Chapitre 1

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« - Toru, j'ai dit non.

- Mais Crow ! Il nous en faut une ! Elle est en promotion en plus !

- Y'a pas de « mais » qui tienne !

- Tu viendras pas pleurer si jamais on en a besoin... Marmonna-t-il dans sa barbe inexistante.

- Pour la dernière fois, on n'a pas besoin d'une armoire blindée dans le placard pour ranger nos armes! ».


Je posai brutalement le carton que je tenais à la main sur le plan de travail, excédée. Puis je me tournai et, posant mes mains sur mes hanches, fixai le blond en fronçant les sourcils. Ce dernier était adossé contre le canapé situé en plein milieu du salon, le nez plongé dans un catalogue. Il releva la tête en m'entendant poser le carton et me lança un regard courroucé. Il ferma d'un coup sec le catalogue et croisa ses bras sur son torse, boudeur. Je le regardais faire, mi-amusée, mi-exaspérée. Si je l'écoutais, l'appartement entier serait bientôt transformé en véritable bunker ! Secouant la tête, je me dirigeai vers l'entrée et lui dis en passant :


« - D'ailleurs, il va falloir qu'on s'en débarrasse ! De nos armes. Précisai-je devant son regard interrogateur.

- Quoi ?! » S'étrangla-t-il, les yeux écarquillés.


Je retins un rire en voyant sa tête médusée et j'ouvris la porte d'entrée. Je commençai à descendre les escaliers et je l'entendis me talonner.


« - Alors ça, jamais ! Moi vivant, je ne me débarrasserai pas de mes flingues ! S'exclama-t-il avec force.

- On n'est plus en Amérique, Toru ! Tu ne peux pas garder des armes sans autorisation. Répondis-je en levant les yeux au ciel.

- Qu'ils essayent de me les retirer... Ils s'en souviendront pendant un bon bout de temps, crois-moi... » Lança-t-il, menaçant.


Je sortis dans la rue, l'air froid de ce mois de février fouettant mon visage. Je me dirigeai vers le camion de déménagement qui était garé sur le trottoir et, remerciant le conducteur, pris le dernier carton restant. Toru, passant à côté de moi, referma l'arrière du camion tout en continuant sur sa lancée.


« Après tout ce qui s'est passé, je ne sais pas quel autre enfoiré pourrait encore nous tomber dessus. Tu ne me forceras pas à jeter mes bébés ! »


Le camion démarra et s'éloigna. Tournant la tête vers Toru pour répliquer, mes mots se perdirent dans ma gorge. La lumière irisée de cette fin de matinée d'hiver l'éclairait dans toute sa splendeur. Ses cheveux blonds, d'une pâleur lunaire et maintenant plus longs, retombaient en mèches fines sur ses yeux noirs. Ces derniers, brillant d'une passion non contenue pour ses « bébés », ressortaient sur son visage fin. Son sourcil droit, désormais coupé en deux par la cicatrice qui restait de sa blessure à l'arcade, s'arqua. Ses lèvres parfaitement dessinées s'entrouvrirent et je me retins de lui sauter dessus. Seigneur, qu'il était beau... Il remarqua mon regard appuyé et un sourire en coin apparut sur son visage. Il se pencha et se retrouva au niveau de mes yeux. Il se rapprocha jusqu'à ce que je sente son parfum et ancra ses prunelles onyx dans les miennes. J'entrouvris les lèvres à mon tour, prête à l'embrasser. Mais un sourire victorieux fleurit alors sur les siennes et il lâcha :


« Ça, ça veut dire que je peux les garder ! »


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