Peau d'âne, il était une autre histoire : Tome 1, la princesse disparue

Chapitre 4 ( 2 eme partie )

Tara avait dû tous les reconduire au lieu de leur rencontre afin qu'ils reprennent leur périple là où elle l'avait si habilement interrompu. Leur longue marche fut parsemée de nombreuses poses, essentiellement pour Sébastien, qui était en tête de file, suivi de Marion. Tara était encadrée par Thomas et Kylian qui se tenaient chacun à ses côtés. Aurore clôturait la marche.

En dépit du fait qu'ils l'avaient gentiment enjoint à leur aventure, il était plus qu'évident pour Tara que personne ne lui faisait confiance.

Vers midi ils ne se reposèrent pas très longtemps, près d'un cours d'eau, afin de manger et de remplir leurs gourdes. Ce petit périple se fit principalement dans le silence, tout le monde s'apprêtait à voir des gardes surgirent des buissons. Les représailles leur pendaient au nez.

Cette journée avait eu pour but de les éloigner au maximum du lieu du massacre. Ils avaient marché près de huit heures et ils étaient tous éreintés.

Il était temps de préparer un campement. Sébastien choisit un petit coin dégagé, en plein milieu de la forêt, à quelques mètres d'un ruisseau. On pouvait entendre les clapotis de l'eau qui s'écrase sur la roche. Après discussion, à laquelle Peau d'âne ne put prendre part, il fut décidé qu'ils resteraient ici cette nuit, jusqu'à demain midi.

Ils ne marcheraient plus que cinq heures par jour pour ne pas mourir de fatigue. Il leur faudrait faire encore deux arrêts. Puis ils avaient convenu de se rendre dans un village situé à environ quatre-vingt-dix kilomètres de leur petite base provisoire.

Une fois là-bas, ils achèteraient quelques provisions au marché et il faudrait récupérer les chevaux qu'ils avaient laissés dans l'écurie du village. Ils installèrent rapidement leur campement de fortune. Ils avaient placé de nombreuses couvertures sur le sol, puis avaient sorti des sacs de quoi se restaurer. Quelques pommes et de la viande sèche, le reste des provisions de Tara.

Avant de dîner, les filles décidèrent d'aller se laver. Elles emportèrent du savon, des serviettes et des vêtements de rechange. Elles revinrent une trentaine de minutes plus tard, totalement propres et habillées. Elles avaient lavé leurs anciennes tenues et les mirent à sécher ainsi que leurs serviettes en les accrochant aux branches d'un arbre.

Les garçons firent de même en un peu plus de temps. Après avoir eux aussi pendu leurs tenues mouillées aux branches d'un autre arbre, tous scrutèrent avec gêne Tara. Celle-ci compris qu'ils lui avaient permis d'aller se laver seule, et que c'était son tour. Reconnaissante, elle prit le nécessaire et fonça au ruisseau. Elle se dirigea dans un coin un peu plus reculé, là où l'eau était plus profonde et anticipant la venue de petits curieux qui souhaiteraient voir son visage.

Une fois satisfaite, elle posa sur l'herbe verte, au bord du ruisseau, ses habits et savons. Elle s'agenouilla, puis resta immobile. Les mains moites et tremblantes, elle prit une longue inspiration. Elle prit le temps de remettre ses idées en place et de calmer la fréquence de son cœur, qui ne cessait de s'emballer à chaque fois qu'elle avait l'impression quelqu'un la reconnaissait.

Des deux mains, elle dénoua le fil de sa cape, qui tomba lourdement derrière elle puis baissa sa capuche et son masque. Il lui était plus simple et plus agréable de respirer ainsi, sans cette cage de bois qui l'étouffait. Elle défit la tresse collée à son crâne, qu'elle réalisait chaque matin pour dissimuler ses originaux cheveux frisés, particulièrement reconnaissables.

Dès qu'elle était victime d'un regard trop appuyé ou d'une remarque légèrement étrange, les rouages de son cerveau se mettaient en route pour tout analyser. Elle était perpétuellement aux aguets afin de ne pas se trahir, et c'était épuisant.

Elle se passa une rasade d'eau claire et fraîche sur le visage puis entrepris de se déshabiller entièrement. Elle prit tout son temps pour se laver et laver ses vêtements. Au bout d'un long moment, elle sortit de l'eau et se sécha. Elle eut à peine le temps d'enfiler son pantalon qu'elle perçu le bruit d'un craquement de branche, brisant le calme apaisant de l'eau qui s'écoule à travers la roche.

• Oh mon dieu mais qu'est-ce que c'est que ça ? cria Marion horrifiée.

Sans même réfléchir, Tara, prise au dépourvu et en situation de faiblesse, sut de quoi elle parlait.

• Marion ! Qu'est-ce que tu fais là ?! lui hurla-t-elle sans se retourner.

• Oh, oui, désolée, se reprit la blonde. Tu mettais une éternité et on commençait à s'inquiéter ! Mais, ça va ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Il est vrai que Tara avait disparu depuis un certain temps maintenant, mais son arrivée impromptue et ses questions inquisitrices lui tapèrent vivement sur les nerfs.

• Oui, ça va ! Maintenant va-t'en ! Je finis de me changer et j'arrive juste après.

• D'accord, désolée, répondit-elle d'une petite voix en s'éloignant.

Dès qu'elle fut sûre que plus personne n'était là, Tara se découvrit et de rhabilla rapidement. Elle enfila une chemise, laça son veston et se recoiffa. Elle mit sa capuche et rattacha son masque. Après qu'elle fut certaine de s'être calmée, elle prit sa cape sans la remettre puis elle repartit au campement.