Chapitre 40

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~ Kylie

Je pose doucement mes lèvres sur l'épaule de Bryan et me dirige dans la salle de bain. La veille, j'ai rencontré Jennifer et Eden avec qui je me suis tout de suite entendu. On aurait dit que je fais déjà partie de la famille.
Il était préférable que je dorme ici à cause des journalistes qui sont encore dans les environs.
Bien que j'ai passé une nuit merveilleuse en sa compagnie, je sais ce qui m'attend lorsque l'horloge indiquera minuit. Non je ne vais pas redevenir Cendrillon. Si seulement ce n'était que ça ! La réalité est bien plus tragique : ce sera le jour du nouvel an. Le 1er Janvier, un jour plein de promesses et d'attentes mais pour ma part il s'agit surtout d'un jour fatidique. Celui qui me montrait de façon cruelle que la vie, ne tenant qu'à un fil, pouvait s'arrêter brutalement sans prévenir.
Bryan me sort de mes réflexions en arrivant derrière moi. Il dépose un chemin de baisers au-dessus de ma clavicule et me mordille l'oreille.

- Ma mère m'a envoyé un message pour m'informer qu'elle partait se promener toute la journée avec Eden. Ce qui veut dire qu'on a la maison que pour nous jusqu'à ce soir.

Je lui lance un faible sourire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air bien.

- Non. Ce n'est rien.

Lui en parler ne servirait qu'à gâcher sa journée en s'inquiétant pour moi. Alors, il n'en est pas question. Je vais arrêter de me noyer dans mes souvenirs. Je ne serai pas triste aujourd'hui.

- Et si on allait se balader ? Les paparazzis se sont calmés. Et puis on ne va pas s'empêcher de vivre.

- Ce n'est pas ce que j'avais prévu mais ça me va aussi !

Nous commandons de la cuisine indienne livrée chez lui avant de faire du shopping au centre-commercial armés de lunettes de soleil. On a failli faire des bêtises dans les cabines d'essayage quand j'y repense. Qu'est-ce qu'on est insortables ! Un film d'action au cinéma et la journée s'achève déjà.

Le soir, nous nous réunissons tous les quatre pour un dîner simple. Le décompte du nouvel an commence et je me rends compte que les heures ont défilé sans que je pense une seule fois à eux. Nos verres s'entrechoquent et tout le monde se souhaite la bonne année. La culpabilité m'envahit comme à chaque fois. Encore une autre année que je vis sans mes parents. Une souffrance familière me submerge la poitrine. J'ai beau feindre la joie devant Bryan, Jennifer et Eden, la nostalgie ne me quitte pas. Je m'éclipse, prétextant que je suis fatiguée pour ne pas gâcher ce moment de famille. Elles ne remarquent pas mon faux sourire, heureusement. Par contre, Bryan est plus difficile à convaincre. Il analyse l'émotion dans mes yeux que je tente tant bien que mal de masquer et je détourne le regard avant de rentrer dans la terrasse derrière la chambre.

J'ai perdu les deux d'un coup. Les sanglots bloquent ma gorge. Des mots qui sont sortis trop vite, la colère présente sur nos visages, le claquement de la porte. C'est le dernier souvenir que j'ai de mon père et de ma mère. J'ai reçu un message de soutien de Tif tout à l'heure et ceux de Patrick et Lucy arriveront ce matin comme d'habitude.
La sensation qui m'apaise en fumant d'habitude ne me procure aucun réconfort. Un nuage de fumée s'échappe dans l'air. Je l'observe se dissiper petit à petit dans le ciel étoilé. Tout comme mes parents, il a disparu pour ne jamais revenir.
Je pleure un long moment, mes larmes sont intarissables.

- Kylie, tu es là ?

Bryan entre dans la terrasse et surprend mon visage baigné de larmes. J'écrase ma cigarette.

- Qu'est-ce qui se passe ? J'espère que je n'ai pas fait le con une fois de plus.

- Non... Ce n'est pas ça.

- Tu fumes ?

- Oui quand je suis stressée.

Ou triste.
Mon regard scrute le vide. Si je lui révèle mon secret, j'ai peur qu'il ne me revoit plus jamais de la même manière.

- Si tu veux que je te laisse tranquille...

- Non reste près de moi.

- Ça me fait mal de te voir pleurer, tu ne peux pas savoir.

Je cale ma tête contre son cou. Son odeur et le bruit de sa respiration me soulagent un peu. On reste comme ça, enlacés un moment puis je trouve la force de lui dire, la voix enrouée après avoir pleuré :

- Je ne t'ai jamais parlé de mes parents parce que...

Il comprend que j'hésite et joue avec mes cheveux dans un geste réconfortant.

- Ne te sens pas obligée de me le dire.

- Si. J'en ai besoin.

J'inspire encore une fois.

- Mes parents... ils.. ils ont été tués dans un crash d'avion il y a sept ans.

Ses yeux reflètent ma tristesse.

- Je suis désolé.

Je me réfugie dans ses bras. Le dernier aveu qui me ronge de l'intérieur ne tarde pas à franchir mes lèvres :

- Et je suis responsable de leur mort.

Unpredictables - You got me !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant