13- USUALLY I DON'T GIVE IN SO QUICK

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     Ce matin, je me réveille avec un mal de crâne à me jeter par dessus le balcon. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu une si grosse gueule de bois, et ça ne m'avait pas manqué. Je me décide à me lever, histoire de prendre un verre d'eau. En sortant de ma chambre, je croise Sydney, la sœur de Jack, en sous-vêtements, dans mon salon. C'est pas possible... Je l'ignore et bois de l'eau en attendant que mon café soit prêt. Comme tous les matins, je vais le boire sur le balcon en fumant une clope, et Sydney me rejoint. Elle ne parle pas, mis à part un "bonjour" poli. Elle aussi à l'air assez amochée, elle a du boire beaucoup plus que moi, et de ce que j'ai entendu, elle n'a pas tant dormi. Une fois fini, je rentre, et elle fait de même. Elle rassemble ses affaires et part, comme une voleuse. Elle me souhaite une bonne journée et ferme la porte.

     Deux ou trois heures plus tard, j'entends du mouvement dans une chambre, c'est Këlig qui se réveille enfin. Elle sort, une main sur son front, l'autre sur son ventre. D'après son air confus, elle ne doit pas se rappeler grand chose de la soirée et de la nuit dernière.

     « Pas trop mal dormi? Me fait-elle.

- Si on peut appeler ça dormir.... »

      Elle me regarde d'un air gêné, et comprend au ton révélateur de ma voix que ses ébats nocturnes n'étaient pas très discrets. Elle me couvre d'excuses, en riant. Je l'ignore, ce n'est pas drôle et je n'ai pas envie de lui parler.

-

     Il est déjà quatorze heures, et je n'ai vraiment pas le courage d'aller en cours. J'aurai pu, mais mon mal de tête persiste, et la voix des professeurs résonnant dans l'immense amphithéâtre n'arrangerait en rien la situation. Je décide donc de retourner me coucher, histoire de voir si ça va passer. De toute façon, je n'ai rien d'autre à faire.

     Au même moment, Glenn entre dans le salon, comme s'il était pressé, et se hâte pour mettre ses chaussures.

     « Bah, qu'est-ce que tu fais ?

- Je vais aider les gars à ranger l'appart, on a vraiment foutu le bordel hier soir.

- Vous voulez de l'aide ? Dis-je, avec l'espoir qu'il me réponde négativement.

- Non t'inquiète pas ma belle, va te reposer, t'as l'air d'en avoir besoin. »

     Je lui lance un sourire, et vais en effet me coucher.

-

      Je me réveille vers vingt-et-une heures, un peu perdue car le soleil se couche et le ciel s'assombrit. Je sors de ma chambre, un peu titubante, et aperçoit mes colocataires à table. Je vais m'asseoir avec eux.

     « Hey poulette, bien dormi cette fois-ci ? »

      Je lance un regard énervé à ma colocataire. C'est comme si elle faisait exprès.

      J'attrape un fruit, un café et un paquet de gâteaux, et décide d'aller les manger dans ma chambre. Quelques minutes plus tard, Glenn me rejoint. Il ouvre la porte et s'appuie contre cette dernière, un sourire malicieux au visage.

      « Lua, pourquoi tu agis comme ça avec Këlig ?

- Comment ça, j'agis comment ?

- Tu es super sèche, tu ne lui parles presque pas, comme si tu lui en voulais pour quelque chose. »

     Pourquoi je lui en voudrais pour quoi que ce soit ? Elle ne m'a rien fait, je m'en fous totalement de ce qu'elle fait de sa vie, ça ne me concerne aucunement. Glenn laisse tomber et sort de ma chambre. Je pensais pouvoir finir de manger tranquillement, mais c'est maintenant au tour de Këlig de rentrer dans ma chambre.

     « Luanna ? »

Je lève les yeux sans répondre.

     « Tu m'en veux ? »

Je roule les yeux, et me reconcentre sur mon ordinateur.

      « Si tu as un problème poulette, dis-le au lieu de m'ignorer comme ça. »

Je soupire bruyamment, ferme mon ordinateur, et croise les bras.

      « Je m'en fous de ce que tu peux faire dans ta vie, vraiment, mais là tu dépasses un peu les bornes Këlig. Toute la fratrie en une soirée, tu trouves pas que c'est un peu trop ? Tu veux pas que j'aille chercher les parents et les grands-parents aussi, tant que tu y es ? Je ne juge pas ta vie intime habituellement, désolée mais là tu es allée un peu loin.

- Je... Oui, comme tu l'as dit, c'est ma vie sexuelle, pas la tienne. Tu n'as pas à donner ton avis, je fais ce que je veux, je n'ai pas besoin de ton approbation. Là c'est toi qui est juste méchante, je ne t'ai rien fait de mal. À moins que... Elle marque une pause. Luanna ? Ça te gêne que j'ai couché avec Jack ? »

      Je m'étouffe avec ma pomme.

      « Tu as couché avec Jack ? Non mais là c'est le pompon.

- C'est bien ce que je pensais ! Tu es jalouse ! Tu es jalouse que j'ai couché avec lui ! »

     C'en est trop, elle me tape sur le système. Je me lève en trombe de mon lit et ouvre la porte pour qu'elle sorte. Elle ne le fait pas, je la force donc en lui poussant l'épaule, et referme la porte en la claquant.

      Moi, jalouse d'elle parce qu'elle a couché avec Jack, on aura tout vu.

-

     Deux semaines ont passé, et demain commencent les partiels. Je suis plutôt confiante, j'ai bien révisé et rattrapé mon retard, je connais mes cours sur le bout des doigts. Glenn, quant à lui, est relativement stressé. Il a du mal à exploiter sa mémoire, et par conséquent a du mal à retenir ses cours. J'entre dans sa chambre, et le voit assis en tailleur sur le sol, se battant entre des dizaines de feuilles.

      « Hey, tu t'en sors ?

- Non, me dit-il en prenant sa tête dans ses mains, je n'en peux plus. Je vais tout faire foirer, je ne m'en sors pas. Ça ne veut pas rentrer dans ma tête, je ne comprends pas pourquoi. J'ai beau lire, relire, essayer d'apprendre, j'y arrive pas. Je ne pourrai jamais avoir mon année, c'est juste impossible. »

      Il parle rapidement en faisant des grands gestes avec ses bras, son regard est comme hystérique.

      « Glenn, calme-toi. Respire. Ce n'est que quelques partiels, c'est pas grave si tu ne réussis pas. Tu as trois autres sessions d'examens dans l'année, si tu loupes ceux-ci, tu pourras te rattraper. Ça ne va pas déterminer ton année tu sais, tu as le droit à l'erreur... »

      Il me regarde, des larmes aux yeux. Sa respiration se fait plus régulière, mais je vois que quelque chose d'autre le tracasse.

      « Ça ne va pas Glenn ?

- Si si...

- Ne me dis pas ça, je vois bien qu'il y a quelque chose d'autre. »

      Je m'assois sur son lit avec lui, et il prend une grande bouffée d'air.

      « C'est que... Je me suis beaucoup rapproché de quelqu'un, on a énormément parlé, et cette personne m'a... Il hésite.

- Cette personne t'a... ?

- ...m'a embrassé. Cette personne... Elle me perturbe, d'habitude je ne succombe pas si vite, mais là, je ne sais pas ce qui se passe. C'est vraiment très intense, et j'ai du mal à résister.

- Tu m'intrigues là Glenn, tu en parles comme si c'était grave. Je la connais cette personne ?

- Oui...

- Ben allez, dis-moi ! Tu sais que tu peux tout me dire...

- C'est... c'est Daniel. »

I DEPEND ON YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant