Chapitre 7

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Il y eut un long, long silence. Un long, long silence très, très embarrassant.

Nuage d'Anémone se drapait toujours autant dans sa dignité de fille-de-chef-respectable-de-bonne-famille-qui-n'a-rien-à-se-reprocher et ne disait rien. Nuage Noir baissait les yeux et griffait la terre, nerveux. Nuage d'Albatros zigzaguait d'un esprit à l'autre. Celui de Nuage Noir, il le connaissait : la rivière qui coulait dans son esprit était particulièrement agitée. Celui de Nuage d'Anémone était complexe à cerner. Un paysage très bien dessiné, un paysage de la fin de la Saison des Feuilles Vertes qui faisait légèrement penser à celui d'Étoile de Neige. Bourré de couleurs, de nuances. Les feuilles vertes se mélangeaient aux feuilles oranges, rouges et jaunes. Le ciel était loin d'être rose comme l'avait pensé Nuage d'Albatros. Il était bleu, mais tout de même nuageux. Le soleil brillait, mais les nuages le menaçaient. L'esprit de Nuage d'Anémone était complexe. À neuf lunes, elle avait déjà un esprit nettement dessiné.

Il n'osait pas s'aventurer plus loin dans sa tête, sans savoir pourquoi. Depuis qu'il avait su qu'elle avait menti à tous, que sa vie n'était que dissimulation permanente, son regard sur elle avait changé.

- Comment tu as su... finit par dire Nuage d'Anémone en se tournant vers Nuage d'Albatros.

- Un petit coup de patte d'Aile de Corneille, répondit-il, et aussi... tu sais... quand tu as fait semblant d'avoir été la première à découvrir le corps de Pelage-de-Je-Sais-Pas-Quoi... je suppose que tu l'as abandonné quelques heures et que tu as fait semblant de l'avoir découvert, hein ?

- Oui, c'est ça, murmura-t-elle dans un soupir.

Nuage d'Albatros reprit :

- Je t'ai vue. Tu étais complètement paniquée, hors de toi, tu avais le pelage hérissé, tu hurlais... c'était de la comédie, c'est vrai. Enfin, en grande partie. Mais à un moment, tu t'es arrêtée. Tu avais marché dans son sang en revenant sur le corps. Tu t'es mise à fixer tes pattes, et tu as dit...

- Mes pattes dans son sang, finit-elle.

- Et juste après « du sang sur mes pattes ». Je t'ai entendu le dire très clairement. Tu as dit « Du sang sur mes pattes ». Je croyais que c'était parce que tu étais sous le choc de l'avoir découvert, mais...

- Arrête de parler de ça, l'interrompit-elle. S'il te plaît.

Elle était différente de tout à l'heure. Elle avait laissé tomber l'attitude hautaine de petite princesse. Sa voix s'était faite plus douce. Presque fragile.

- Je n'ai pas envie qu'on en parle. Je l'ai fait parce que je le devais. Et je n'ai pas hésité une seule seconde.

Nuage d'Albatros hésita, puis lui demanda doucement :

- Tu l'as regretté... ?

- Sur le moment ? Non. Pas une seule seconde.

- Comment est-ce que tu as pu tuer un chat comme ça et profaner son corps en plus ? Intervint Nuage Noir, les yeux brûlants. Nuage d'Albatros, tu vois bien qu'elle est pas net, celle-là !

- Nuage Noir... c'est pas toi qui disais que tu aimerais bien tuer quelqu'un ?

- Oui, mais... mais moi, je... c'est pas pareil. Moi, parfois, tu me connais, je... je perds un peu le contrôle.

Un silence s'installa. Nuage d'Anémone dit, une lueur de tristesse au fond de ses yeux verts :

- Moi, c'est l'inverse. Je ne le perds jamais, le contrôle. Je l'ai toujours.

Elle serra les dents et lâcha, d'un ton très détaché :

- C'est simple : ce jour-là, mon Don débordait un peu. Je suppose que tu connais ça, Nuage Noir. Quand on ne l'utilise pas, il finit par nous démanger. Ça fait tellement partie de nous que parfois, on est obligés de s'en décharger un peu. C'est comme... comme une force en nous.

Le Chêne et le Roseau - Fanfiction La Guerre des Clans [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant