HONNEUR PERDU

chapitre 1

COUMBA

je suis éjectée dans une espace blanche lumineuse, c'est tellement doux et calme, je n'arrive pas à bouger pourtant je me déplace, je suis à la recherche de quelqu'un ou de quelque chose d'inconnu. Je vois devant moi une rivière et deux personnes, l'une à ma gauche et l'autre à ma droite. On se comprend sans  se parler .
Celle de ma gauche me demande de traverser la rivière alors que l'autre reste impassible, elle me convainc de suivre mon coeur. je prend le chemin contraire à la rivière et celle de ma droit sourit, c'est la bonne décision.

J'ouvre lentement mes yeux, un homme en blouse blanche, penché sur moi me parle mais je n'entend rien.
Ma tête est vide, mon cerveau ne capte rien, je suis déconnectée ,néanmoins j'ai compris que j'étais dans un monde intermédiaire , les deux personnes représentaient sûrement la vie et la mort. C'était magique mais cauchemardesque.

Deux jours plus tard
Le médecin m'apprend que j'ai été percutée par une voiture et que c'est le propriétaire lui même qui me prend en charge.

- docteur, j'ai dormi pendant combien de temps? Le questionnai-je

- vous avez fais 10 jours de coma, mais vous êtes parmi nous maintenant. Vous allez pouvoir bientôt sortir d'ici. Sourit-il, ses yeux bridés se plissent en même temps.

Le mot "sortir" a été le déclic, sortir pour aller où?
Tout me reviens à la mémoire ma complicité avec ma jumelle, mes parents jusqu'à ce jour horrible , le jour où tout à basculer.

Flashback

On étais tous à table pour le dîner avec ma mère, la grande Farimata Ndiaye, mon père Habib Sall et ma jumelle Fatoumata Bintou Sall.
Mon père ne tolèrait aucun retard ni absence lors du dîner car dit-il: « c'est le seul moment où toute la famille est réunie, alors respectons ce moment et échangeons ».
Il nous félicitait avec ma jumelle pour nos bonnes notes à l'école,

- je suis tellement fier de vous mes enfants, j'espère que l'année prochaine vous réussirez à main haut au bac! nous dit mon père.

Papa était un père exemplaire, il était du genre complice avec nous , il aimait nos moments en famille, il faisait tout pour nous faire plaisir. Il nous répétait toujours «vous êtes ma raison de vivre! Qu'est-ce que je ne ferai pas pour vous!»

Le lendemain matin, j'étais toute seule dans ma chambre, quand on toqua à ma porte:

- oui entrez! M'exclamai-je

Surprise de voir mon père entré dans ma chambre

- Papa !qu'est-ce que tu fais ici?

- je n'ai plus le droit de venir voir ma fille dans sa chambre! Sortit-il mine d'être vexé

- Bien sûr mon papa d'amour, tu as tous les droits voyons! c'est juste que cela fais des années que tu ne viens plus dans ma chambre.

-mon bébé tu as tellement grandit, je me souviens encore quand on échangeait tes couches. Sourit-il nostalgique

- aller pa, je ne suis plus un bébé, sinon tu as besoin de quelque chose?

- non c'est juste que je me sens seul. Ta mère a dû se rendre au village avec Bintou à cause d'une urgence. et comme on est tout les deux seuls dans cette grande maison pourquoi ne pas se tenir compagnie? Retorqua-t-il me fixant droit dans les yeux

J'avais tout simplement souri en guise de réponse.  Ces regards s'intensifiaient de plus en plus, ce qui devenait gênant. Finalement il interrompit le silence tout en me faisant de petits rond sur le dos de la main...