Vingt-Huitième Chapitre

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Le 1er mars 2008. Une date qui restera gravée dans la mémoire de cette petite fille, Tora. Une demi-année auparavant, elle avait appris la tragique mort d'une personne très importante pour elle, Jagā. Un jeune homme qu'elle voyait plus souvent que ses propres parents, qui avait toujours été là pour elle. Alors que ses parents se disputaient déjà très souvent, ce garçon était toujours là pour la rassurer. À chaque fois que celui-ci partait au lycée, elle pleurait par peur de ne plus jamais le revoir.

_Ne pleure pas, je reviendrai plus vite que tu ne le crois, lui disait-il en replaçant la frange ébouriffée de l'enfant.

À chaque fois, il revenait le lendemain lui tenir compagnie et tenait le même discours à son départ. C'est le jour où il n'était pas arrivé à l'heure que Tora a commencé à s'inquiéter. Elle le réclamait auprès de ses parents mais ceux-ci ne savaient pas où se trouvait le jeune homme.

On lui annonça quelques jours plus tard qu'il était mort, suspendu au plafond de son appartement. Cette nouvelle la choqua. Elle ne comprenait pas. Il fallut lui expliquer qu'il ne reviendrait plus jamais, qu'il était avec les anges dans le ciel et qu'il menait une vie meilleure.

_Jagā est un menteur, pleurait-elle. Il m'avait promis qu'il reviendrait ! Il me l'avait promis ! criait-elle pleine de chagrin avant de retourner dans sa chambre en claquant la porte.

C'est à partir de ce moment que les problèmes ont commencé. Plusieurs mois après, la petite devint désagréable avec tout le monde, ne respectait plus aucune règle, rejetait toutes les aides qu'on pouvait lui offrir. Elle détestait tout et tout le monde, et en particulier ses camarades incapables de se défendre. Elle les traitait de "faibles". Il ne fallut que peu de temps avant qu'elle se mit, elle aussi, à les embêter, à les frapper. Elle enchaînait les punitions, les convocations, les devoirs supplémentaires. Mais cela ne changeait rien. Elle changea d'école de nombreuses fois pour raisons disciplinaires. La seule chose qu'elle arrivait à apprécier était les jeux d'échecs. Un jeu stratégique où elle pouvait montrer sa supériorité.

Un soir alors qu'elle rentrait chez elle, deux brutes qui se présentaient comme les grands-frères d'un élève qu'elle avait embêté commencèrent à la menacer. Ils lui tirèrent les cheveux et l'insultaient avant de la frapper. Après qu'elle se soit pris le premier coup, elle comprit qu'elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle se redressa et leur lança un regard noir, plein de rage. Ils commencèrent à se battre, se donnant des coups de poings et des coups de pieds plus violents les uns que les autres. À un moment l'un d'entre eux lui adressa la parole en la dévisageant.

_C'est étrange. Tu me rappelles un gars que j'ai connu au lycée. Un dur à cuire comme toi. Comment il s'appelait déjà ?

_C'était Osore Jagā, celui qui c'est suicidé ? demanda le second.

_Ouais, heureusement qu'il est mort.

S'en était trop pour la petite. Elle ne piuvait pas supporter qu'on dise du mal de ce garçon. Elle lança un violent coup de poing dans le visage du premier. Alors que celui-ci s'apprêtait à lui rendre son coup, il aperçut une silhouette derrière la petite fille. Elle était très sombre et malfaisante. Il prit peur et recula accompagné de son frère. Ils tremblaient de peur, reconnaissant ce visage.

_C'est toi... ? N-non c-c'est impossible !

La petite se retourna et rata un battement à la vue de cet homme. Il semblait vieux, avait le teint extrêmement pâle, habillé de vêtements abîmés et avait de longs cheveux pourpres et une barbe. Elle reconnut le visage du jeune homme même s'il avait été abimé par certains stupéfiants.

_Osore, s'écrièrent les frères.

Les membres de la petit fille se mirent à trembler. Elle ne pouvait pas le croire.C'était impossible pour elle. L'homme était mort quelques mois plus tôt, mais le garçon que la petite avait connu avait un visage bien distinct de tous ceux qu'elle avait pu rencontrer. Elle savait qu'il ne s'agissait de personne d'autre que lui, mais elle était aussi persuadée qu'il était mort. Elle était partie à son enterrement et pensait à lui tous les jours en espérant qu'il revienne. Son cerveau commençait à disjoncter. Elle ne distinguait plus le réel de l'irréel, confondait le rêve et la réalité.

Tora et l'AssassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant