One Shot Stories

La Bibliothèque

Ce texte est inspiré de l'univers du livre "La Cache" de Sandra Dussault paru aux éditions Québec Amérique en 2015

Phil courait. Il courait pour échapper aux horribles monstres qui le suivaient. Ils étaient d'une laideur atroce, quasiment surréaliste. Ne ressemblant à aucune créature terrestre, ceux-ci n'avaient pas de visages et leur corps mécaniques peinaient à se déplacer à la même vitesse que l'adolescent. De nombreux grincements résonnaient dans l'immense pièce de connaissance et donnaient la chair de poule à Phil, essayant à tout prix de trouver la grande porte parmi les dédales de livres.

Le jeune homme ignorait ce qu'ils lui voulaient. Il ignorait même si ces monstres étaient réels. Son imagination si différente, si qualitative, lui valait parfois la chance pour certains, le malheur pour lui, de voir des choses dont il était le seul à prendre connaissance.

Mais ces monstres étaient différents. Phil le savait. Ils n'étaient pas comme ces créatures qui lui apparaissaient parfois dans son sommeil. Non, celles-ci semblaient réellement se tenir à quelques mètres du jeune homme. Elles avaient une odeur d'huile brûlée, elles émettaient de la chaleur, se faisant retrousser les poils de l'Autiste.

Il se demanda soudain si l'endroit, orné partout de bois ne risquait pas de prendre en feu. Ça serait la dernière chose que son groupe voudrait. Il devait faire vite. Il devait les retrouver. Il devait retrouver les autres.

Phil se permit un coup d'œil derrière lui. Les tas de ferrailles et de chair semblaient ralentir, ou était-ce lui qui prenait du terrain? Il n'avait pas le temps de s'en soucier et devait continuer malgré ses jambes maigres et couvertes d'ecchymoses.

L'Autiste arriva soudain face à un cul de sac. Les murs couvert de livres montants jusqu'au plafond lui empêchaient de continuer sur son chemin.

« C'est impossible » se dit-il.

La Bibliothèque ne pouvait pas lui faire ça. Elle était censée aider tout ceux s'y trouvant. Il devait y avoir un moyen de s'échapper.

Il se retourna et vit enfin un passage, certes exigu, menant vers les confins de l'endroit. Il s'y aventura et devant lui se dressa soudain la porte.

La grande planche de bois massif était incrustée dans le mur, comme si elle y avait toujours été. Mais il savait que ça n'était pas le cas. La Bibliothèque changeait tout le temps. Les labyrinthes de savoir faisaient tout en leur pouvoir afin de guider leur hôte à travers celle-ci.

Les machines monstrueuses prenaient dangereusement vite du terrain. Il ne pouvait pas s'offrir d'hésiter. Il pénétra dans l'antre et ferma la porte au moment où d'immenses mâchoires de métal se refermaient sur l'ouverture.