04 : Ce qui me blesse le plus

418 62 103
                                    

04 : Ce qui me blesse le plus

Contre toute attente, le client ne demanda pas le remplacement de son chef de sécurité diurne.

Sans surprise, par contre, ses petits jeux stupides reprirent, s'ils avaient jamais cessés. Il avait tenté plusieurs fois de se faire emmener par Satine quelque part, si possible loin, juste avant 9h30, dans l'espoir que Force ne parvienne pas à arriver à l'heure.

Ça n'avait jamais marché, bien sûr, puisque les deux chefs d'équipe s'informaient de ce genre de choses en temps réel, et la berline, comme toutes les voitures fournies au client ou aux agents pour cette mission, était équipée d'un GPS.

Jolt ne semblait même plus vraiment décidé à échapper à Force. Seulement à lui rendre la tâche la plus pénible possible. Il commençait à connaître les failles du maillage perfectionniste établi par Pollux. Il avait bien compris que chaque matin, de 9h30 à 10h, Force était présent mais pas disponible, il avait bien compris le système des rapports, et c'était là désormais qu'il tentait de s'enfuir.

Exactement comme ce matin. La veille, il avait fêté l'arrivée de week-end avec trois autres personnes, et tout le monde avait dormi – "dormi– sur place.

Et maintenant, à 9h45, tous les quatre tentaient de se faufiler, à peine habillés, par la baie vitrée du salon pour atteindre les escaliers du balcon-terrasse.

Il y avait deux jeunes femmes qui semblait-il se partageaient une seule tenue : la première, presque aussi grande que Peterson, avait la chemise et la culotte, et l'autre, rondouillette, portait le jean, le soutien-gorge et à la main, les chaussures.

Jolt et l'autre jeune-homme étaient en boxer, également chaussures à la main.

Le reste de l'équipe du matin profitait du rapport pour petit-déjeuner en cuisine, et l'équipe de nuit, par chance, n'était pas dans le salon. Jolt, en tête de file, arriva enfin à la fenêtre coulissante. Entre rires étouffés et murmures, baissés pratiquement à quatre pattes, ils s'imaginaient sûrement discrets comme des ninja.

— Que puis-je faire pour vous, Monsieur ?

Jolt se figea net. Il n'y avait qu'une personne pour avoir cette voix au calme exaspérant.

— Russel, dit-il à voix haute en se redressant. Vous êtes... là.
— Il est 9h30 passé, Monsieur.

Le client ricana :

— Il vous faut une vie, mon pauvre !

Ce ne fut pas très efficace. Force était bien trop pragmatique, il était ici à 9h30 parce que c'était son travail. Et c'était son travail de veiller sur la peau de Jolt Curtis. Il avait bien eu la sensation que l'imbécile préparait encore quelque chose.

— Je vois que vous sortez, quelle voiture souhaitez-vous que je prépare ?

Jolt, les yeux plissés d'agacement, soupira.

— Je sais conduire. Vous êtes obligé de m'emmener partout comme un petit chien ?
— Bien sûr que non, Monsieur. Vous pouvez choisir n'importe quel agent de mon équipe. Peterson est une excellente conductrice.

C'était également la grande l'agente blonde et carrée qui ne parlait presque pas, qui avait une vision de l'efficacité et du superflu très similaire à celle de Force.

— Écoutez-moi bien, Russel, commença Jolt en s'approchant, la voix plus basse, plus menaçante. Vous croyez que je vous paye pour être un emmerdeur comme ça ? Je suis chez moi, ici. Je fais ce que je veux. Et je veux conduire.

RADICAL : T1 「MxM」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant