Chapitre quinzième

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Je cours depuis maintenant une bonne demi heure. L'air que je respire me brûle la gorge et mon sac me cisaille l'épaule mais je n'en ai que faire. Plus rien ne m'importe à ce moment précis. Tout ce que je veux c'est partir le plus loin possible et ne plus jamais revenir.

Je m'arrête finalement, à bout de souffle et m'adosse contre le mur d'un immeuble, dans une rue qui m'est étrangère. Le faible éclairage assuré par les réverbères ne m'aide pas à trouver mes repères. À quoi bon de tout façon? Je ne suis pas perdu. Je n'ai tout simplement nulle part où aller.

Je me laisse glisser contre le mur à côté de mon sac et posa ma tête sur mes genoux.

Je veux disparaître.

Je m'efforce de retenir mes larmes pour la énième fois de la journée et de repousser mes pensées sombres mais plus j'essaye, moins j'y arrive.

Pourquoi je suis né si c'est pour être comme ça? Même ma mère, la personne sensée m'aimer le plus au monde, ne veut plus de moi. Si elle ne m'accepte pas, qui va le faire?

***

«

Hé! Ça va? »

La première chose que je remarque lorsque je me réveille est un froid mordant. Encore dans les vapes, il me faut quelques instants pour constater que je suis toujours à l'endroit où je m'étais arrêté.

«Hé ho! Tu m'entends?»

Une secousse sur mon épaule interromps mes pensées et je tourne péniblement la tête. Un jeune homme se tient agenouillé à mes côtés et me regarde d'un air inquiet. Il porte des gants et un bonnet que j'envie beaucoup sur le coup. Je hoche la tête et plante mon regard dans le sien, attendant une réaction.

«Mais je te connais toi!

Je l'observe quelque instants, complétement déboussolé. En effet, ce jeune homme aux cheveux blonds me paraît familier, mais ou est-ce qu'on s'est rencontrés?

-Tu es le mec qui s'est littéralement jeté sur son copain quand je vous ai livré des pizzas dit-il avec un sourire amusé.

Ah oui. C'est le livreur. Trop abattu pour être gêné je me contente d'acquiescer silencieusement.

«Tu vas quelque part? demande-t-il en pointant mon sac.

-Non.

-Qu'est-ce que tu fais là alors?

-Je n'ai plus de maison...

Il semble confus et me jette un regard d'incompréhension. Voyant mon expression abattue, il comprend que je ne le fais pas marcher.

-Comment ça?

- ...»

Le souvenirs de cette horrible soirée déferlent dans mon esprit. Je veux pas y repenser. Pas maintenant.

Le blond soupire face à mon silence et se redresse.

«Bon... Viens avec moi. Tu peux pas rester ici, il va neiger cette nuit. Il me prend la main et me tire pour me relever. J'habite à deux pas d'ici. »

Je me redresse sans aucune volonté et le suit alors qu'il prend mon sac et le balance nonchalamment sur son épaule.

«Comment tu t'appelles?

-Jungkook.

-Enchanté. Moi c'est Jimin. Alors, qu'est-ce qui t'arrive?

Je soupire et visse mon regard sur le sol. Je n'ai pas le choix. Je dois me confronter à la réalité.

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