Chapitre 7

18 4 0
                                    

~ Bryan

" Tout ira bien, fiston. Appelle les secours.

La pièce est obscure, éclairée uniquement par la lumière de la lune et les phares des voitures qui passent devant la maison. Comment une journée qui commençait bien peut se finir de la sorte ? Une plaie profonde sur le dessus de ma hanche me fait atrocement mal. Du sang est éparpillé par terre mais ce n'est pas le mien. Je dois rester concentré sur celui qui souffre encore plus que moi :

- Papa ! Tu m'entends ? Papa !

À la suite de mes hurlements, ma mère devine que quelque chose de grave vient de se produire. Elle descend les escaliers quatre à quatre et crie d'effroi face au spectacle qui se déroule devant ses yeux. Elle me soutient comme elle peut, tremblante. Sa main caresse la joue de son mari, ils échangent un regard. Chacun embué de larmes de tristesse et envahis d'une douleur similaire.

- Non, je t'en prie, supplie-t-elle, tiens bon. L'ambulance va arriver...

Nos larmes coulent à flot, ne pouvant plus s'arrêter. Ma maman prend mon visage en coupe et me demande entre deux sanglots :

- Chéri... Prends-moi la trousse de secours dans le tiroir... Tu sais, juste là où je t'ai montré la dernière fois...

Je marche avec difficulté jusqu'à la salle de bain et récupère la petite mallette rouge en essayant d'oublier la douleur insupportable. De nouveau au salon, je la lui tends. Malheureusement, c'est déjà trop tard pour l'utiliser. Je fixe mon père sous le choc, la malette tombe dans un fracas épouvantable.

- Je vous aime tous les deux. Ne l'oubliez jamais.

- Nooooooooon ! "

Je me réveille en sursaut. Encore ce putain de cauchemar ! Je pose la main sur ma blessure qui n'est maintenant qu'une cicatrice. L'espace d'un instant je pense toujours que je suis ce petit garçon paralysé par la peur et la culpabilité. Mon corps est couvert de sueur et mon souffle est court. En respirant, j'essaye de retirer cette scène horrible de ma tête. Mais donner des coups de poings dans mon sac de boxe reste le seul moyen de me calmer. Une façon de canaliser toute la rage qui me ronge depuis des années. Et tout le temps, en enfilant ces bandages, je me pose cette foutue question : qu'est-ce qu'il se serait passé si j'avais pu le sauver ?
    Donc j'imagine sans cesse une fin heureuse à cette histoire mais je finis par me dire que je n'ai pas été capable de la reproduire. Alors je cogne encore et encore ce putain de sac pour sentir cette douleur familière. Une de mes méthodes infaillibles qui me permet d'oublier temporairement ce qui m'a détruit. Finalement à bout de forces, je prends une douche froide et deux ou trois verres de whisky devant la vue de l'océan. La mer tel du pétrole s'écrase sur le sable. Pareil aux démons qui grignotent lentement mon âme. Le clapotis des vagues et l'alcool me font lâcher prise. Je regagne mon lit. Un sommeil léger et agité accompagné de cauchemars me dirigent tout droit vers mon enfance.

Vais-je un jour m'échapper des ténèbres pour enfin trouver la lumière ?

Unpredictables - You got me !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant