I DEPEND ON YOU

18- I CAN READ YOUR MIND

     Le lendemain matin, je me réveille, éblouie par le soleil transperçant la fenêtre. C'est une belle journée qui s'annonce.

     Je tourne la tête, et vois mon voisin enroulé dans ma couette, seul son visage dépasse. Il a une bouille d'ange, et ses cheveux sont en pétard.

     « Tu m'observes dans mon sommeil, Perret ? J'esquisse un sourire. C'est flippant.

- Tu m'appelles par mon nom de famille maintenant ?

- C'est toi qui a commencé. »

     Je hoche la tête, il n'a pas tort.

     « Debout là-dedans, fais-je en secouant le lit.

- Mmmh, encore cinq minutes. »

     Il enfouit sa tête dans l'oreiller, on dirait un gamin qui ne veut pas se lever pour aller à l'école.

     « Allez bouge Avery, il faut que je fasse mon lit.

- Laisse-moi dormir un peu plus... Je te le ferai ton lit. »

     J'arrête de tirer sur la couette et lâche l'affaire. Ce n'est pas la peine, il ne se lèvera pas.

     Je vais préparer le café, me roule une cigarette, et sort Lulu de son vivarium. Je ne lui ai pas assez donné d'attention en ce moment, je m'en veux. Je le pose sur mon épaule, attrape ma tasse de café, et sors sur le balcon.

     Même après quelques mois dans cette ville, je suis toujours émerveillée par celle-ci, ses grands immeubles et ses températures toujours si tièdes, même en plein hiver. L'odeur de l'océan est toujours dans l'air, et je n'ai absolument pas l'impression de vivre dans une ville de plus de quatre millions d'habitants.

     Un petit moment passe, Jack s'est enfin extirpé de mon lit et me rejoint sur le balcon, avec également un café et une cigarette.

     « Hey, ça fait un moment que je ne t'ai pas vu toi! Dit-il en s'adressant à Lulu. Je peux le prendre ? »

     J'acquiesce, et tend mon bras. Ce dernier s'empresse de ramper sur celui de Jack. J'en profite pour nettoyer son vivarium et lui mettre à manger et de l'eau propre. De l'intérieur de l'appartement, j'observe Jack, un sourire aux lèvres, immobile, pour ne pas effrayer mon agame. Il est la première personne à pouvoir l'approcher, et même le porter, sans qu'il n'ait peur. Comme quoi, nous ne sommes pas si différents, Jack et moi.

     Avec toutes ces aventures, il m'était totalement sorti de l'esprit que ce soir était le réveillon de Noël. Je jette un coup d'oeil vers Jack, lui et ses sœurs vont sûrement rejoindre leur famille en Pennsylvanie. Les voisins rentrent également chez leurs parents, je serai donc seule ce soir. Tant mieux, depuis le temps que je n'ai pas fêté Noël, je ne me sens pas capable d'être joyeuse pour ce genre de rassemblement.

     « Tu as prévu quoi pour ce soir? Me demande Jack.

- Rien du tout.

- Comment ça ? Tu ne vas quand même pas rester seule ici le soir de Noël ?

- Ça fait sept ans que c'est le cas, Jack. »

     Il soupire, secoue la tête, et attrape son téléphone. Il s'y concentre pendant plusieurs minutes, et je le regarde intriguée. Mon téléphone me distrait dans mes réflexions, et je le sors de ma poche.

     « Jack, je suis à cinquante centimètres de toi, tu peux me parler de vive voix tu sais. »

     Il me lance un sourire malicieux, et je baisse les yeux sur mon écran. J'ouvre la pièce jointe qu'il m'a envoyé par message, ce qui me laisse dubitative.