Franck.
Je me sens comme un héros des temps modernes ; moi, Franck Lacec, j'ai résisté à la tentation. Hum, d'ailleurs la tentation m'a regardé de travers pendant de longues minutes, durant le trajet. Mais elle ne se rend sûrement pas compte du sex-appeal qu'elle dégage. Elle est sexy, mais agit avec une spontanéité rafraîchissante, et une incroyable dose d'inconscience qui la rendent dangereusement craquante.
Si je m'étais écouté, nous serions en train de baiser comme des lapins avant d'avoir échangé nos numéros de téléphone. Aussi cette fuite peu glorieuse a été l'unique moyen de vivre un rendez-vous dans les règles. Ce n'est pas que je sois du genre à les suivre scrupuleusement, mais je ne veux pas gâcher nos premiers instants par excès d'impatience.
Nous avons tout d'abord fait une halte au bar du coin pour ne pas se mettre à table trop tôt, mais la musique assourdissante nous a rapidement chassés vers un lieu plus calme. L'ambiance du restaurant est agréable, l'accueil est discret et la décoration chaleureuse. Un pan entier de mur est recouvert d'une belle photo de sous-bois, des ustensiles et divers objets fermiers ainsi que de jolies compositions florales donnent à la salle un aspect champêtre.
Alix a quitté sa réserve depuis que nous avons pénétré dans le restaurant. Ça me conforte dans le choix du lieu de ce premier rendez-vous. Elle me glisse à l'oreille alors que nous attendons d'être placés à notre table :
— Si le repas est à la hauteur du cadre, je vais sortir de table en roulant !
— Garde un peu de marge pour le dessert, je lui conseille en haussant un sourcil ouvertement coquin.
— Ooooh...
Nous plaisantons, détendus en attendant que nos plats arrivent. Elle pétille comme des bulles de champagne, légère et enivrante. Tomber sous son charme est si simple que je plonge dans ses filets sans m'en apercevoir. Ses réponses et son rire fusent régulièrement face à l'interrogatoire que je lui soumets.
— Et côté famille, tu as des frères ou des sœurs ?
— Je n'ai qu'un grand frère qui vient de réussir le concours pour passer officier. Un traître à la Cause.
— Encore un qui a basculé du côté obscur de la Force !
— Et sans complexe en plus. Pour une fois, je ne vais pas suivre son exemple. Surtout quand je vois comment ils traitent leurs pairs issus du rang. Il y a une espèce de mépris de classe assez puante. En tant que féminine, c'est même pire.
— Il a déjà attaqué sa formation à l'École ?
— Pas encore. En tout cas, il a l'étoffe d'un bon officier. J'adore mon frère, mais objectivement c'est un grand dadais assez chiant. Je suis sûre qu'il fera une belle carrière. Et toi, de quel type de famille es-tu issu ?
— J'ai deux sœurs ; ma jumelle et une plus âgée ainsi qu'une mère poule divorcée très tôt. Une sacrée école de la vie !
— Oh. Tu dis ça comme si tu avais échappé à l'enfer. Ce n'est pas Bagdad quand même !
— Avec l'éducation que j'ai reçue, je peux intégrer les forces spéciales quand je veux ! Disons qu'il faut un sacré entraînement pour survivre à trois syndromes prémenstruels par mois !
Elle aurait pu mal le prendre, mais son rire réchauffe mes artères. On est sur la même longueur d'ondes. Plus calme, elle me regarde avec une lueur plus grave au fond des yeux. Je me sens dans un drôle d'état, mais c'est peut-être dû aux cacahuètes que j'ai bâfrées dans le bar avant d'arriver.
— C'est si simple de discuter avec toi. J'avoue avoir vraiment honte de ma conduite d'hier soir.
— Si tu n'avais pas été entreprenante, je n'aurais pas eu le plaisir de te connaître. Ne crois pas que j'ai réagi comme une bite sur pattes devant la première venue. Je t'avais remarquée, il y a quelques mois.
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Cœur d'homme, âme de soldat 3 : Vivant !
RomanceEn rentrant de sa mission à Tahiti, Alix a pris une grande décision : exit le boulet. Comme on dit, mieux vaut être seule que mal accompagnée. Depuis, c'est morne plaine et sexus tristus. Sur un coup de tête, elle décide de laisser ses inhibitions a...