Chapitre 6

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~ Kylie

Après plus d'une heure de préparation, je suis enfin décidée à sortir de la salle de bain. J'ai opté pour un maquillage plutôt class. Du fard à paupières sombre et pailleté, de l'eyeliner, du mascara et un petit rouge à lèvres nude. Il reste néanmoins discret. Concernant ma tenue ça reste à voir. Mes épaules dénudées avec manches trois-quarts sur le côté mettent en valeur mon décolleté. La deuxième partie de ma robe est droite et m'arrive jusqu'aux chevilles. Je n'ai pas trop l'habitude de porter ce type de robe mais Tiffany m'y a contrainte. Mes cheveux sont lâchés, j'ai juste fait deux tresses sur le haut de ma tête et les ai relié entre elles avec un élastique. Des escarpins beiges accompagnent le tout. Quand je rejoins Tif au salon, elle me regarde puis lance :

- Putain tu es magnifique ! Cette robe bordeaux te vas si bien.

- Tu es sûre que ce n'est pas un peu too much ?

Ma meilleure amie me prend la main en souriant. Elle m'emmène devant le miroir.

- Quand vas-tu enfin admettre que tu es superbe ? Regarde-toi et ce n'est pas parce que je suis ta meilleure amie ( elle regarde l'heure sur son téléphone ). Fais vite ! Tu vas être en retard, Cendrillon !

- Qu'est-ce que je ferais sans toi ?

- Je me le demande tout le temps, me taquine-t-elle.

Je sonne à la porte de ce qui me paraît être une villa. Une femme m'ouvre malgré le bruit de la musique. Sûrement un agent de sécurité vu son uniforme. Je me retrouve dans une foule de monde en costards et robes de soirée. Je suis soulagée d'un coup de ne pas être la seule aussi bien habillée. À côté ma tenue semble simple ! Ne retrouvant pas Patrick, je joue des coudes pour accéder au buffet. J'attrape un verre de champagne et le dépose à mes lèvres. L'atmosphère devient plus calme. Le DJ a changé de musique. Des couples commencent à danser dans l'immense salle. Sauf une personne qui reste à l'écart. J'en déduis que c'est un homme en dépit de la pénombre. Lorsque les lumières passent sur son visage, j'ai un moment de surprise. Je me dis que c'est impossible que ce soit lui mais dès que ses yeux verts se tournent vers moi, je n'ai plus aucun doute. La personne que j'avais "croisé" à Paris se trouve à quelques mètres de moi. On aurait pu tomber sur n'importe quelle chanson pourtant "All of me" de John Legend s'échappe des hauts-parleurs. Là, je suis paumée entre le destin et le hasard. Pourquoi mon cœur s'accélère quand je le vois me détailler de la tête aux pieds ? Je fais de même, examinant sa chemise légèrement entrouverte sous son costume et remonte vers sa bouche. Nous continuons de nous regarder jusqu'à ce que quelqu'un l'appelle. M'a-t-il reconnue ? Peu importe, je marche rapidement en direction de la balustrade. J'ai besoin d'air comme s'il avait pris tout mon oxygène. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Cet endroit isolé de la fête me permet de rester seule. La contemplation des lumières de la ville m'aide peu à peu à me détendre. Avec un minimum de chance, il ne s'est pas souvenu de moi. Je ferme les yeux un moment, respire l'air frais du mois de septembre. Pendant un temps, j'oubliais que je m'appelais Kylie et que les choses ne penchaient jamais en ma faveur. En ouvrant les yeux, je sens quelqu'un me fixer. Je sursaute et hurle :

- Bordel, vous voulez que je fasse une crise cardiaque ou quoi ?

Je ramasse ma pochette qui est tombée par terre lorsque j'ai bondi littéralement de peur. Maintenant que j'ai repris mes esprits, je me rappelle soudain que je suis ici pour représenter la société. Un tel comportement peut nuire à l'entreprise.

- Oh ! Excusez-moi ce n'est pas ce que je voulais ...

- Ton tempérament m'impressionne !

