65- S'il te plaît, reste !

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À présent, dans les couloirs de cet hôpital, je laissais parler mes larmes. Lâchant d'incontrôlables sanglots sans me soucier des regards curieux remplis de pitié qu'on me lançait. J'avais l'impression d'avoir perdu une partie de moi et que mes larmes ne servaient à présent plus à rien. Il était mort. Pour moi. À cause de moi. Et cela, jamais je ne me le pardonnerai.

Une infirmière s'approcha de moi hésitante. Elle se pencha dans ma direction, tendit ses mains vers moi dans l'espoir de m'aider à me remettre sur pieds. Mais à présent, tout ce que je voulais, c'était de mourir aussi. Et je priai pour que ce désir ne me quitte plus jamais. Brusquement je dégageai ses mains devant moi en criant à plein poumons:

-Foutez-moi la paix.

La concernée recule de quelques et finit par s'en aller sans demander son reste. Petit à petit, je me redressai, je finis par me mettre debout non sans grande difficulté et me dirigeai lentement vers la chambre. J'appréhendais déjà de retrouver un autre homme, juste une enveloppe de Michael. Mais l'homme que je voyais dans ce lit, avec des tubes dans les bras et la bouche, était bel et bien celui que je connaissais.

Je le regardais, les yeux embués de larmes, tandis que nos quelques mois de pur bonheur défilaient devant mes yeux. Notre histoire ne pouvait pas se terminer si tôt, pas sans qu'elle ait pu vraiment commencer. C'était incroyable mais pourtant, c'était ce qui se produisait. Après avoir connu un tel bonheur exemplaire, je refusais de tout perdre en une seule partie, j'avais l'impression de n'être plus rien, d'être totalement vide.

Je ne pus retenir un petit cri étouffé. C'était trop d'émotion, il fallait que ça sorte. Doucement, je lui pris la main et la portai à ma joue, elle était glacée. J'éclatai en un bruyant sanglot à mesure que je réalisais que plus jamais je ne pourrais sentir la chaleur de sa paume sur ma peau, ses yeux électriques, son sourire malicieux. 

Je me remis à sangloter et le serrai fortement contre moi, espérant ainsi garder à jamais une partie de lui imprégnée en moi.

-S'il te plaît, réveille toi! le suppliai-je.

Je savais que cela ne servait plus à rien. Mais bien que cela ne risquait pas d'arriver, j'espérais un miracle. Ne dit-on pas que l'espoir fait vivre? Je resserrai mon emprise, si fort que, s'il avait pu, il aurait depuis longtemps cessé de respirer. Tout cela avec espoir qu'ainsi je pourrais lui administrer une dose de ma vie.

Mes larmes, sur mes joues continuaient de ruiseler. Jamais de ma vie, je ne m'étais sentie aussi seule.

Existait-il une autre vie dans l'au-delà?

Y était-il déjà?

Me voyait-il de là-haut?

Je n'en savais absolument rien et m'en préoccupais très peu. Tout ce que je voulais à présent, c'était qu'il ouvre les yeux. Ou mieux, que j'ouvre moi-même les yeux et réalise que tout cela n'était qu'un cauchemar.

J'allais me réveiller le matin du jour de notre première rencontre. Ce jour où j'ai épargné Scott d'un terrible accident. Ce jour où pour la première fois, ses yeux bleus se sont posés sur moi, ce jour où dès l'instant présent, j'ai su que ma vie ne serait plus la même.

Aujourd'hui encore, elle ne le sera plus. Puisque celui qui lui donnait un sens ne fait plus partie de ce monde. Laissant derrière lui une mère brisée, une sœur effondrée et un frère qui sera à jamais rongé par des remords.

Puis soudain, je réalise ce qu'à dû ressentir ma mère le jour du décès de mon paternel. Ce vide immense qui prend place en soi, la sensation que tout ce qui comptait pour soi, en un clin d'œil, en un claquement de doigt, n'est plus, n'existe plus, est parti.

L'interdit attire. [ TERMINÉE/RÉÉCRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant