Vingt-et-un jours plus tard
________________________________________________________________________________
Le souffle court, les pieds contre le parquet débordant d'échardes, un cri coincé dans la gorge, les larmes coulant le long de mes joues, je courrais aussi rapidement que mon corps meurtri me le permettait. Ils m'avaient laissé un bref instant pour que je prenne de l'avance. Ils m'avaient laissé courir comme la dernière fois. Et comme la dernière fois, ils allaient s'amuser avec moi.
Le bruit des bottes se rapprochait. Ignorant mon corps qui me hurlait de m'arrêter pour reprendre un peu d'air, j'ai accéléré la cadence, ignorant mon cœur qui bondissait dans ma poitrine à intervalles, je le savais irréguliers, mon ventre qui était tellement contracté que je croyais que j'allais vomir ou même ma vision tremblotante, envahie par mes larmes.
Je voulais m'arrêter mais chaque fois que je pensais avoir obtenu une opportunité, les bruits de pas se faisaient toujours plus rapprochés. Comme si... A mesure que je voulais m'arrêter, ils me poussaient au-delà de la limite que j'avais toujours imposé à mon corps, un sentiment qui me glaçait le sang dans de la sueur froide. Je voulais m'arrêter. Ma vision était couverte par un nuage de brouillard, mon ventre s'est contracté plus fort que la dernière fois.
J'ai ralenti légèrement et à cet instant, mon asthme s'est décidé à revenir avec autant de vigueur qu'un chien affamé. Il dévorait le précieux oxygène que j'avais tellement de mal à ramener. Mon rythme s'est implacablement amenuisé, malgré toutes mes supplications silencieuses, mes prières, mon corps pouvait seulement m'emmener aussi loin avec toutes ces limitations. Mon cœur battant à mes tempes, mes pieds traînant sur le sol malgré tous mes ordres, je ne parvenais par à avancer plus.
Je me suis jeté avec le peu d'énergie qui me restait derrière un des meubles de bois noir qui se tenait sur le mur, couvert de quelques décorations cassées, quelques photos couvertes par de la poussière et au cadre cassé ; j'ai tenté du mieux que je pouvais de cacher ma silhouette tandis que les bruits de pas semblait se rapprocher mais désormais, il n'était plus à un rythme aussi rapide que celui que j'avais entendu.
Non... Il était désormais lent, mesuré, comme la cadence d'un tambour. Je me pris la tête dans les mains, le corps tremblant. Pitié. Arrêtez. Je cherchais à repousser les sanglots mais le stress m'empêchait de faire quoi que ce soit.
Une voix râpeuse résonna dans le corridor, avançant en cadence avec les pas qui se rapprochait toujours plus de ma cachette. La personne semblait presque sur le point de ricaner.
_ Wouhou... (T/p)... Où es-tu, petit agneau ?
Je n'osais émettre un son. Les larmes courraient le long de mes joues et je me demandais même pourquoi ce monstre qui me poursuivait ne s'était pas rendu au niveau de ma maigre cachette. Mon dos était parcouru par des frissons, comme un doigt froid rampant le long de chacune de mes vertèbres. Arrêtez-ça... Arrêtez...
_ Promenons-nous, dans les bois, si l'agneau y était, je le mangerais, mais comme il n'y est pas, je ne le mangerais pas...
Ma gorge craquait, la main plaquée sur ma joue, j'essayais de ne pas gémir alors que mes larmes descendaient tandis que les bottes craquaient contre le vieux plancher. Mon coeur battait de manière incohérente, ma respiration devenait difficile et je n'osais pas lever les yeux. La personne se rapprochait dangereusement.
_ Pas derrière l'armoire, ni en dessous... Il ne doit vraiment pas être là du tout...
Je voulais hurler. Il jouait. Il jouait... Je me resserrais mes jambes contre ma poitrine, le coeur tenu dans un étau de fer, qui se refermait sur moi, à mesure que les bruits de pas se rapprochaient. De la bile remontait, brûlant mon oesophage et le froid s'infiltrait au travers de ma peau, parcourant mes os comme un serpent. Le bourdonnement irrégulier de mon coeur résonnait à mes oreilles et de la douleur enflammait tout mon être.
VOUS LISEZ
Un cri dans la nuit (Eyeless Jack X male reader)
Horror(T/p) est un garçon normal qui habite depuis quelques mois dans la montagne. Sa santé a poussé sa mère a quitté la grande ville et a changé d'"air". Il lui semble qu'il est épié, surveillé... Ses crises de panique promettent d'être nombreuses, d'au...