Chapitre 6

22 2 0
                                    


Quelque chose cogna contre la porte du bureau avec un bruit sourd, la faisant vibrer dangereusement. Un grognement se fit entendre, suivi d'un « Dégage, toi ! » étouffé. Puis la porte s'ouvrit en grand avec fracas, laissant apparaître Toru dans un nuage de fumée blanche, son Uzi à la main et un masque à gaz sur le nez, qu'il enleva d'un geste rageur. Une vague de soulagement m'emplit en un seul instant et je me retins de sourire, l'arme posée sur mon front m'en dissuadant légèrement. M'apercevant avec ladite arme plaquée contre le crâne, sa lèvre supérieure se retroussa et il braqua son Uzi en direction d'Hiroki.


« - Tu m'as appelé, ma belle ? Demanda-t-il, visiblement tendu.

- Ouaip. » Répondis-je, les dents serrées, sans quitter mon blaireau de frère des yeux.


Ce dernier nous regarda tour à tour, un air mauvais sur le visage. Se décidant finalement à bouger, il m'attrapa par les cheveux et plaqua mon dos contre son torse sans me faire descendre du bureau, plaçant son flingue contre ma tempe. Toru faillit tirer mais se ravisa à la dernière seconde, comprenant que ce fumier faisait de moi son bouclier. Ses muscles se contractèrent entièrement et je vis la colère envahir ses traits.


« - Lâche-la immédiatement, connard, ou je te transforme en passoire. Gronda-t-il.

- Baisse ton flingue, espèce d'enfoiré, ou je la descends. Répondit le yakuza du tac au tac.

- Tu vas amèrement le regretter, bâtard. Promit l'ancien assassin, se crispant de nouveau sur la détente en le foudroyant du regard.

- Toru, j'avais dit quoi à propos des grenades ? Lâchai-je alors posément, comme si la situation était parfaitement normale.

- Tu-... Attends, quoi ? »


Le déconcertement prit d'abord place sur son visage tandis qu'il reportait ses yeux sur moi. Sachant que mon frère ne voyait pas le mien, je lui fis un clin d'œil en souriant légèrement. Un éclair de compréhension apparut alors dans son regard et, se mettant à sourire lui aussi, il hocha la tête imperceptiblement. Il savait que je cherchais à gagner du temps. Chose à laquelle j'excellais particulièrement, comme nous avions pu le découvrir dans nos précédentes altercations... Je sentis mon frère se tendre en voyant le blond sourire et la prise dans mes cheveux se resserra. La morsure froide du canon s'amplifia contre ma peau et je compris rapidement que ça allait être quitte ou double. Soit il perdait le contrôle de la situation et la chance tournait pour nous. Soit il me tirait une balle dans le crâne sans sommation et c'en était fini de moi.... Mais bon, comme on dit, qui ne tente rien n'a rien. Que le spectacle commence...


« - Je t'avais dit de ne pas emporter de grenades ! Enchaînai-je d'un ton réprobateur.

- Mais punaise, Crow, c'est pas des grenades, c'est des fumigènes ! Répondit-il en levant les yeux au ciel. Tu m'expliques comment tu as tenu sept ans dans une agence d'assassins sans faire la différence ? Rajouta-t-il d'un air goguenard, entrant dans mon jeu.

- Je m'en fous comme de mes premières cartouches ! En plus, tu ferais mieux de ne pas trop la ramener, tu as cinq minutes de retard ! Ah, elle est ponctuelle La Mort, tiens ! Lançai-je en ricanant.

- Je suis désolé, mais les enfants ont été un peu récalcitrants dans la cour. S'excusa-t-il avec une grimace et un haussement d'épaule.

- Tu aurais dû anticiper. Répliquai-je d'un air boudeur, croisant les bras sur ma poitrine en tentant de faire abstraction de la douleur qui poignait à l'arrière de mon crâne.

HeritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant