Peau d'âne, il était une autre histoire : Tome 1, la princesse disparue

Chapitre 16

• Quoi ? Non ! Bien sûr que non ! Vous êtes la princesse ! Vous étiez morte ! s'exclama la femme, perdant en un instant le masque de sévérité qu'elle avait revêtue.

Tara soupira. Il fallait qu'elle reste calme. L'engouement de cette femme la déconcentrait. Comment pouvait-elle s'en sortir maintenant que quelqu'un connaissait sa réelle identité ? Et comment ne pouvait-elle pas se rendre compte que la cible qu'elle avait en permanence dans le dos se dupliquait à chaque fois que quelqu'un découvrait qui elle était véritablement ?

Elle n'aurait jamais dû se lancer dans cette aventure. Elle avait été incroyablement égoïste. Inconsciente.

Son regard fut attiré par un petit garçon. Il courrait après une poule, le volatile paniqué caquetant en essayant de lui échapper.

Ils y avaient des enfants ici, des familles, comprit-elle. Comment pouvait-elle décemment mettre en péril leurs vies au profit de la quiétude de la sienne ?

• Je ne peux pas rester, je suis désolée.

Il s'en suivit d'un moment de silence durant lequel aucune des deux ne pipa mot.

• Je ne peux pas vous laisser partir, je suis désolée moi aussi.

Tara se retourna, surprise.

• Pardon ?

La jeune femme lui offrit un sourire contrit.

• Est-ce que vous vous rendez compte du lieu dans lequel vous vous trouvez ? Ce n'est pas un simple village. Vous êtes dans l'une des bases les plus importante de la résistance qui s'est érigée contre votre cinglé de frère, et vous pensez que l'on va laisser s'échapper la légitime héritière du fait de sa crise de conscience ? répondit-elle, perdant tout l'éclat de surprise qui faisait briller son regard déterminé. N'êtes-vous pas consciente de l'importance de votre existence dans ce qui se joue ?

Tara resta bouche bée quelques secondes.

• Je- Je suis parfaitement consciente de qui je suis, et...et mon frère aussi ! D'ailleurs, toutes les personnes qui sont mortes pour me protéger le sont tout autant ! Et personne, je ne dis bien personne, ne décidera à ma place du rôle que je souhaite jouer, quelque que soit l'importance de votre stupide jeu. Je n'appartiens à personne !

• Vous pourriez sauvez des vies ! Je ne sais pas où vous vous cachiez durant ses trois dernières années mais vous n'avez sûrement aucune conscience de ce qu'est devenu votre royaume depuis que le roi Benjamin est sur le trône ! C'est une cause juste !

Tara laissa échapper un rire sans émotion. Comme si leurs insipide résistance pourrait faire quoi que ce soit contre son frère. Même si dans leur cortège se trouvait une princesse en fuite. Une martyre, pensa-t-elle, ils veulent faire de moi leur héros.

• Vous dites que votre cause juste, mais vous êtes prête à me garder contre ma volonté pour arriver à vos fins.

• Mes fins ? Cette cause n'a rien d'égoïste, et mes intentions, à votre égard, ne sont pas mauvaises...

• Vous avez de bonnes intentions, bien entendu, comme tout le monde. Mais, ne-dit-on que le chemin vers l'enfer est pavé de bonne intention ? répliqua la princesse, décidée.

• Ne le prenez pas ainsi...souffla la commandante.

• Je ne vous en veux pas, vous savez, ajouta Tara. Je crois bien que le mien est déjà tout tracé, murmura-t-elle.

Sans autre forme de débat, Tara sauta par-dessus la table, surprenant la blonde, et lui assena un coup de poing dans la mâchoire. La jeune femme resta hébétée quelques secondes, ce qui permit à la princesse de se saisir de la chaise à ses côtés, puis, de l'abattre avec une force maîtrisée sur le flanc de la commandante. Elle voulait être sûre de se débarrasser suffisamment longtemps de l'obstacle qu'elle représentait.