Partie 3 : l'antre de la Bête.

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Franck.

Je suis enfin sobre et diablement troublé. Physiquement et moralement. Bizarrement, la scène de cette nuit passe en boucle dans ma tête, mes souvenirs sont précis, nets. J'ai appelé Lemaire sans réfléchir. Qu'est-ce qui me prend de chercher une aventure avec une personne que je pourrais revoir dans le cadre du boulot ? J'étais persuadé que les effets de l'alcool enfin dissipés, la perspective de passer un week-end complet avec une parfaite inconnue, aussi adorable fut-elle, ne soit plus aussi attrayante. Or je me surprends à jouer nerveusement avec les clés de ma voiture depuis plus d'un quart d'heure. J'ai vraiment hâte de la revoir.

À la lumière du jour, même engoncée dans sa côte de travail, les cheveux coincés dans un chignon strict et uniquement maquillée par le cambouis zébrant son museau, c'est la nana la plus sexy que j'ai pu croiser depuis longtemps. Et la première qui m'ait donné envie de mieux la connaître. Sa répartie a achevé de me convaincre. Du coup, je suis en avance à notre rendez-vous.

J'ai lancé ce plan sur un coup de tête, maintenant il s'agit de la séduire véritablement, car quelque chose me dit qu'elle sait ce qu'elle veut. En repensant à notre échange ce matin, je ris tout seul. Elle est vive, amusante, et ne fait pas de manières. De plus, en tenue civile, c'est une vraie bombe, j'ai pu le constater cette nuit. Je suis impatient de goûter ses lèvres, et de perdre mes doigts dans la douceur de ses cheveux pendant que je l'embrasserai. Markus m'a affirmé qu'elle était « juste » châtain aux yeux foncés. Moi, j'ai vu un ange aux cheveux dorés et aux yeux caramel. Une sucrerie avec une pointe d'épice, au potentiel hautement addictif.

Je n'y tiens plus et sors de ma voiture garée devant son bâtiment. Elle loge dans un BCC*, un de ces meublés mis à disposition par l'armée et situés à l'extérieur du régiment. Je croise quelques camarades qui me saluent avant de poursuivre leur chemin. À force de passer une main fébrile dans ma tignasse à la coupe militaire, le peu qui dépasse doit ressembler à un champ d'épis. Un instant, j'ai un mouvement pour y remettre de l'ordre d'un coup de salive, mais je m'abstiens. Si je dois avoir de la salive sur moi, ce sera la sienne et uniquement la sienne !

Alix doit avoir un sixième sens, car avant d'avoir pu frapper pour m'annoncer, sa porte s'ouvre et elle me fonce dedans avec entrain. Je la retiens pour éviter qu'elle ne tombe en rebondissant vers l'arrière. Elle est habillée d'une robe d'été toute simple, qui met ses formes ravissantes en valeur. Les banales tongs qu'elle porte me rappellent que j'ai affaire à une fille naturellement sexy qui n'a rien à voir avec les bimbos que je chauffe habituellement. Elle est tout simplement irrésistible.

— Ouuups, pardon ! Je ne vous avais pas entendu arriver !

— Mince, moi qui croyais que mon magnétisme ravageur franchissait les murs !

Elle penche la tête de côté, plisse les yeux en un regard rieur.

— Je suis sûre que votre charme pourrait traverser les forteresses les plus solides, mon adjudant. Vous voulez entrer quelques minutes, pendant que je vais porter mes cours à un collègue ?

Elle désigne le petit classeur qu'elle tient contre elle, fait un pas de côté et libère le passage pour que je puisse me faufiler dans son studio. Il est décoré comme un petit boudoir propre et bien rangé ; elle se l'est véritablement approprié, malgré les consignes habituelles de sobriété. Un petit bruit attire mon œil vers un meuble bas où une cage est posée.

Non ! Elle a une bestiole ?

Pourtant, le règlement l'interdit. Je m'approche et tente de voir le truc qui s'y cache. Une boule de poils couleur fauve de nature indéterminée est en train de ronfler en rond dans un coin. La vache, c'est petit, mais ça fait un bruit de Transall quand ça roupille, ce machin ! Pris d'une irrésistible envie de voir la bête, je tapote le métal à hauteur du rongeur.

Cœur d'homme, âme de soldat 3 : Vivant !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant