Partie 5 : en douceur.

5.6K 399 34
                                    

Franck.

Je relis son dernier message pour la dixième fois. Son air mutin et celui plus belliqueux de son hamster sont déjà en fond d'écran sur mon téléphone. Je me suis endormi avec l'appareil encore en main, comme un adolescent amoureux pour la première fois. La nuit a été fastidieuse, mais au moins j'ai survécu. Je suis encore vaseux, sans énergie et j'ai dû perdre des litres de flotte parce qu'au réveil, j'aurais pu boire une piscine entière.

Fallait que ça arrive ce week-end ! Les derniers examens sont corrects, le doc donne son accord pour me libérer, aussi je ne traîne pas et reviens chez moi, soulagé en milieu d'après-midi. Mon téléphone me fait de l'œil ; je suis partagé entre l'envie de l'appeler et lutter contre une énorme fatigue. Tout ce que je réussis à faire, c'est tapoter un texto pour l'informer que je suis bien rentré. Elle met peu de temps à répondre.

« Veux-tu que je vienne ? »

« Si tu veux. »

« C'est pas une réponse ça ! »

« Oui. »

« ??? »

« Viens jouer les infirmières sexy ! »

« Adresse ? »

Je lui indique le chemin et me traîne sous la douche afin d'éviter de passer pour un fennec boucané. Un coup d'œil dans le miroir me fout les jetons.

Ooooh la tronche !

J'ai perdu de la viande on dirait, alors que ça semble impossible en moins de vingt-quatre heures. Mes joues sont creusées et ma mâchoire plus saillante. Me raser paraît insurmontable, je me contente de ronfler sous le jet d'eau après m'être savonné, puis je m'extrais précautionneusement du bac. Manquerait plus que je me fracasse le crâne en glissant sur le sol mouillé !

Déodorant : check !

Brossage de dents : check !

Gueule de déterré : check aussi !

En bermuda noir et large m'arrivant à mi-mollet, tee-shirt blanc floqué des couleurs de ma dernière mission en Bosnie et tongs, j'ai l'air d'un pingouin qui fait du tourisme. Si elle m'accepte comme ça, alors qu'elle ne m'a vu que sur mon trente-et-un, je lui construis un piédestal.

À peine le temps de ranger les fringues qui s'ébattent librement sur tous les meubles du salon, qu'un coup de sonnette annonce l'arrivée de ma visiteuse. Son regard désolé en constatant les dégâts est plus parlant que n'importe quel discours. J'ai la tête d'un zombie qui dévore les cerveaux. À ma grande surprise, elle est soudain prise d'un fou-rire.

— Salut à toi aussi, Al, fais-je, un peu vexé.

— Par... don ! Mais, mais, mais, tu es si... fringant habituellement !

— Yipi ! Merci de me rappeler à quoi je ressemble actuellement !

— Oh non. C'est juste que tu as l'expression d'une petite chose fragile qui a du mal à cohabiter avec ce corps robuste. On dirait que tu as besoin d'un câlin et d'une bonne soupe faite maison !

— J'veux bien un câlin.

Je dois ressembler à une peluche miteuse trop attendrissante, parce qu'elle fond littéralement et vient m'enlacer de ses petits bras. C'est si bon de tenir son corps chaud contre le mien. Alix me communique un vif sentiment de sécurité. M'entraînant vers mon canapé, elle s'y assied en allongeant devant elle ses jambes dénudées par la robe courte qu'elle porte. Elle me murmure des mots de réconfort. M'invitant à me caler contre elle, je me blottis contre son corps et ne tarde pas à m'assoupir sous la caresse de la main qu'elle passe sur ma tempe.

Cœur d'homme, âme de soldat 3 : Vivant !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant