Le Chêne et le Roseau - Fanfiction La Guerre des Clans [Terminée]

Chapitre 8

Le soir venu, Nuage Noir, Nuage d'Anémone et Nuage d'Albatros étaient tous les trois exténués. Ils avaient beaucoup appris. Ils se prélassaient dans la Grande Pièce, presque bercés par les chamailleries de Petite Luciole et Petite Tornade. Des apprentis s'entraînaient à soulever Petite Flèche du sol. Celui-ci se débattait, mais personne n'intervenait. Il n'avait pas le Don, après tout.

- Noyau d'Abricot m'a donné un devoir pour demain, disait Nuage d'Albatros. Il veut que je plonge dans un esprit, n'importe lequel, et que je fouille tout sans distinction. Sans aucune gêne. Il me dit que la morale, on s'en balance.

Comme ils ne connaissaient personne, les trois ex-apprentis du Clan des Roseaux préféraient rester entre eux.

- Feuille d'Olivier m'a dit qu'il était impressionné de mon niveau, dit Nuage d'Anémone. Il disait que pour quelqu'un qui a appris seule, je m'en suis très bien sortie. Mais... Galet Bleu dit que quelque chose me bloque, il me dit que je n'arrive pas à faire sortir tout mon potentiel. Il s'est mis en tête qu'il fallait que je soulève le gros rocher qu'il se trouve dans le Jardin à la Fontaine, vous savez, une des petites cours intérieures ?

- T'as de la chance, répondit Nuage Noir. Moi, Galet Bleu ne veut pas me dire mon potentiel. Je suis sûr que ça veut dire que je suis très nul et que j'ai un Don faible, à tous les coups.

- Je suis crevé, fit Nuage d'Albatros, on va se coucher ?

- Allez-y, je vous rejoins, dit Nuage d'Anémone.

Pendant que les deux garçons marchaient, Nuage d'Albatros glissa à Nuage Noir :

- Elle m'intrigue, celle-là.

- Bah. C'est une fille, c'est tout.

- Oui, mais... elle... est vraiment spéciale. T'en connais beaucoup, toi, des filles qui mentent à tout le monde ?

- Oui. L'ensemble de la gent féminine, c'est connu.

- Abruti.

- Tête de pavot.

Saisi par une sorte d'instinct, Nuage d'Albatros dit soudainement à Nuage Noir :

- Va te coucher sans moi, je te rejoins.

Et il suivit discrètement Nuage d'Anémone.

Nuage Noir regarda son meilleur ami partir avec cette petite menteuse. Il se sentait furieux, sans qu'il sache pourquoi. Nuage d'Anémone n'avait pas le droit. Nuage d'Albatros était son ami. Et maintenant, à cause d'une vulgaire fille, son regard changeait. Nuage Noir se perdit dans son imagination et s'imagina un instant plonger ses crocs dans la belle et longue fourrure blanche de Nuage d'Anémone. La faire souffrir. Bien comme il faut. Pour avoir osé toucher à son meilleur ami. Pour avoir osé être une menteuse. Lorsqu'il réalisa l'ampleur des choses auxquelles il pensait, il s'arrêta net.

Non... je suis horrible. Je ne peux pas. Elle ne m'a rien fait.

Mais pourtant, il sentait comme une chaleur étrange le parcourir dans tout son corps lorsqu'il pensait à Nuage d'Anémone, cette petite menteuse... et ses yeux verts, si beaux, qui papillonnaient pour de faux comme la menteuse qu'elle était. Son pelage toujours impeccablement lissé de menteuse. Il aurait plongé ses crocs dans son pelage de neige, il l'aurait tâché de sang, il l'aurait plaqué au sol, il lui aurait mordu l'oreille, fort, si fort... jusqu'à la faire hurler. Cette sale menteuse. Et comme si ce n'était pas suffisant, elle l'avait battu en combat. Il se rappelait encore de l'instant où il s'était retrouvé au sol, le long pelage de Nuage d'Anémone touchant le sien. Son pelage de menteuse, sa voix de menteuse, ses yeux de menteuse dans les siens, sa peau de menteuse collée à la sienne... ah. Ah, si on lui avait donné la force de la paralyser avec son Don, comme Galet Bleu savait le faire. Il l'aurait bloquée, cette sale menteuse. Et il lui aurait donné des claques, des tas de claques jusqu'à s'en user les pattes, il aurait claqué son joli petit visage blanc et adorable, son joli museau rose de menteuse, ses yeux de menteuse... ensuite, quand il aurait fini de la claquer, il l'aurait volontiers mordu. Juste un tout petit peu. Pour la faire pleurer. Peut-être que là, elle aurait manifesté une vraie émotion, cette menteuse, s'il l'avait faite souffrir... peut-être qu'au moins, lorsqu'elle souffrait, elle ne mentait pas comme la sale menteuse qu'elle était...