Chapitre 7

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Peau d'âne était maladroitement parvenue à conduire leur petite équipe à travers le bois, jusqu'à un chemin tracé par un emprunt régulier, et sûrement, peu recommandable.

Ils avaient parcouru quelques kilomètres avant de s'arrêter et de monter un camp éphémère. Elle était allée ramasser du petit bois, en compagnie de Marion, tout en essayant de contourner ses questions inquisitrices, à travers lesquelles elle essayait de connaître d'autres détails de sa malheureuse histoire.

Ils avaient discuté quelques heures autour du feu de camp, dégustant, avec un pincement au cœur, pour Tara, mais avec délectation, un lapin que Kylian et Aurore étaient allés chasser, avant qu'ils ne se décide à éteindre le feu et à dormir.

Juste avant de se laisser envahir par le monde des songes, plus sereine que la nuit précédente, Tara décida qu'elle devrait dénicher un maximum d'informations sur Aurore auprès de Sébastien, pendant leur cours du lendemain matin.

****

A son plus grand étonnement, il avait fallu que Thomas vienne la réveiller pour qu'elle donne son cours à Sébastien. Elle s'était levée en hâte, se sermonnant intérieurement. Elle se laissait beaucoup trop aller. Son sommeil avait été tel qu'ils auraient pu enlever son masque sans qu'elle ne s'en rende compte. Ce qui était certain, c'était que jamais, depuis ses trois dernières années, elle n'avait aussi bien dormi.

• Enfin ! Je me suis un instant demandé si tu n'étais pas morte dans ton sommeil...rit Sébastien, lorsque Peau d'âne le rejoignis dans un endroit dégagé près du camp, qu'elle avait déniché hier avec Marion, en cherchant du bois.

• Très drôle, ne t'a-t-on jamais suggéré que la profession de bouffon te siérait particulièrement bien ? répliqua-t-elle avec ironie.

Il sourit de toutes ses dents avant de lui offrir de la manière la plus naturelle du monde un de ses clins d'œil ravageurs.

• On me le répète sans cesse, c'est fou !

Elle resta paralysée. Ce petit geste la prit au dépourvu. Au plus profond de ses souvenirs, Sébastien ne lui offrait ses clins d'œil que lorsque qui lui faisait la cour. Son rythme cardiaque s'emballa au triple galop. Seigneur ! Se dit-t-elle, Je crois que je ne maîtrise plus du tout ce qu'il se passe.

• Annie ? Ça va ? tenta le beau brun.

Et maintenant il l'appelait Annie ! Où était passé le Peau d'âne ? Ça n'allait plus du tout. Elle se reprit lorsqu'il fit un pas dans sa direction.

• Euh oui ! Tout va bien, désolée. Je suis encore un peu ensommeillée voilà tout !

Il lui sourit, peu convaincu. Il la trouvait décidément de plus en plus étrange.

• Allez, on s'y met !

Sa piètre tentative visant à détourner son attention de manière discrète ne fonctionna pas. Il leva les yeux au ciel avant de se mettre en position.

****

Alors que Sébastien assénait pour la dernière fois de l'entraînement, et certainement de sa vie, un coup de l'épée bâtarde de Thomas sur un tronc d'arbre, Tara remarqua avec contentement que les exercices liés au renforcement musculaire de son bras gauche étaient très efficaces. Vue l'expérience au maniement de l'épée qu'il possédait déjà, il parvenait déjà à faire preuve d'une aisance et d'une habilité remarquable.

Il se redressa, le sourire aux lèvres et le torse luisant de transpiration, avant de planter l'arme dans le sol mou.

• Je me sens tellement mieux ! Mon bras me fait de moins en moins souffrir, et je deviens vraiment doué.

• Tout à fait, répondit Tara, cet arbre n'avait aucune chance.

Il rit de bon cœur. Ce son était, pour les oreilles de la princesse, une délicieuse mélodie qu'elle avait fini par oublier.

• Bon, eh bien maintenant, il ne reste plus qu'une chose à faire.

Sébastien arracha l'épée du sol, et, en tournant sur lui-même, la pointa dans la direction de Tara.

• Tu m'as promis un duel.

Elle rit. Décidément, il était irrécupérable.

• Pose ton épée, jeune chevalier, il n'est pas question que l'on s'affronte avec de vraies armes.

Il baissa son épée en levant les yeux au ciel.

• Te rends-tu bien compte que nous ne sommes plus des enfants ! Que vas-tu imposer ? Des bouts de bois à la place d'épée !

Elle laissa sa plainte en suspens, se retenant de toutes ses forces de laisser échapper un éclat de rire incontrôlable. A la vue de son mutisme, Sébastien écarquilla les yeux !

• C'est une plaisanterie !

Elle ne put se contrôler plus longtemps, elle fut prise d'un fou rire que Sébastien rejoignit presque instantanément. Après un long temps d'enfantillages, elle se décida à aller chercher leurs épées.

• Je te propose un marché, dit-t-elle, en lui tendant son arme de fortune.

• Un marché ?

• Tout à fait, ou, tu peux aussi le voir comme un défi.

• Je t'écoute, dit Sébastien en s'asseyant afin de relacer ses bottes.

• Je te propose un combat en plusieurs joutes. Elle s'assit à ses côtés pour l'aider, le voyant en peine pour croiser ses lacets d'une seule main.

• Celui qui a remporté le plus de joutes peut demander ce qui lui plaira au perdant, d'une question à....un gage, par exemple, continua-t-elle saisissant la chance d'arriver à ses fins.

• Tu oserais faire subir un gage à un manchot ?

• Au point où j'en suis, plaisanta-t-elle, au temps s'amuser jusqu'au bout.

Après quelques instants de réflexion, Sébastien accepta.

• Si je remporte plus de joutes que toi, ou si nous arrivons à égalité, tu devras accepter de me révéler ton véritable prénom.

Elle resta immobile un instant. Le risque était gros, mais, il y avait de fortes chances qu'elle gagne. Et si, par mésaventure, Sébastien remportait le défi, elle se dit qu'elle pourrait toujours mentir. Encore.

• C'est d'accord, fini-t-elle par dire, du bout des lèvres.

• Et toi, que me demandera-tu ? dit-il, en se relevant.

• Tu verras bien, éluda Tara.

Il sourit avant de se relever, lui tendant sa main valide par galanterie. Ils se mirent face à face, et pointant son bout de bois vers elle, Sébastien reprit son sérieux.

• Que le plus agile l'emporte !

Peau d'âne, il était une autre histoire : Tome 1, la princesse disparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant