«Et ils vécurent heureux»

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À papa,

Bonjour papa. Si tu lis cette lettre, c'est que je me suis enlevé la vie. Je ne pouvais pas continuer à vivre. Pas sans ma Sophie. Pas dans ce monde. Pardonne-moi. Pardonne-moi pour tout ce que j'ai fait. Tout ce qui a rendu ma vie et la tienne impossible. Tout ce qui fait que maman se l'est enlevé. Je vais être bien au ciel, avec Sophie et maman. À leur tour, elle pourront me pardonner. J'ai hâte de les rejoindre. Continue ta vie. Ne lâche pas. Justin en mérite une belle et la tienne se doit de bien finir. Il aura un père formidable, le même père que j'ai ignoré pendant des années. Sache que, malgré tout ce que j'ai fait, tout ce que tu as enduré, je t'aime. Je t'aime autant que ma Sophie. Autant que maman. Je regrette de ne pas te l'avoir montré davantage.

«Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.».

En voilà une belle bêtise. Les contes de fées ne sont que des conneries. Tout le monde souhaite une fin pareille. Mais la vie, ce n'est pas ça. La vie n'est pas qu'amour. La souffrance, la tristesse, le désespoir. Pourquoi nous cacher ces facettes de la vie si ce n'est que pour les découvrir après?

« Et ils moururent heureux, l'une par un pur accident et l'autre par une chute mortelle.»

Voilà notre fin. Voilà ce qui se passe quand on aime. Mais l'être humain a besoin d'aimer. C'est notre force et notre faiblesse. L'humain puise sa force dans celle-ci.

L'amour fait vivre.
Mais l'amour nous a tué.

Adieu, papa.

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