Un cri dans la nuit (Eyeless Jack X male reader)

Chapitre 10

Dans un sursaut, j'entre-ouvris mes paupières, et fus récompensé par de l'obscurité. Il a dû partir quand j'ai perdu connaissance... Avec le peu de force qui me restait, je passais ma main vers mon épaule gauche. Le contact familier de la compresse me rassura à moitié. Il était bel et bien parti, en dehors du manoir, en tout cas. Il ne serait jamais loin longtemps par contre. Il avait toujours tendance à revenir dans la semaine, toujours pour vérifier son 'petit agneau'. J'avais envie de vomir. Ce surnom avait été utilisé à plusieurs reprises par le clown, mais Jack avait rapidement fait comprendre que seul lui pouvait m'appeler comme ça. Pas que cela soit rassurant. 

Comme à chaque fois qu'il le faisait, je n'étais pas capable de bouger. Il y aurait un temps où je serais inconscient, et après, je trouverais peut-être la force de me déplacer. Il n'y avait pas vraiment de raison que je sorte, mais la sécurité de la chambre était relative. Quand il était présent dans le manoir, il voulait être proche de moi, soit en restant dans la chambre, soit en parcourant les couloirs. Quand il était en mission par contre... Cet endroit était le dernier dans lequel je devais me trouver, je n'ai jamais cherché à découvrir ce qui se passerait s'il revenait et qu'ils m'attaquaient. 

Il avait des crises de rage violentes, je l'avais déjà vu déchiqueter à mains nues le canapé, avec un hurlement inhumain, avant de pourchasser Jeff. Je ne savais pas vraiment la raison de la querelle, juste que c'était ce qui m'avait terrifié le plus. Cela avait donné encore plus de réalité que je n'étais pas avec des humains mais des êtres, des monstres capables de me tuer à n'importe quel moment. Et que ma sécurité dépendait des humeurs de l'un d'entre eux, et que rien ne pouvait l'empêcher de me torturer. J'étais 'l'agneau' de Jack. 

C'était avec cette pensée affreusement morbide, avec un vague souvenir du premier cadavre que j'ai vu, que j'ai sombré dans l'inconscience, l'obscurité me happant comme une proie. J'ignorais combien de temps j'ai dormi, si je pouvais utiliser ce terme. Probablement pas longtemps. Je n'avais plus du tout trouver de sommeil tranquille depuis mon arrivée. Je n'avais pas bougé de ma position, et en me relevant, avec plus de force que mon précédent réveil, je me rendais compte que Jack avait retiré la chaîne. Probablement pour me laisser manger. 

Avec un estomac noué, je me suis levé, tentant de redresser la chemise que je portais mais c'était inutile. Il n'y avait pas vraiment de moyen pour moi de faire quoi que ce soit avec ces vêtements, et c'était le cas pour tout ce que j'avais. La pièce tangua comme un navire et je me trouvais sur le sol. Mon menton avait heurté le bois et j'avais l'impression que toutes mes dents avaient été décrochées un instant. La douleur était brûlante mais j'ai évité de toucher. Le mal de crâne n'arrangeait rien. Mon estomac vide grogna et je sentais une remontée d'acide le long de ma gorge. Oh joie. J'avais de nouveau droit à ça. 

Rien n'allait pour s'arranger. Dans un état qui aurait fait pâlir un médecin, je me suis rendu dans la cuisine, le sol et ses nombreuses échardes s'enfonçant dans les plantes de mes pieds. Ce qui m'avait fait mal auparavant n'était plus qu'une gêne désormais. Mais les autres avaient toujours le moyen de me faire souffrir. Même quand je pensais que rien ne pouvait me faire plus mal, Laughing Jack venait avec une toute nouvelle idée qui me donnait des cauchemars. Il n'était jamais allé dans l'extrême mais... 

J'ai tenté d'éloigner l'anxiété, tentant de la masquer par la faim, sans vraiment de succès. J'ai cherché à me donner plus faim en regardant les quelques fruits sur la table. Il semblait qu'une majorité du manoir n'était pas intéressé dans des légumes ou autres, purement des carnivores, comme s'ils n'avaient pas assez l'occasion de voir de la chair morte. Mis à part les sucreries, que de nombreux membres mangeaient de manière régulière, il n'y avait pas grand chose. Mais depuis que je suis arrivé, il y avait plus de fruits. Et heureusement. Je serais mort de faim autrement.