Cette voix... Encore lui ?! Je me retourne en un éclair. Ma confusion a curieusement été remplacée par de l'agacement. À l'instant même où je veux répliquer, il se rapproche, me faisant perdre tous mes moyens. Ça doit être parce qu'il me déstabilise que je suis agacée. Ou peut-être simplement parce qu'il joue de son sex-appeal et qu'il sait que ça plaît. Ça doit être ça ! Son sourire arrogant n'a pas disparu. Je devine une touche de malice dans ses yeux qui repart comme elle est venue derrière son impassibilité. Alors je n'imagine pas ce qu'il peut voir dans les miens. Il me dépasse toujours même avec mes talons de vingt centimètres. Ma respiration se fait de plus en plus difficile et je me maudis pour ça. Je réussi au moins à lever les yeux au ciel tout en m'éloignant. Mon assurance revient.

- Que fais-tu ici, Bryan ?

- Je ne connais toujours pas ton prénom.

- Tu n'es pas près de le savoir !

Patrick arrive pile lorsque je suis sur le point de partir.

- Kylie, je te cherchais partout.

Merci Parrain ! Vraiment ! Maintenant l'autre sait comment je m'appelle ! Il remarque après sa présence derrière moi.

- Je vois que tu as fait connaissance avec notre principal associé. Il s'adresse ensuite à lui :

- Merci pour l'invitation.

- C'est un plaisir !

C'est bon, j'ai atteint le fond ! Son sourire s'élargit devant ma tête déconfite et il décapsule encore une autre canette de bière. Et merde ! Mon patron ne remarquant rien, continue :

- Je vous laisse discuter. À plus.

Je l'observe partir, ahurie. C'est pas vrai ! Déjà je le croise ici et cerise sur le gâteau j'apprends qu'il va travailler avec moi ?!

- Il rigolait, c'est ça ?

- Absolument pas, Kylie.

Il s'attarde bien sur mon prénom, exprès pour me faire enrager. Sale beau con ! Je le contemple du coin de l'œil. Pourquoi l'Univers a voulu que je croise sa route ? Je me plante devant lui afin de lui dire ses quatre vérités. Avant même que j'ouvre la bouche, il pose ses lèvres sur les miennes. Je suis comme ensorcelée par leur douceur. Ce ne sont pas des papillons mais une tornade prête à exploser au creux de mon ventre. Il introduit sa langue dans ma bouche. J'y sens un léger goût d'alcool. Pendant notre baiser, il me plaque contre le mur. On aurait pu continuer encore longtemps si ma conscience n'avait pas décidé de se manifester. Je ne peux pas faire ça alors que je suis en compagnie de mon associé dans un endroit exposé à la vue de tous. Surtout que je viens pour le travail. J'arrête brutalement de l'embrasser et le repousse. Je sais qu'on s'était déjà embrassés mais cette fois quelque chose m'en empêche. Essoufflée, je lève mes yeux vers lui.

- Je ne peux pas faire ça...

Profitant de son étonnement, je le contourne et sors à toute vitesse. J'entends comme un juron dans mon dos.

Je reste auprès de Patrick qui me présente à d'autres personnes importantes au cours de la soirée. Vers 2h du matin, épuisée, je quitte la fête sans croiser de nouveau Bryan.
Je rentre à la maison en faisant le moins de bruit possible. Tiffany doit dormir depuis longtemps. Enfin en pyjama, je tombe telle une gracieuse merde sur mon lit. Quelle journée ! Mes pensées divaguent à propos de lui, le genre de personne dont je n'ai vraiment pas besoin à ce stade de ma vie. Je viens à peine de me reconstruire une faible carapace. Un simple coup dessus et elle se brisera en milles morceaux. Cette fois-ci je ne suis pas certaine d'en revenir indemne. Mais je ne cesse de me demander comment on a pu se retrouver ici alors que je pensais ne plus jamais le revoir. Je fini par arrêter de penser à cette rencontre invraisemblable. Morphée m'entraîne progressivement au pays des rêves et des licornes. Au moins dans mon monde inventé tout devient réalité. Mais si seulement c'était le cas en vrai...

Unpredictables - You got me !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant