Chapitre 5

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Deux ans auparavant

Tiens-toi plus droite !

Tara obéit. Elle se redressa, releva ses épaules et se pencha un peu plus en arrière.

Allonge ta nuque ! Voilà, comme ça. Maintenant je veux que la corde de ton arc soit collée à ta pommette. Il faut que la flèche soit alignée sur ton regard.

August n'avait eu cesse de lui hurler dessus depuis près de deux heures. Il avait accroché une cible à un arbre et il attendait de Tara qu'elle soit capable de la toucher en plein centre, trois fois de suite et en moins d'une minute. Il s'opposait toujours à ce qu'elle l'accompagne au « travail », selon ses dires, elle était encore loin d'être prête.

Tara avait d'abord été très réticente à l'idée de cohabiter avec August lorsqu'elle avait appris qu'il n'était qu'un vulgaire brigand. Elle éprouvait un grand mal à se concilier à voler son propre peuple, enfin, à l'idée que les gens qu'elle aurait volé avait été auparavant son peuple. Mais, elle était parvenue, après mainte et mainte discussion, à le convaincre de ne prendre qu'à ceux qui en pâtirait le moins. Les bourges, les seigneurs et les membres de la petite royauté.

Mais, ne se contenter que de telles proies comportait de gros risques. Chaque vol entraînait de lourdes conséquences, et les soldats de son frère étaient décidés à mettre la main sur lui.

Sachant que toute personne importante se trouvait plus ou moins protégée, August se refusait à laisser Tara l'accompagner tant qu'elle ne maîtriserait pas parfaitement l'art du combat au corps à corps, du tir à l'arc, du combat à tout type d'épées et du lancer de couteau. Et pas moins.

Pour l'instant, la princesse se trouvait assez douée à l'épée, et elle se débrouillait plutôt bien au corps à corps. Mais quand il s'agissait du lancer de couteau et du tir à l'arc, elle ne montrait aucun talent, elle était tout simplement lamentable.

Elle manquait grandement de précision et de concentration, deux vertus indispensables à la maîtrise de ses deux arts, elle ne parvenait jamais à toucher la cible en son centre. Verdict : elle devait rester à la maison, mais, elle finissait par se sentir tout simplement inutile.

Épuisée, elle retira un moment le masque qui l'empêchait de penser convenablement et posa son arc au sol.

Qu'est-ce que tu fais ?! On n'est très loin d'avoir fini ! Et, tu ne te souviens pas de ce que j'ai dit à propos de ton masque, Tara ?!

Une autre chose s'additionnait à la nouvelle vie de la princesse, elle avait eu pour ordre de ne jamais sortir de la maison sans son masque. C'est vrai, qu'arriverait-il si la rumeur venait à courir qu'une jeune fille ressemblant à la princesse morte se baladait dans les forêts de la contrée voisine ? Elle avait choisi l'âne, parmi toutes les autres bêtes existantes, car la signification que portait l'animal lui était familière. On le pensait sot, idiot, sans défense, il lui a été attribué une réputation injustifiée, cette bête était la victime de ceux qui dictaient les lois, qui dictaient des vérités auquel tout le monde devait se plier. Mais elle n'était pas d'accord avec cela. L'âne était déterminé, intuitif, caractériel. Elle subirait en silence les mensonges de son frère, tout en sachant que malgré toutes ses paroles, l'authenticité de ce qu'elle était demeurée dissimulée sous la peau de l'âne.

August lui avait aussi appris à dépecer la viande, pour la faire cuire ou sécher, chose qui la répugnait atrocement, tout comme la chasse d'ailleurs. Elle se retrouvait de corvée de lessive et de cuisine un jour sur deux, August les autres, et il lui avait, de plus, enseigné l'art de faire un feu de cheminée, et de camp.

Peau d'âne, il était une autre histoire : Tome 1, la princesse disparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant