Peau d'âne, il était une autre histoire : Tome 1, la princesse disparue

Chapitre 7 ( 3 eme partie)

 • J'ai gagné, dit Tara, essoufflée.

Sébastien, étendu au sol, ne se redressa pas tout de suite. Il attendit que son souffle devienne plus régulier et se remit en tailleur face à elle. Le dernier combat qui venait se dérouler avait été aussi éreintant qu'exceptionnel. Il avait jouté pendant plusieurs minutes, tous deux à un fil de l'emporter. Mais Tara, plus expérimentée, plus déterminée ou plus effrayée, avait redoublée d'efficacité, d'imagination et d'endurance.

• Pose ta question, souffla-t-il, reposé.

Elle se tritura les doigts, cherchant une manière appropriée d'amener le sujet sur la table.

• Je veux être honnête avec toi, elle n'est pas vraiment à ton sujet.

Sébastien haussa un sourcil.

• Elle n'est pas du tout à propos de toi.

Son deuxième sourcil se releva mais il resta silencieux.

• C'est à propos d'Aurore. Et, je ne te l'ai pas dit avant pour être sûre que tu répondes à ma question. Désolée.

Sébastien leva les yeux au ciel en soupirant, il passa une main lascive sur son visage avant de grogner. Perplexe, Tara resta muette, et observa d'un œil attentif les étranges réactions de l'homme face à elle.

• Je t'écoute, souffla-t-il finalement, je n'ai qu'une parole.

Peau d'âne se redressa et, par réflexe elle resserra les liens qui maintenait son masque et remis sa capuche correctement. Elle voulait introduire sa question de manière naturelle et la moins suspecte possible.

• Je le trouve un peu...un peu étrange, enfin...j'ai l'impression, quand je vois la manière dont, dont elle se comporte avec vous, dont, elle s'adresse à moi...balbutia-t-elle, J'ai vu ce qu'elle a fait aux gardes ! Je me trompe peut-être, (elle était persuadée du contraire), mais, est-ce que j'ai tort de me demander s'il lui est arrivé quelque chose ?

Sébastien l'observait, les sourcils haussés intrigué face à l'entêtement et la gêne de Peau d'âne.

• Non. répondit le brun.

• Non ?

• Non.

Tara se leva, les yeux écarquillés, une affreuse sensation prenant place dans son esprit.

• C'est uniquement ce que tu comptes me répondre ? C'est une plaisanterie !

• J'ai respecté ma parole. J'ai répondu à ta question, répliqua Sébastien, un sourire mesquin sur les lèvres.

Prise à son propre jeux, Peau d'âne grogna puis tapa du pied. Sébastien se leva à son tour et ramassa sa chemise qui pendait à la branche d'un arbre.

• Ne te rhabille pas tout de suite, je vais m'occuper de ton bandage.

Sébastien reposa l'habit au même endroit où il l'avait trouvé et revint auprès de Peau d'âne. Elle examina sa blessure dans un silence agréable mais un peu trop pesant pour elle. Sébastien décida qu'il l'avait assez torturé ainsi et brisa lui-même ce silence.

• Je ne te dirais pas ce qui est arrivé à Aurore, elle est une de mes plus proches et plus vielle amie, et malgré ta prévenance et ta gentillesse, tu ne restes qu'une inconnue.

Tara releva son regard vers lui, et comprenant qu'il n'avait pas fini, elle ne dit rien.

• Aurore est la personne la plus forte que je n'ai jamais connu. Elle a survécu à des épreuves qui aurait pu détruire n'importe qui d'autre. Je sais qu'elle se donne un air froid, distant, voir inhumain, mais, elle est tout sauf cela. (Il resta un moment en suspend) Ce que tu as vu sur le chemin, ce qu'elle a fait aux gardes, ça paraît monstrueux, mais, c'est tout ce qu'ils méritent. Ces hommes, ces hommes n'ont aucun honneur. Et, si elle a besoin de leur faire subir ce genre de choses pour se reconstruire, soit, parce qu'il n'y a pas une once de méchanceté en elle. Juste une immense colère qu'elle a besoin d'évacuer. Et mieux vaut qu'elle le fasse sur eux que sur les gens qui tienne à elle. Nous avons mis tellement de temps avant qu'elle ne soit prête à baisser sa carapace auprès de nous...ne prend pas personnellement ce qu'elle te dit, je ne suis même pas sûr qu'elle pense ses paroles, mais, si c'est le cas, essaye d'être compréhensive, elle le mérite.

Tara resta coite face à son aveu. Elle finit en silence son bandage en essayant de ne pas imaginer le pire des scénarios. Mais cela était vain, il n'y avait qu'une chose qui apparaissait dans son esprit. Une chose auquel elle ne pouvait plus échapper. Et si, si part le plus macabre des hasards son intuition était la bonne, elle s'occuperait elle-même du tuer le moindre des gardes qui croiserait son chemin.