Le Chêne et le Roseau - Fanfiction La Guerre des Clans [Terminée]

Chapitre 29

Le lendemain, après leur très longue conversation de la nuit, Aile d'Albatros et Petite Belette eurent la sensation de se réveiller dans un autre monde. Fine Bruine remarqua immédiatement le changement de comportement de Petite Belette. Tout le monde le remarqua. Il restait Petite Belette, pourtant. Il était toujours aussi sarcastique, toujours aussi agité. Mais il n'embêtait plus personne. Plus personne n'avait à lui feuler « Dégage, Petite Belette ! » comme avant. Il passa cette journée sans faire aucune vague. Et lorsqu'Aile d'Albatros prenait une pause dans ses tâches de guérisseur, les deux félins partaient ensemble dans la forêt. Personne ne savait ce qu'ils y faisaient, mais ils en revenaient heureux et épanouis, riant avec une complicité qui crevait les yeux. La fin d'après-midi touchait à sa fin, et déjà, Fine Bruine ronronnait que décidément, la compagnie d'Aile d'Albatros faisait le plus grand bien à ce petit galopin de Petite Belette.

Petit Lotus passa la journée dans les pattes de Fine Bruine. Il était maussade, ce jour-là. Il fallait dire que son Don le démangeait plus que de coutume. Lorsque son Don le démangeait et qu'il avait peur de s'en servir, il se renfermait sur lui-même, n'osait rien faire.

- Petit Lotus, lui ronronna Fine Bruine après l'avoir entraîné à l'écart pour qu'il parle de ses petits problèmes, tu ne joues pas avec les autres, aujourd'hui ? Toi qui est toujours si plein d'énergie ! Tu ne répètes plus que tu seras chef, comme d'habitude ?

Petit Lotus murmura :

- J'ai pas le moral aujourd'hui, Fine Bruine. J'ai un peu peur. Ça... ça m'arrive parfois d'avoir peur s-sans raison. Faut pas s'en occuper.

Il se blottit contre elle.

- Tu me connais, moi, je... j'suis un grand anxieux. C'est ce que ma mère dit quand elle parle de moi à Aile de Corneille, elle dit que je suis un grand anxieux. Je sais pas ce que ça veut dire, mais je le dis quand même. J'ai... j'ai des angoisses, parfois. Je sais pas d'où elles me viennent, mais elles sont là.

Il se blottit encore plus fort contre Fine Bruine. Sa voix était toute petite, toute basse, presque apeurée.

- Même quand je serais chef, même quand je serais le Grand Étoile de Lotus, même là, eh ben j'aurais encore des angoisses. J'y peux rien, je suis comme ça.

Il soupira.

- Fine Bruine... pourquoi est-ce qu'il a fallu que j'aie... tu sais... que j'aie tu-sais-quoi ? Pourquoi je suis pas comme les autres ?

- Ce n'est pas une malédiction, mon petit cœur, lui dit doucement Fine Bruine.

- Mais comme par hasard, ça tombe sur moi, murmura-t-il. P-pourquoi ? Je... c'est depuis que... depuis que tu m'as expliqué que... qu'on p-pouvait me tuer pour ça que... que j'ai des angoisses. Je peux pas être comme les autres et jouer tranquillement, moi ! Pas en savant que je peux me faire tuer !

- En sachant, corrigea Fine Bruine.

- En sachant, répéta docilement Petit Lotus.

Il poussa un énorme soupir.

- Aujourd'hui, je... j'arrive pas à jouer. Ça ira mieux demain, peut-être. Mais aujourd'hui, il pèse trop lourd. Enfin, il... je devrais plutôt dire ça. Quand je dis il, j'ai l'impression que c'est une personne. Aujourd'hui, ça pèse trop lourd. J'y arrive pas.

- Tu as du mal à dire « Don », visiblement, lui dit doucement Fine Bruine.

- J'aime pas dire Don, c'est vrai, soupira Petit Lotus. Parce que quand les autres, ils le disent, eh ben ça a l'air d'être un t-truc sale, comme s'il faudrait avoir honte d'en parler. Et pis d'ailleurs, je... je peux même pas en parler.