Chapitre 10

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~ Bryan

Vingt minutes, une heure, deux heures... Je ne sais plus depuis combien de temps j'ai posé mon cul près du bar. Tout ce que je sais c'est que mon quota d'alcool est dépassé depuis un moment. Pour remplacer le whisky, je demande une tournée de shots de Vodka. Le serveur me les apporte en souriant. Peut-être parce que je lui donne un bon pourboire. Je pense ne pas me faire chasser de cet endroit tout de suite.

Et merde ! J'ai complétement oublié Kylie. Je retourne vers notre table mais elle n'y est plus. Ça ne devrait rien me faire pourtant je ressens du regret. C'est que je dois sacrément être bourré ! Je ne regrette jamais mes actes. Enfin plus depuis une vingtaine d'années. Alors pourquoi cette fille sortie de nulle part - enfin qui a apparu plus précisément dans mon lit - arrive à me faire ressentir un truc inconnu auparavant ? J'ai trop bu c'est évident...

Je reste là tel un con à dessaouler et je me casse enfin de cet endroit. Il me rappelle trop mon enfance. Lorsque tout était calme et que j'avais une vie normale. Bien avant cette putain de nuit qui m'a brisé à jamais.

▪▪▪

Je suis à la bourre comme d'habitude à mon entraînement privé. Jayson, mon coach et meilleur ami m'attend en faisant des pompes. Comment il se la pète !

- Moi je sais les faire à une main, mec.

Je lui fais un doigt d'honneur pour le saluer.

- Comme tu joues au sale connard arrogant, fais-en cinquante avec une seule main.

Je lâche un bon "va te faire foutre" mais je m'exécute quand-même. Une fois il m'a donné un coup bien placé, je m'en rappellerai toute ma vie ! Je n'ai pas envie de perdre ma bite, elle m'est plutôt utile... Bref ce gros bâtard est mon meilleur ami. Le seul qui peut se permettre de me parler sur ce ton sans que je m'emporte au quart de tour.

Après la muscu, Jayson me montre de nouvelles techniques de défense contre une personne armée. Je me retrouve dix-neuf ans en arrière dans la peau de ce petit garçon terrorisé sans aucune défense. Au fond, il n'a pas totalement disparu malgré moi. Le simple fait de pratiquer l'auto-défense me permet de me rassurer et de penser que je suis capable de me battre maintenant. Je frappe de plus en plus fort le bouclier que Jayson tient dans ses mains.

- Hey ! Ça suffit, tu vas niquer mon matériel ! Qu'est-ce que tu as ?

- Rien.

Je lui tourne le dos et range mes gants de boxe dans mon sac de sport.

- Tu pues l'alcool. Je croyais que tu avais arrêté.

- Putain, on dirait ma mère. Vous vous êtes donné le mot ou quoi ? m'écriais-je.

- Ça fait combien de temps que tu ne l'as pas appelé ? Elle m'appelle sans arrêt pour me demander comment tu vas. On s'inquiète pour toi. Eden aussi.

J'observe par la fenêtre l'activité de la rue. Un embouteillage causé par les journalistes me fait face. Il ne manquait plus que ça, putain !

- Je n'ai pas besoin de votre aide : je suis déjà foutu. Tout ce que je touche, je le détruit...

- C'est à cause de qui que tu es comme ça ?

- De personne.

- Tu mentais mieux avant, salopard !

- Comment tu peux le savoir d'abord ?

- Ne me la fais pas à moi. Je sens quand tu joues au petit con fier.

Sa remarque me fait ricaner.

- Aller. Raconte.

- Ok.

Je soupire, la main machinalement dans les cheveux.

- C'est l'histoire d'une américaine qui a atterri dans mon lit à Paris. Elle ne savait pas qui j'étais et elle s'était trompée de chambre. Personne n'était au courant que je me trouvais là, j'en ai chargé la sécurité de l'hôtel. Elle était carrément paniquée et ne savait pas ce qu'elle faisait là donc ce n'était pas une femme hystérique.

- Pourquoi tu étais en France ?

- J'avais une réunion d'affaires avec le gérant d'une entreprise associée pour un nouveau projet. Mais j'ai pris un vol à la dernière minute donc j'étais à la bourre. Du coup je n'ai pas pu arriver à temps.

- Et quel est le rapport avec la fille ?

- En fait, cette meuf je l'ai recroisé à la fête que j'organisais ici, à Santa Barbara. Et pas n'importe quelle soirée, c'était une entrevue avec mes nouveaux partenaires. Ensuite son patron me la présentée comme la réalisatrice de ce projet. En gros on doit travailler ensemble.

- Putain ! C'est dingue.

- Ouais.

- Elle s'appelle comment ?

- Kylie.

- Et quel est le problème ?

- On ne peut pas se supporter. Je ne sais pas mais Kylie est différente des autres femmes que je connais. Elle est têtue et arrogante. Je n'ai jamais vu quelqu'un comme ça !

- Tu dis ça parce qu'elle te résiste ? J'ai hâte de la connaître ! Ce serait drôle de vous voir vous engueuler.

Jay se marre. Personne ne m'a jamais résisté. Je ne lui avouerai pas par contre qu'une force indécelable en elle m'attire et me perturbe à la fois. Je ne suis pas habitué à galérer avec une meuf pour qu'elle couche avec moi. Généralement, ce sont juste des coups d'un soir que j'abandonne le lendemain matin. Beaucoup me supplie de rester pourtant je me barre sans un regard. D'autres plus rares ont ce qu'elles voulaient et se réjouissent d'avoir fait une partie de jambes en l'air avec "le PDG le plus sexy de Californie" d'après la presse people.

J'ai une vraie réputation de playboy. Des tonnes de paparazzis m'attendent de pied ferme à l'extérieur en ce moment même pour me demander qui est ma conquête du mois. La seule façon de les éviter est d'enfiler la capuche de mon sweat et porter mes fidèles lunettes de soleil. Bien sûr il y a toujours des petits malins qui me reconnaissent et me mitraillent de photos avec leurs appareils. C'est pourquoi j'ai engagé deux personnes de confiance comme agent de sécurité : Damian et Sonia. Leur travail les a rapproché. Ils sont maintenant ensemble depuis deux ans. Mis à part le fait qu'ils soient mes employés ce sont des amis sur qui je peux compter.

Une fois la séance de sport terminée, je descends discrètement vers ma voiture. Difficile de ne pas remarquer mon Alpine A110 noire quand je passe devant eux. Damian essaye de les retenir tant qu'il peut.

Dès que j'échappe aux dizaines de voitures de journalistes qui me suivent pour avoir le nouveau potin de la semaine, je rentre chez moi.

En sortant de la salle de sport, Jayson m'a lancé sur le ton de la plaisanterie : "On dirait bien que cette Kylie te plaît bien plus que tu ne veux l'admettre". J'ai fait genre que je ne comprenais pas. Tout le monde sait que je ne donne pas dans les relations amoureuses. Je ne peux pas me permettre d'aimer.

Alors pourquoi je m'empresse de lui envoyer un message ? Ce n'est que pour la baiser. Rien de plus rien de moins.

Unpredictables - You got me !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant