16.Dylan

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Pdv Cylia

Lola est avec moi dans la chambre, assise sur le grand lit, pendant que je prépare mes affaires pour rentrer chez moi.
- Tout va bien à la boutique? Tu as eu le temps d'arroser les plantes?
- Oui, je les ai bichonné.
-Merci de t'en être occupé pendant mon absence. Je vais retourner travailler demain. Aujourd'hui je vais me reposer chez moi, je suis rincée.
Lola se lève, s'approche de moi et prend mes mains.
-Ecoute ma bichette, tu sais que tu fais partie des personnes les plus chères à mon cœur. Je ne me pardonnerais pas qu'il t'arrive quelque chose. Alors s'il te plait, tant que cette histoire n'est pas résolue, tu ne devrais pas rester seule. Installe toi chez moi ou reste ici, mais pas chez toi.
-Non, je dois reprendre le cours de ma vie, j'en ai besoin.
Je range énergiquement mes affaires dans mes nouvelles valises.
Lola monte le ton.
- Dylan sait où tu habites, il peux revenir n'importe quand et être violent!
-Elle a raison Cylia.
Swann apparaît dans l'encadrement de la porte. La colère monte en moi.
- Il est hors de question que je me cache ou que je fasse la morte! Plus maintenant! Je me suis jurée de ne plus m'arrêter de vivre pour qui que ce soit, et c'est valable pour vous deux!!!
Je n'en peux plus, c'est trop pour moi. Je prend mes valises et pars à toute vitesse vers l'ascenseur. J'entend Lola m'appeler.
-Cylia! Attend putain!
Je monte dans la cabine qui se referme juste sous son nez. J'y suis peut être allée un peu fort mais trop c'est trop. Arrivé en bas, un employé s'adresse à moi, je crois que c'est Josh.
- Mademoiselle Moreau, une voiture vous attend, nous allons vous reconduire chez vous. Donnez moi vos bagages je vais les charger dans le coffre.
Swann a eu le temps d'appeler la réception pendant ma décente en ascenseur on dirait. Je laisse mes valises à Josh pour aller directement à la voiture. Une fois la porte refermée, je prend une grande inspiration. Je dois être en apnée depuis 10 minutes.
-Bonjour mademoiselle Moreau.
C'est Dan,il est au volant.
-Bonjour Dan.
Il démarre et nous roulons en direction de chez moi.
Je pars sans même dire au revoir et merci à Swann pour tout ce qu'il a fait pour moi. Je ne sais pas si il va me rappeler après ça. Il va se dire que je ne suis qu'une fille à problèmes et il n'a pas besoin de ça dans sa vie. Quand à Lola, je l'appellerais pour m'excuser de lui avoir crié dessus. Elle me connait et me pardonnera.
Nous sommes arrivés en bas de mon immeuble. Je sors du véhicule alors que Dan s'occupe de sortir mes valises.
-Permettez moi de monter vos bagages jusqu'à votre appartement.
Il est tellement polis que j'ai du mal à lui dire non. Je hoche la tête pour répondre à son offre. Nous prenons l'ascenseur en silence.
Arrivé devant chez moi j'ouvre ma porte et me retourne vers Dan.
- Merci beaucoup Dan. Je vais récupérer mes bagages, vous pouvez y aller.
Il me dit avec un grand sourire:
-Vous savez je suis payé pour déposer vos sacs dans votre entrée, pas sur votre pallier.
Bon ok, le sens du travail bien fait.
Il entre donc et pose mes valises comme il l'a dit. J'accroche mon manteau, pose mon sac à main et me tourne vers Dan.
-Dan, pourrez vous dire à monsieur Harris que je le remercie sincèrement pour ces quelques jours de ma part?
- Bien sûr, je n'y manquerais pas. Passez une bonne journée.
Puis il tourne les talons et s'en va.
Je me retrouve enfin seul dans mon petit appartement douillet. L'odeur familière qui y règne me rassure. Je déferais mes valises plus tard, pour le moment c'est survêtement et sieste sur le canapé devant un feuilleton bien niais. Il faut que je récupère mes heures de sommeil perdues.

Ça fait deux semaines que je n'ai pas de nouvelles de Swann. Pas un appel, pas un message. Peut être qu'il attend que je fasse le premier pas, c'est quand même moi qui suis partie comme une hystérique, la honte. Je dois l'avouer, il me manque. Lola m'a téléphoné le lundi soir une fois calmée, je me suis excusée et tout est reparti comme avant. Enfin presque, Dylan est toujours introuvable. Ça ne dois pas être difficile à trouver un homme étranger avec une petite fille! Ma fille... elle est là, quelque part dans la ville, tout près de moi. Nous n'avons jamais été aussi proche l'une de l'autre. Ses parents en France doivent être très inquiets. Moi aussi je le suis. Mais je n'arrive pas à interpréter ce que je ressens. Je ne la connais pas, je ne l'ai pas élevée, je ne sais pas à quoi elle ressemble. C'est une inconnue pour moi. Pourtant, je sens au fond de moi que c'est une partie de mon être  qui est en danger. Cet instinct au plus profond émerge et se fait sentir. Il faut que j'arrête de cogiter. La police est sur le coup, tout va bien se passer. Je sors de la douche qui m'a fait un bien fou. J'ai eu beaucoup de travail ses derniers jours à la boutique. J'ai dû m'occuper du ravitaillement, de la confection, des clients, de la comptabilité... Je crois que j'ai été un peu trop ambitieuse avec cette affaire.  Je ne vais pas pouvoir continuer longtemps comme ça. Soit j'embauche du personnel, soit je ferme pour fatigue physique. Il va falloir réfléchir à tout ça.
Je vais me faire un plateau repas, je commence à avoir faim. Mais on toc à ma porte. Sûrement Lola qui passe voir comment je vais. Au moment où j'ouvre la porte je suis projetée en arrière contre le mur de l'entrée.
-Putain ça fait mal!
Je lève les yeux et ce que je vois me coupe le souffle. Mes jambes se mettent à trembler, mes mains s'engourdissent.
-Alors la fugueuse, contente de me voir?
-Dylan? Qu'est ce que tu fous là! Elle ou la petite?!
-Je vois que tu es déjà au courant de tout? Comment tu sais?
J'élude sa question.
-Qu'est ce que tu veux?
Il s'approche de moi tel un prédateur. Il a toujours la même tête, brun, les yeux noisettes, le style ténébreux avec sa barbe de plusieurs jours. Il est toujours aussi beau mais sa présence, son parfum me font remonter des souvenirs douloureux, malsains, je suis très mal à l'aise, nauséeuse. Il prend mon visage dans sa grande main et presse mes joues entre ses doigts, ce qui me fait la bouche en cul de poule.
-Je veux dans un premier temps que tu m'expliques pourquoi tu m'as caché notre fille et pourquoi tu es parti. Et si ton explication est convaincante, nous pourrons reformer une vrai famille, tous les trois.
Il m'embrasse sur la bouche et me relâche. Putain il est cinglé. J'ai le cerveau qui s'est mis en mode veille. J'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve. Il regarde autour de lui.
-Sympa ton appart, ça pourrait le faire en attendant. On achète un petit lit pour la petite et c'est nickel.
Je suis toujours plaqué contre ce mur qui me sert de point d'appuis.
-Bon je voulais te dire, c'est pas cool de m'avoir laissé en plan. J'étais super triste. Tu m'as manqué bébé.
Il revient vers moi et pose ses mains sur mes hanches. Il me regarde de toute sa hauteur, droit dans les yeux. Puis il presse son bassin contre le mien. Cylia, reprend tes esprits! Il faut que je trouve un plan pour le tenir à distance. L'emprise qu'il avait sur moi est toujours là. Je dois lutter, ne plus me laisser faire. Il lèche ses lèvres et regarde les miennes, je sens son désir grandir dans son jean. Il passe sa main son mon débardeur et va toucher mon sein. Mon souffle est coupé par la peur. CYLIA! BOUGE TOI! Je me défait de son emprise.
-Elle est où Rose?
-Tu connais son prénom?
-Oui. Et je veux savoir où elle est.
-Pas avant que tu m'ais promis de te remettre avec moi, et que mes affaires soient chez toi.
Je réfléchis quelques secondes. Si je dis oui, je saurais où est la petite, je n'ai pas le choix que d'accepter.
-C'est d'accord.
-Je savais que parfois tu pouvais être raisonnable.
Il revient vers moi et me plaque contre le mur. Il passe son nez dans mes cheveux et dans mon cou pour me sentir.
-Ton parfum m'a tellement manqué bébé.
Ses mains repartent à l'attaque de ma poitrine.
-Dylan arrête s'il te plait.
-Nos corps vont devoir se réhabituer l'un à l'autre si on se remet ensemble. Tu es encore plus belle qu'avant. Tes courbes sont parfaites.
Il me touche les fesses. Son souffle se fait plus intense, ses gestes plus insistants. Je détourne la tête pour ne rien voir mais je sens tout. Il faut que j'arrive à savoir où est Rose.
-Dylan, elle est où Rose.
Il tape du poing dans le mur à côté de ma tête. Je sursaute.
-Putain mais t'as pas compris ce que je t'ai dit!!! Seulement quand j'aurais rapporté mes affaires! Je veux pas me faire arnaquer cette fois ci! Pour le moment je m'occupe de toi, j'en ai trop envie.
Il relève ma jupe et commence à défaire la ceinture de son pantalon. Je ne sais pas quoi faire, je n'ai plus d'issue possible, je ne fais pas le poids face à lui. Il faudrait un miracle pour que ça cesse.
-Laisse toi faire et profite bébé.
Tout à coup, un bruit énorme se fait entendre. La porte d'entrée s'ouvre dans un tel fracas que Dylan fait un bon en arrière.
-POLICE DE MIAMI!NE BOUGE PLUS,LES MAINS EN L'AIR!!!
Dylan reste la bouche ouverte, plutôt surpris, comme si il n'avait jamais envisagé de se faire arrêter. Il lève les mains en l'air et le flic vient lui passer les menottes. Je sens deux grandes mains encercler mon visage, j'ai un mouvement de recule mais Swann apparaît devant moi.
-Ça va Cylia? Il t'a fait du mal? Comment tu te sens?
Il est complètement paniqué, ses yeux observent toutes les parties de mon corps à la recherche de la moindre blessure.
-Ça va je crois.
Il me caresse la joue et se tourne vers Dylan. Sa mâchoire se contracte, ses sourcils se froncent. Il s 'approche de mon agresseur et lui abat son poing sur son nez. Je crois qu'il y a mis toutes ses forces.
Dylan hurle.
-Putain!!! T'es qui toi! C'est quoi ton problème connard!!!
-Mon problème c'est toi.
Il revient vers moi et me serre dans ses bras.
-J'ai eu si peur pour toi.
Je reprend tout doucement mes esprits. Le côté rassurant de Swann m'aide beaucoup. Son charisme, son parfum, ses yeux, tout de lui m'avait manqué. Une question me vient.
-Comment la police est arrivée ici? Comment vous avez su?

Pdv Swann

La police vient d'entrer chez Cylia. Il était temps. Je me rue dans son appartements et la trouve plaquée contre le mur, tétanisée, la jupe relevée, le regard hagard. Cet enculé l'a touché! Je vais vers elle pour essayer de la faire revenir sur terre, la faire sortir de se cauchemar. Je prend son visage en coupe ce qui la fait sursauter. Je regarde si elle n'est pas blessée et lui demande comment elle va. Elle me répond d'une toute petite voix robotique. Elle est complètement choquée à cause de ce connard. Il a osé s'approcher d'elle, je sens l'odeur de la cigarette sur elle alors qu'elle ne fume pas. Ça ne peut être que lui. Je vais me le faire. Je marche vers Dylan qui est maintenant menotté. Prends toi ça sale con! Et je lui balance une droite dans sa face. Un jet de sang gicle de son nez et il se met à gueuler. Et encore je me retiens. Je retourne auprès de ma petite fleur pour la serrer fort dans mes bras. Elle m'a tellement manquée. Son parfum, la douceur de sa peau.
-Comment la police est arrivée ici? Comment vous avez su?
Je ne sais pas si ma réponse va lui plaire mais peu importe, je devais la protéger.
-Quand j'ai compris que tu étais décidée à rentrer chez toi, j'ai demandé a Dan de poser un micro chez toi.
Je vois que son cerveau fonctionne à plein régime. Puis elle comprend.
-C'est pour ça qu'il voulait absolument déposer mes bagages dans mon appartement?
-Oui.
-Et donc depuis deux semaines tu m'espionnes?
-Non mon ange. C'est un micro qui s'enclenche uniquement quand il y a un mouvement.
Je l'emmène dans l'entrée pour lui montrer.
-Tu vois il est la, sous ton petit meuble. Quand quelqu'un passe la porte, il se déclanche, ce qui émet un signal de notre côté. Soit on décide de couper le son après avoir vérifié que tout va bien, soit on le laisse enclanché comme nous l'avons fait ce soir.
Elle hoche la tête pour me signifier qu'elle a comprit.
-Mais c'est qui "on"?
-Ça, c'est une discussion qu'on aura plus tard d'accord?
Je l'embrasse sur le front.
Les flics ont fouillé Dylan, lui ont posé quelques questions et l'emmène à présent au commissariat pour l'interrogatoire.
Il s'adresse à Cylia.
-Bébé! T'inquiète pas, on va reprendre là où s'est arrêté, je reviens bientôt.
Il est complètement perché.
Je resserre mon bras autour de ma petite femme pour la rassurer. Je sens un frisson parcourir son corps. Un policier s'approche de nous.
-Mademoiselle Moreau?
-Oui?
-Il va falloir venir avec nous pour déposer plainte. Nous avons des questions à vous poser aussi. Mais avant tout, est ce que Dylan Parreau vous a dit où  était l'enfant?
Cylia fond en larmes.
-Non, j'ai pas réussi à lui faire dire. J'ai essayé pourtant.
Des hoquets font trembler son petit corps. Je suis malade de la voir dans cet état. Je m'adresse au policier:
-Est il possible de venir au commissariat un peu plus tard? Je crois que mademoiselle Moreau a besoin de se remettre de ce qui vient de lui arriver.
-Non monsieur Harris, désolé, la vie d'un enfant est en jeu, nous devons avoir le plus d'éléments possible dans un délais très court. Je ne pense pas que l'audition dure très longtemps. Vous pouvez l'accompagner bien évidemment.
J'acquiesce. Je prend une veste pour Cylia et l'aide à l'enfiler. Elle prend son sac à main et nous partons au commissariat avec ma voiture.

-Il y a une petite bouteille d'eau dans la portière si tu as soif.
Elle ne me répond pas mais saisie la bouteille et en vide le contenu.
Cylia est éteinte, renfermée, sous le choc. Je ne sais pas quoi lui dire ni quoi faire. Je ne peux que être là pour elle.
- Je vais appeler mon avocat, il pourra nous être utile par la suite. Ça te va?
-Swann, merci mais j'ai pas les moyens.
-C'est pas la question.
Elle souffle comme une petite fille. Je sens qu'elle est agacée, elle se sent agressée, c'est le contre coup. Il faut juste que j'arrive à la contrôler.
-Tu vas encore payer à ma place, pour que je comprenne bien que je suis une pauvre fille qui gagne mal sa vie.
Je freine d'un coup sec et m'arrête. S'en est trop. Je me tourne vers elle.
-Ecoute bien ce que je vais te dire. Tu n'es pas une pauvre fille comme tu le dis. Tu es riche, riche d' idées,d'intelligence, de caractère, de cœur, de beauté. Tu te dénigres car tu as vécu avec quelqu'un qui t'a fait croire que tu ne valais rien. Tout le monde a fait des erreurs dans sa vie, mais il faut se pardonner et ne pas continuer à se le faire payer jours après jours. Tu as le droit comme tout le monde d'être heureuse, tu mérites le bonheur alors accepte le quand il se présente à toi et ne le repousse pas. Laisse moi t'aider Cylia.
Sa lèvre tremble, ses yeux sont complètement embués.
-Mais pourquoi moi! Pourquoi tu veux autant m'aider!!!
-Parceque je t'aime Cylia!
J'aurais préféré lui dire dans d'autres circonstances mais c'est sortie tout seul car c'est la vérité. Je crois que je l'ai toujours aimé, avant même qu'on se connaisse mon cœur lui revenait.

Petite FleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant