie. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Elle venait de toucher dans le mille.

- Moi j'suis pas foutue de dire "je t'aime", reprit-elle. J'aimerais pourtant, parce que j'suis sincère... mais ça sort pas.

- C'est pas grave. Ça se voit, en fait.

- Tu crois ?

- Oui. Même si tu m'aimais pas, je t'aurais quand même ouvert mon cœur. J'ai besoin que ça sorte.

- Tu sais que j'ai jamais eu de copain, Jonas ?

Le jeune homme renifla, amusé.

- Il y a un début à tout, tu sais. Moi non plus j'ai jamais été en couple avec quelqu'un.

Alice souffla, rassurée autant que paniquée. Et si ça n'allait pas finalement ? Si jamais elle ne savait pas s'y prendre et que leur relation tournait au vinaigre ? Elle perdrait un ami plus qu'un amant. Jonas glissa ses doigts dans les cheveux de la jeune femme, et lui offrit un sourire tendre.

- On y arrivera, tu sais, la rassura-t-il. Moi j'ai confiance.

- Mais si on se dispute tout le temps comme on l'a fait jusque là ?

- Et alors ? On s'est toujours réconcilié à ce que je sache. Je vois pas pourquoi la prochaine engueulade serait différente.

Voyant qu'Alice ne semblait pas réagir à ce qu'il venait de lui dire, il s'approcha d'elle et cala son visage au creux de son cou pour y déposer de petits baisers. La brune finit par tourner la tête, happant les lèvres de Jonas.

Finalement, c'était ça qui définissait leur relation : la spontanéité. Tout depuis le début, était improvisé. Alice sourit contre la bouche du jeune homme. Ça ne marcherait que comme ça. : y aller sans penser à demain. 


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Voilà, tout ce que j'ai à vous dire, c'est que j'en ai chié pour arriver à ce dernier chapitre. L'épilogue arrivera juste après, et je pourrais définitivement fermer ce livre. 

J'espère que ce chapitre vous aura plu, parce que j'en suis pas tellement satisfaite. 

Bisous, 

Alice.

Le livre dans tes yeux [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant