Sept ans passèrent durant lesquelles Alice et Jonas se hurlèrent dessus à maintes reprises, dormirent tour à tour sur le canapé, puis se réconcilièrent et devinrent plus complices qu'avant.
Le jeune homme s'en était tenu à son plan : faire son DUT littéraire, avoir le brevet pour être barista, et par chance, récupérer l'Arlequin. Marcus l'embaucha comme étant le seul serveur du café, lui dirigeant toujours depuis sa maison, où il s'occupait de Berthe. Jonas put ajouter plusieurs étagères qu'il remplit rapidement de livres, que certains clients garnirent eux aussi. Paul passait voir son fils tous les vendredis, et ensemble ils prenaient un latte à la vanille, toujours dans le coin orange de la salle.
Le père de famille se réjouissait de voir son fils épanoui, en compagnie d'une femme au caractère trempé mais avec qui il partageait de très bons moments. Il considérait Alice comme sa fille, et la remerciait régulièrement de rendre son seul enfant aussi heureux. La fierté qu'il éprouvait à son égard se ressentait à chaque fois qu'il évoquait Jonas.
Aujourd'hui était un jour calme. Paul était assis à sa table habituel, sirotant son éternel latte en lisant un grand classique de la littérature française. Jonas riait derrière le bar, caressant le ventre de plus en plus rond de sa compagne qui le regardait tendrement. Leur petite fille devenait de plus en plus lourde pour Alice, mais jamais en sept mois de grossesse la jeune femme ne s'était plaint. Même la tête dans la cuvette, elle lui soutenait mordicus, alors qu'il lui caressait la joue d'une main, tenant ses cheveux de plus en plus longs de l'autre, qu'elle allait très bien. Ensemble, ils ne retenaient qu'une chose : la hâte de la voir venir au monde et de la tenir dans leurs bras.
La clochette de la porte tinta et Jonas, enjoué, détourna les yeux de sa femme pour accueillir le nouveau visiteur. Son sourire fana aussitôt qu'il croisa les yeux fatigués d'Irène, sa mère, à qui il n'avait pas adressé la parole pendant sept ans. Elle le lui avait bien rendu, mais maintenant qu'elle était là, devant lui, les cheveux grisonnants et les trais tirés, il se rendit compte que sa mère lui avait manqué.
- Bonjour mon garçon, murmura-t-elle, honteuse.
Jonas s'en voulut d'être satisfait de la voir aussi petite face à lui. La façon dont elle l'avait traité au téléphone la dernière fois qu'ils s'étaient parlé lui avait laissé une marque qu'il avait du mal à effacer. Mais Irène restait sa mère, et il n'en avait qu'une : autant se comporter en adulte et engager le dialogue.
- Bonjour Maman.
Elle essuya discrètement une larme. Derrière son fils, Paul avait levé le nez de son livre et toisait son ex femme durement. Lui n'avait pas oublié l'état dans lequel Jonas se trouvait à cause d'eux, et contrairement à elle, il avait tenté de se repentir chaque jour qu'il avait vu son enfant.
- Je voulais te demander pardon...
Irène ne trouva plus les mots. Elle avait longtemps réfléchi, seule à Paris, à la façon dont elle voyait son fils. Elle avait été trop dure, elle qui s'était pourtant juré de ne pas reproduire l'éducation qu'elle avait reçue de ses propres parents. Mais elle était persuadé qu'une carrière telle que la sienne était la clé du bonheur, et elle avait voulu forcer son fils à faire de même.
Alors que Jonas semblait réfléchir, Irène parcourut la salle des yeux, évitant soigneusement Paul qui continuait de la fixer. Elle trouvait la salle jolie, bien que le style de meubles ne soit pas son préféré. La salle était chaleureuse, et elle aurait volontiers pris un café ici, assise sur une banquette près de la baie vitrée. Ses yeux se posèrent sur Alice, qui s'approchait maintenant de la trentaine, le visage un peu plus rond, les cheveux raides tombant sur ses seins grossis, puis sur son ventre moulé dans une petite robe bleu ciel, un bolas noir posé sur son nombril.
Peu rassurée sur la présence de sa belle-mère, la jeune femme eut le réflexe de poser sa main sur son ventre. La mère de Jonas n'eut cependant pas la réaction attendue : plutôt que d'incendier la brune, elle fondit en larmes, sanglotant bruyamment. Le jeune homme la réceptionna dans ses bras tandis qu'elle gémissait des "pardon" sans s'arrêter.
Jonas fut soulagé de constater que ça lui avait pesé plus à elle qu'à lui. Il avait pris sa décision depuis longtemps : il voulait de l'ordre dans sa vie pour la naissance de sa fille. La réconciliation avec sa mère était primordiale, et dans le fond, il avait arrêté de lui en vouloir depuis quelques temps déjà.
Le jeune homme serra sa mère contre lui et lui murmura, autant pour lui que pour elle :
- Tout va bien maintenant.
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Voilà. C'est la fin. Je ne sais pas si je dois me sentir fière de cet épilogue tant j'en ai chié pour le pondre. Ou plutôt non. Je savais déjà que tout ça allait arriver (et quoi de plus beau dans mon esprit que le ventre tout rond d'Alice... d'ailleurs leur fille s'appellera Arielle Conrad, pour ceux qui se poseraient la question), mais je ne savais pas du tout comment terminer le chapitre d'avant, en fait.
La niaiserie et moi, ça fait deux. Tout le chapitre d'avant n'est que du romantique, ou du moins, j'ai essayé, parce que j'ai très longtemps eu le genre d'idée pour, mais au moment de mettre ça sur le papier, rien ne venait.
Voilà donc la fin. J'écrirais peut-être un chapitre de remerciements, un mot de la fin pour ceux et celles qui m'ont suivi tout ce temps.
Merci par avance à tous ceux qui auront la flemme de lire le mot de la fin XD
J'espère que le reste de mon contenu (thrillers, fanfictions, les deux en même temps...) vous intéressera et le cas échéant, vous plaira autant que cette histoire.
Bisous sur vos fesses,
Alice.
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Le livre dans tes yeux [TERMINEE]
RomanceJonas est un jeune homme de dix-huit ans maigre, très maigre, trop maigre. Alice est une jeune femme trop heureuse pour l'être vraiment. Quand une tasse de latte les réunit par hasard les secrets éclatent, les blessures deviennent profondes, et l'...