chapitre 2

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COUMBA

Cela fait quelques jours maintenant, que je suis dans cet hôpital, loin des regards curieux. Ces quelques jours passés ici m'ont fait du bien, je me suis familiarisée avec le personnel de l'hôpital , le docteur Diouf est devenu un ami proche, on discute beaucoup quand il passe me voir.
Un sourd claquement de la porte me fait relever la tête, j'aperçois le docteur au pas de la porte.

- Bonjour Coumba! Bien dormi? Sourit-il

- Bonjour docteur!

- Tu te sens comment aujourd'hui? Demanda-t-il me consultant

- beaucoup mieux grâce à vous! Dis-je doucement

- c'est mon travail de prendre soin de mes patients, tu pourras bientôt sortir et reprendre le cours de ta vie! S'exclama-t-il

Qu'elle vie?  Vivre dans la rue est-elle une vie? Dans la rue les sans-abris surnommés clochards ou vagabonds ne vivent pas, ils survivent.
Ils vivent dans une profonde incertitude, ils vivent avec une peur permanente d'être agressé, violé, ou pire encore tué! Ils dorment dans des parkings, des caves, des chantiers, des terrains vagues...

- je peux te poser une question? m'interrogea soudainement le docteur.
Je hoche de la tête pour dire oui

- Où se trouve ta famille? Pourquoi personne n'est venue te voir? Posa-t-il s'asseyant en face de moi

- enfaite, je...euh...je suis orpheline, oui c'est ça je suis orpheline de père et de mère et j'habite toute seule! Mentis-je nerveusement

- je suis désolé!

- ce n'est rien ,ce n'est pas de votre faute! Repondi-je la tête baissée

- bon je te laisse je dois reprendre mon service !

Il laisse alors la place à l'infirmière qui m'aide à son tour à prendre mon bain, ensuite je prend mon petit déjeuné.
A peine je finis que l'imam fait son apparition

- ah tonton bonjour! Souri-je

- bonjour! Comment tu vas ma fille ? Repondit-il s'approchant de moi

- je vais bien Dieu merci!

- je viens de parler avec le docteur, il m'a dit que tu pourrais quitter l'hôpital demain, j'aimerai bien te poser quelques questions si ça ne te dérange pas bien-sûr ? Posa-t-il

-  euh...o..oui !

- ta famille? Pourquoi personne n'est venue te voir? S'enquit-il

- enfaite tonton je..je.. suis orpheline et j'habite toute seule! Mentis-je encore

Peu convaincu ; il ajoute

- tu habites où exactement? Demanda-t-il

- dans un quartier pauvre de la banlieue. Répondis-je en fuyant son regard

- garder les choses pour soi, détruit le cœur, tu dois partager tes problèmes avec ton entourage, dès le premier jour où mes yeux se sont posés sur toi, j'ai vu de l'amertume, de la peur et de la souffrance dans ton regard. Je sais que tu n'as pas d'habitat. Après ton accident, nous avons fait des recherches sur toi et des gens ont témoigné t'avoir vu dormir dans les rues, les habits que tu portais en témoignent aussi.
Il marque un silence puis ajoute

- .... le docteur dit que tu fais des crises pendant ton sommeil....Libères toi!

Une larme perle du coin de mon oeil,  Je ne peux pas me confier, j'ai peur, peur qu'on ne me comprenne pas, qu'on me juge, peur qu'on me traite de folle.
Non je préfère garder le silence, je ne dirai rien.
Je sens son regard sur moi sûrement attendant que je dise quelque chose mais les mots refusent de sortir.

HONNEUR PERDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant