Partie 2 : Au grand jour.

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Vendredi 8h02.

— Secrétariat du chef de corps, adjudant Lemaire, à qui ai-je l'honneur ?

— Heu, oui, salut, c'est l'adjudant Lacec du BOI. J'ai un petit souci, un truc perso à régler... j'ai cru comprendre que tu connaissais quelqu'un qui, que... enfin bref. On peut discuter ailleurs qu'au téléphone ?

— Un truc perso ? Je ne vois pas de quoi tu veux me parler. Vraiment, vraiment pas. Sinon le crâne ça va ?

— Ah-ah, hilarant. Allez, fais pas ta chiante. Ça te dit un café au foyer ? C'est moi qui invite.

— Vas-tu tenter de me soutirer des informations contre ce café ?

— Ben, c'est l'objectif, oui ! reprit-il plus assuré.

— OK, on se rejoint là-bas.

— Merci !

Malgré l'heure matinale, le foyer était bondé et les cafetières fonctionnaient à plein régime. La moitié du régiment s'était donné rendez-vous dans la salle de détente. Les serveurs s'empressaient derrière le bar, les tasses s'accumulaient et les conversations étaient animées. L'annulation de la cérémonie des couleurs était une aubaine pour ceux qui désiraient faire une pause avant d'attaquer la matinée.

Emma parcourut rapidement la foule du regard avant de trouver celui qu'elle cherchait, accoudé au comptoir, l'air mal en point. Elle s'approcha et sourit à l'idée de sa gueule de bois carabinée, avant de grimacer en songeant à celle d'Alix. À l'issue du rassemblement quotidien, cette dernière s'était enfuie vers son atelier, espérant sans doute se faire oublier grâce à l'imminence du week-end. C'était mal connaître Emma et son sens de l'équité.

Celle-ci n'avait jamais oublié le rôle du sergent dans sa propre vie sentimentale. Par petites touches, Alix l'avait aidée à sortir de sa coquille au cours de leur mission à Tahiti. Depuis leur retour, elles étaient devenues de véritables confidentes. Un soir de ras-le-bol plus intense que les autres, Alix lui avait enfin avoué ses déboires amoureux, avant de rompre. Curieusement, pour une fille qui rayonnait et respirait la confiance habituellement, cette rupture avait marqué un virage à 90 degrés dans son humeur. Hors de question de la laisser affronter cela dans son coin.

Emma connaissait Lacec de vue. Un bon militaire, très investi dans son travail, avec une réputation un peu sulfureuse. Il fallait reconnaître que son caractère ouvert et son physique avantageux - mon Dieu, sa ressemblance avec Mickaël était troublante - lui permettaient d'obtenir tous les suffrages. Et Alix avait besoin de s'amuser sans s'investir. Franck possédait l'indéniable qualité de faire une victime parfaite ET consentante. Même si des doutes sur sa fiabilité subsistaient, une aventure avec lui pourrait s'avérer être un agréable passe-temps.

Une légère tape sur l'épaule lui apprit qu'il n'était plus seul.

— Salut... Emma c'est bien ça ?

— Bravo, tu as gagné le droit de poser une autre question, fit-elle en le sondant de son regard bleu acier à peine caché par ses lunettes sévères.

— Ah ouais, quand même. Belle entrée en matière pour une reine des glaces. Tu t'entraînes pour les olympiades du rire ?

— Dans la mesure où c'est toi le demandeur dans l'histoire, tu seras gentil d'applaudir à chaque vanne que je débite.

— Dans la mesure où ta copine m'a allumé comme une torche devant témoins, tu devrais songer à préserver sa réputation avant que je me charge de lui construire une légende inoubliable. Maintenant qu'on a calé qui pissait le plus loin, on va pouvoir discuter sérieusement. Je pourrais aller voir à la DRH pour savoir exactement où elle bosse. Après tout, la secrétaire de ce service est une de ses complices. Mais quelque chose me dit que tu as plus à m'en apprendre qu'un simple fichier du personnel, et je ne suis pas sûr que la DRH lâche le morceau.

Cœur d'homme, âme de soldat 3 : Vivant !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant