6- I'VE BEEN HURT SO I DON'T TRUST

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      Cela fait maintenant deux heures que nous sommes au Cove Skatepark, et je suis loin de m'ennuyer. Nous avons fait des concours de tricks, des courses de vitesse... C'est la première fois que je m'amuse autant avec quelqu'un qui fait du skate. Glenn sait en faire, mais seulement comme moyen de transport, il n'a pas assez de technique pour aller plus loin. 

Ça fait du bien.

       « Luanna ! Crie Jack, de l'autre bout du parc. On va manger ? »

      Je le rejoins avec déception, j'aurais pu y rester des heures.

Nous nous dirigeons vers un petit restaurant, en face du parc. Un Tacos.

        « Tu me prends par les sentiments là, plaisanté-je. Ça fait tellement longtemps que j'en ai pas mangé...

- Eh bien on va y remédier vite fait ! »

      Je l'attends dehors, en fumant une clope, pendant qu'il va commander. Il ressort avec un grand sac plein à ras bord.

     « T'as pris à manger pour tout Los Angeles ou quoi ?

- J'ai un grand estomac, rétorque-t-il. »

       En effet, en ouvrant le sac, je vois plusieurs tacos, des quesadillas, des taquitas, des parts de tourte aux pommes et un pack de bières.

      Nous nous dirigeons vers la plage pour manger, et nous asseyons sur la jetée, la fameuse Santa Monica Pier. La mer est magnifique, les vagues sont légères et leur son me détend. La température est encore tiède malgré l'heure tardive, et le ciel est d'un bleu marine profond. Il y a peu de gens autour de nous, et nous entendons au loin une faible musique venant du Pacific Park. Je lâche un « putain » de bonheur. Jack me regarde avec incompréhension, je lui réponds que c'est du français, qu'il ne peut pas comprendre.

        « Tu sais, Jon m'a appris quelques trucs en français.

- Ah oui ? Fais-je, avec une pointe de désintérêt.

- Ouais, je peux dire ''j'aime aller à le cinéma avec les amis''. »

      Je lâche un rire, c'était incompréhensible, pire que du yaourt. Jon n'a pas fait du bon boulot, apparement.

      « Tu pourrais au moins me féliciter pour l'effort...

- Mon pauvre, je suis sûre que tu ne sais même pas ce que tu viens de dire. »

      Un blanc s'installe dans la conversation.

      « Pourquoi tu es si froide avec les gens ? Me demande Jack subitement.

- Parce que j'ai horreur des small talks, ça me tape sur le système, je préfère ne pas parler si c'est pour dire des choses futiles ou inutiles.

- D'accord. J'ai une idée. »

      Il se lève, et commence à partir, sans son skate, je le regarde faire. Une vingtaine de secondes après, il revient.

     « Salut, moi c'est Jack Avery. On fait connaissance ?

- Bonsoir, Jack Avery. »

       Il s'assoit à côté de moi, et me tend sa main.

      « Donc je m'appelle Jack, j'ai dix-neuf ans, je vis à Los Angeles depuis un an et demi. Je suis né en Pennsylvanie, le premier juillet 1999, en Californie, mais ma famille à déménagé à Susquehanna quand j'étais très jeune. Mes parents ont divorcé quand j'étais petit. J'ai toujours été très proche de ma mère, elle m'a toujours soutenu et protégé. Depuis un bout de temps elle a des problèmes d'argent, c'est pour cette raison que j'ai quitté la maison et pris mon indépendance, ici, à LA, pour qu'elle ait une bouche de moins à nourrir, un poids en moins.. J'ai trois sœurs, et elles sont toutes ma vie. D'ailleurs, ce tatouage, dit-il en pointant une rose sur son poignet, représente ma petite sœur Isla, Rose est son deuxième prénom. Je n'ai pas toujours eu confiance en moi. Quand j'étais plus petit, j'étais vraiment complexé de par mon physique. Je suis petit et j'étais un peu en surpoids, et je portais des lunettes. J'ai été harcelé au collège à cause de ça, et je l'ai vraiment mal vécu. Je n'allais jamais en cours, je préférais travailler dans ma chambre, seul. Au lycée j'ai fait une dépression grave, je me trouvais minable, et j'étais prêt à m'ôter la vie. Je ne voulais plus rien faire. Encore maintenant, j'ai des jours avec, et des jours sans, des jours où je vais très bien, et d'autres où je ne vois pas la peine de vivre. Mais mentalement je vais bien mieux qu'avant. Ma petite-amie de l'époque m'avait trompé avec celui qui m'insultait et m'agressait tous les jours au lycée, et ça m'a encore plus anéanti. J'ai commencé à boire, fumer, prendre de la drogue. Mais j'ai compris que cela ne servait à rien, que ça n'allait rien changer. Je me suis réfugié dans la musique, ça m'apaise énormément et m'aide à expulser ces choses qu'il ne faut pas garder pour soi-même. Le skate aussi. j'aime beaucoup rouler, ça me donne l'impression d'échapper pendant un court instant à tous mes problèmes, comme si je m'évadais dans un autre monde. Ce sont les raisons principales pour lesquelles je me cache en quelque sorte derrière un personnage,  j'ai été blessé, donc je ne fais plus confiance.

I DEPEND ON YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant