Peau d'âne, il était une autre histoire : Tome 1, la princesse disparue

Chapitre 8

Pour la première fois depuis qu'elle était en la présence des personnes qui risquait à tout jamais de découvrir son plus grand secret, Tara était détendue. Ils marchaient tous tranquillement, finalement convaincus que là où ils étaient, les gardes du roi ne représentaient plus une menace. Le chant des oiseaux sublimait cette traversée alors que le rire de ses amis la rendait, à ses yeux, presque merveilleuse.

Ce qu'elle avait appris lui trottait encore dans la tête, mais, par lâcheté ou par sensibilité elle essayait d'oublier. Puis, elle essayait de se convaincre, elle n'aurait jamais dû savoir. Elle n'aurait jamais dû demander.

Épuisée par cette éprouvante réflexion, elle se replongea dans le présent puis rit à une blague idiote de Kylian.

Tara soupira, entre l'exaspération et l'amusement. Elle se rendit soudain compte que, depuis le moment où elle les avait retrouvés, elle ne survivait plus. Elle vivait. Tout simplement. Et cette nouvelle sensation était divine.

Il faisait plutôt beau, et de nombreux rayons de soleil se reflétait sur l'herbe verte sur laquelle ils marchaient. Elle eut presque envie de rire face à l'absurdité de la situation. Depuis quand vivait-elle dans un conte de fée ?

Les oiseaux, de leurs sifflotements aigus, semblaient entretenir une conversation et Peau d'âne, les yeux brillants s'attendait presque à voir bondir une biche et des petits lapins devant elle.

Son sourire innocent s'effaça aussi vite que sa nature suspicieuse revint au grand galop. Des oiseaux qui entretiennent une conversation ?

Elle avait l'étrange impression que des sifflements continus semblaient parvenir de chaque côté du chemin, comme s'ils conversaient. Mais en les écoutant, en les analysant avec plus d'attention, ces sifflements lui semblaient de moins en moins animal et de plus en plus humains. Une désagréable sensation lui tordit l'estomac. Quelque chose clochait.

Elle examina, les yeux plissés sous la concentration, les arbres feuillus sans parvenir à déceler la moindre agitation. Ils semblaient totalement vides. Trop vide.

• Ça va, Annie ? lui demanda Sébastien.

Elle s'était arrêtée sans s'en rendre compte, sans cesser d'observer les bois autour d'eux. Les autres s'étaient aussi arrêtés et s'étaient tournés dans sa direction. Ils l'observaient, perplexe face à son étrange comportement. Malgré leurs regards, elle resta silencieuse et concentrée.

Soudain, elle aperçut un mouvement, dans les buissons. Ce qu'elle vi était bien trop gros pour être un oiseau, un lapin, ou même une biche.

• Sortez vos armes ! hurla Tara.

Surpris, aucun d'entre eux ne réagirent tout de suite. Elle dégaina son arc au moment où une dizaine d'hommes sortaient des bois.

Pris dans une embuscade, ils furent en quelques secondes encerclés par un groupe d'hommes tous armés jusqu'aux dents.

Leurs arcs étaient bandés et pointés dans leur direction. Elle changea sans cesse de cible, mais, elle se rendit vite compte que cela ne servait à rien. Si elle ne laissait serait-ce qu'une de ses flèches atteindre l'un d'eux, ils seraient tous morts dans la seconde. Elle baissa son arme avec dépit. Ils étaient cuits.

Elle se rapprocha de Sébastien, qui en dépit de ses progrès, étaient encore en rémission, il aurait besoin d'aide. Il tourna la tête dans sa direction, et il se mit devant elle.

Tara fut exaspérée par sa fierté mal placée.

Aurore, Thomas, Marion et Kylian reculèrent doucement vers eux. Alors qu'ils étaient restés jusque-là silencieux, les hommes face au groupe des six fugitifs s'écartèrent pour laisser passer un autre brigand.