sans titre

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Un homme armé entra dans le hangar. D'une pilosité bien présente, il imposait la soumission. Personne n'aurait voulu mettre en colère cet homme faisant au moins deux fois ma carrure. Cela n'était cependant pas difficile à vaincre, vu ma petite taille et ma minceur qualifiée de presque squelettique pour certains.

Un hochement de tête vers l'une des grandes portes de l'endroit me fit comprendre que le choix de destination ne s'offrait pas à moi. D'un pas lent, certes, mais régulier, je me dirigeai, escorté du barbu vers ces sorties qui laissaient entrevoir grâce à quelques mètres d'ouverture un avion d'une longueur si petite soit-elle que l'on aurait pu la considérer comme ridicule.

L'engin, peint d'un rouge foncé rappelant vaguement celui du sang devait pouvoir accueillir une dizaine de personnes tout au plus. Deux gardes dont un ayant une similarité remarquable avec celui m'escortant surveillaient l'entrée de l'oiseau métallique. L'autre semblait vaguement être une femme mais les trait carrés, les cheveux jusqu'aux épaules et l'absence de proéminence si petite soit-elle au niveau de la poitrine rendait l'identification de son genre impossible.

D'un contact n'ayant rien d'amical avec l'arme du barbu me poussant dans le dos, on m'invita à entrer à l'intérieur du moyen de transport. L'aspect de la petite cabine faisait complémentaire avec l'extérieur de l'engin rouge. Elle était d'un blanc immaculé, donnant mal aux yeux. Plusieurs sièges semblait d'ailleurs avoir été recouverts pour parfaire la blancheur de la pièce. Des rideaux de dentelle disposés sur les hublots cachaient la vue. Une table ronde couverte d'une nappe blanche trônait au centre de l'endroit. Un homme y était assis me faisant dos. Sa chaise se retourna et je pus apercevoir son visage.

Des yeux bruns presque noirs, une bouche et un nez fins laissant paraître un philtrum prononcé, un front dégarni sur lequel quelques cheveux peinaient à vivre et une multitude de rides donnant à cet homme un air presque amical, même si, selon mon instinct, cela était loin d'être le cas.

Mes observations semblaient l'amuser, comme si je n'était qu'un enfant qui voyait pour la première fois un visage âgé et qui lui faisait des remarques déplacées sans mauvaises intentions.

L'homme semblait vouloir prendre la parole à tout moment mais semblait ne pas savoir par où commencer. Il fit un geste de la main, m'invitant à m'asseoir sur la chaise de cuire derrière moi.

C'est à ce moment que j'aperçus que l'homme tenait un verre de whisky dans la main droite. De l'autre, il tapait frénétiquement le rebord de hublot sur lequel il était accoté. Le sentiment d'amusement qui pouvait être facilement déchiffré plus tôt s'était transformé en inquiétude et en presse. Le vieil homme cherchait encore ses mots. Un malaise palpable se propageait dans la cabine sous le silence de mon interlocuteur, toujours en grande réflexion.

Au moment où le moteur de l'engin s'activa, l'homme déposa le verre contenant encore du liquide alcoolisé sur la table blanche et se pencha vers moi, déterminé à me faire part de ses craintes.

—J'ai besoin de votre aide.

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